Celte Tome 1 : Cernunnos (ancienne version)

chapitre 12 : Les sirènes

-Euh, t'es sûre de toi, Ninon ?

Elle me lança un regard contrarié.

-Non, mais on n'a pas vraiment le choix, tu vois.

-Mais tu n'as même pas ton permis maritime.

-ça va, le me suis déjà entrainée sur le bateau de mon père. Allez, grimpe.

Je soupirai mais m'exécuta, aidée de Cernunnos, qui me retenait pour que je ne tombe pas à l'eau. Une fois sur notre embarcation, je m'installai sur une sorte de banquette en bois. Ninon était déjà installée à la barre, et quand Cernunnos me rejoignis, elle démarra le bateau à moteur. Que nous venions de voler. Eh oui, à partir de maintenant, nous étions des délinquants. Super.

Je ramenai mes jambes contre ma poitrine pour me réchauffer. Il faisait nuit noire, et nous avions les étoiles pour seules guides. Nous sortîmes du port sans encombre, et bientôt, l'immensité de l'océan s'étendit face à nous, illuminé par le reflet des astres nocturnes. En d'autres circonstances, j'aurais adoré faire du bateau en pleine nuit. Mais là, j'aurais préféré éviter.

L'annonce de la Grande Naïade avait été ponctuée d'un débat entre ma grand-mère et moi. Elle avait proposé d'envoyer un groupe de créatures magiques pour aller chercher la perle, mais je m'y étais opposée. Je voulais la trouver. L'enjeu était trop important pour que je laisse un autre s'en charger. Elle avait beaucoup ciré, elle qui n'élevait jamais la voix. Mais ma détermination avait été plus forte que tout. Au départ, je comptais y aller seule, mais c'était sans compter sur Cernunnos, qui s'y était strictement imposé, et Ninon, qui ne comptait pas non plus être écartée de notre expédition. Ma grand-mère avait aussi voulu être de la partie, mais Cernunnos lui avait fait comprendre qu'elle serait plus un poids pour nous. Ça c'était avant que la Grande Naïade nous annonce que la perle, non seulement était cachée en haut d'un phare perdu au milieu de l'océan et constamment balayé par des vagues d'une violence inouïe, mais aussi qu'elle était gardée par des créatures hostiles qui avaient pour mission d'attaquer toute créatures magique. Génial. J'avoue que cela m'avait un peu refroidie, et que ça avait fait crier davantage Mamie, mais je ne pouvais pas laisser tomber. Abandonner aurait signifié sacrifier Nico, et ça, c'était absolument hors de question.

Après ça, nous étions directement partis, empruntant la décapotable de ma grand-mère. Elle l'avait modifié avec sa magie pour une Cernunnos puisse y entrer sans être coincé par ses bois. Nino avait conduit le reste de la journée, sans faiblir. Moi, j'avais dormi pendant presque tout le trajet, fatiguée de cette journée atroce qui n'en finissait pas. Et qui n'était pas prête de finir. Nous étions arrivés en pleine nuit dans un port minuscule éclairé par un lampadaire clignotant. La plupart des rafiots qui y étaient amarrés n'auraient jamais tenu pour affronter les flots enragés de l'océan Atlantique d'autant plus qu'une tempête était censée éclater dans la nuit. On avait vraiment bien choisi notre jour. Heureusement, le port n'était pas gardé et personne ne nous avait remarqués. J'espérai rentrer avant que le propriétaire de la vedette ne s'aperçoive de sa disparition, mais ce n'était pas gagné d'avance.

-Vire à tribord, Ninon, ordonna Cernunnos, qui scrutait l'horizon. On est en train de s'éloigner.

Elle obéit docilement et fit glisser la barre entre ses doigts.

-Tu arrives à te repérer ici ? demanda-t-elle, intriguée.

Il hocha la tête.

-Oui. La déesse des océans était une bonne amie à moi, et elle m'a appris à me diriger au milieu de son royaume. Avant que Merlin ne l'assassine. Je dois dire que je lui dois une fière chandelle.

Il s'arrêta un instant.

-Le problème, c'est que je suis loin d'avoir son autorité sur ses sujets, sur le peuple de son royaume.