Chapitre 8 : L'apprentie druidesse

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-Tiens, essaie-ça, déclarai-je en tendant une chemise à manche courte à travers le rideau de la cabine d'essayage.

A l'intérieur, Cernunnos bougonna.

-J'en ai marre, Gwen ! Je veux rentrer.

-Arrête de te plaindre ! Tu n'as pas de vêtements et ceux de mon grand-père sont vraiment moches. En plus, on est obligés de découper les cols, à cause de tes bois ! Au moins, avec des chemises, on n'a pas ce problème.

-Mais ça gratte !

Je levai les yeux au ciel. Cela faisait maintenant deux semaines que nous avions libéré Cernunnos du médaillon. Il était déjà parfaitement bilingue, et j'en étais presque jalouse. C'était la première sortie que je faisais avec lui. Pendant les premières semaines, ma grand-mère et moi lui avions strictement interdit de quitter la maison. Il s'était beaucoup plaint, mais nous étions restées inflexibles. Il était hors de question qu'il s'expose au public. Pas avec les bois de cerf qui sortaient de sa tête. Vous imaginez le souk ? Bref, au final, il s'avère que les humains « normaux » (pas les gens comme moi, quoi), ne peuvent pas les voir. On l'a découvert quand une amie de ma grand-mère est passée à l'improviste, et qu'elle s'est retrouvée face à face avec lui. J'ai cru que j'allais avoir une crise cardiaque ! Et après, j'ai fait une boulette. Je me suis approchée de Cernunnos et l'ai attrapé par le bras pour l'écarter d'Yvette. Et là, il a du se passer plus ou moins la même chose qu'avec le médaillon. Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais ma grand-mère ne pouvait pas le voir tant que je ne le touchais pas. C'est pareil pour les bois de Cernunnos. Alors, quand je l'ai touché, Yvette a louché sur le sommet de sa tête. Et puis elle est tombée dans les pommes. La galère ! Heureusement, ma grand-mère avait de la poussière d'oubli en réserve. Elle en a utilisé sur son amie, et le tour était joué.

Le rideau s'écarta brutalement, découvrant un Cernunnos un peu penaud et terriblement craquant. Depuis qu'il s'était aperçu, en regardant des séries américaines, que la mode était plutôt aux cheveux courts, il avait coupé les siens, ce qui le rendait encore plus séduisant. Le soleil qui inondait le magasin se reflétait sur les runes d'or gravées dans sa ramure, qui étincelait.

-J'aime pas, grogna-t-il en tira sur la chemise bleue et blanche. Je veux rentrer. Ça fait deux heures qu'on fait les magasins, j'en ai marre.

Je détachai mes yeux de son visage en me retournant.

-Ça va, j'ai compris ! Change-toi et on passe en caisse.

Sans le voir, je savais qu'il souriait. Quand il fut sorti de la cabine, je payai les quelques vêtements qu'il avait choisi à contrecœur et nous rejoignîmes le bus qui allait nous ramener chez ma grand-mère. Comme à l'allée, Cernunnos hésita à monter dans le véhicule. Il n'y avait presque personne et nous pûmes nous asseoir au fond du bus.

-Je n'aime pas cette boite roulante, grogna le dieu en plissant le nez. Je me sens oppressé.

-Je sais, répondis-je, compatissante. Mais ne t'en fais pas, tu t'habitueras.

Il haussa les épaules et regarda par la fenêtre. Après une petite demi-heure de trajet, nous descendîmes et longeâmes la route qui menait à la maison. Quand nous franchîmes le portail, les chiens ne sautèrent pas. Ils se contentèrent de s'approcher de nous, la tête basse. Cernunnos s'arrêta devant eux et hocha doucement la tête, puis les chiens firent demi-tour. J'écarquillai les yeux, stupéfaite.

-C'était quoi, ça ? demandai-je, interloquée.

Cernunnos me regarda sans comprendre.

-Ce qui vient de se passer ! m'exclamai-je. Le comportement des chiens était super bizarre ! Ils n'ont jamais fait ça !

Celte Tome 1 : Cernunnos (ancienne version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant