Celte Tome 1 : Cernunnos (ancienne version)

Chapitre 19 : Complots et trahison

Difficilement, je battis des paupières. Un oreiller parfumé soutenait ma tête douloureuse et mon corps était couvert par une couverture épaisse. Je me sentais bizarrement bien, malgré la douleur que je ressentais. J'étais comme reposée, délivrée d'un poids. Je ne savais pas pourquoi je ressentais cela dans un moment comme celui-ci, alors que je me réveillais d'un rêve éprouvant, mais je dois avouer que c'était plutôt agréable. Je me redressai sur un coude et observai mon environnement. J'étais installée dans une petite pièce circulaire inondée de lumière. Face à moi, une petite coiffeuse était surchargée de bibelots de verre et de parchemins froissés, et juste contre le lit, Ninon était assoupie dans un immense fauteuil brun. Je ne sais pas combien de temps j'avais dormi exactement, mais cela avait dû être long, à en juger par le soleil qui déclinait derrière les arbres de la forêt. Un vent frais engouffra dans l'espèce de tente et souleva quelques cheveux. Une ombre se dessina dans l'encadrement de la porte et resta là un instant sans bouger. Je ne pouvais pas distinguer qui s'était, puisqu'il était en contre-jour mais je devinai à ses épaules imposantes et ses muscles saillants qu'il s'agissait d'un homme.

-Vous nous avez fait une peur bleue, jeune druidesse, dit-il en s'avançant d'un pas.

Les yeux rouges brillèrent de malice. Gwydion. Je m'assis dans le lit, faisant grincer le sommier. Ninon grommela dans son sommeil et se retourna sur le siège. Bizarrement, elle ne se réveilla pas, elle qui avait habituellement un sommeil si léger. Je fronçai les sourcils, intriguée.

-Votre amie n'a pas besoin de savoir que je suis ici, déclara le dieu en s'avançant un peu plus.

D'un geste de la main, il fit apparaître un petit tabouret de bois.

-J'ai senti la magie de Briso en vous. L'avez-vous rencontrée, durant votre sommeil ?

Je pinçai légèrement les lèvres, indécise. Je ne savais pas si ma rencontre avec la déesse des songes devait rester un secret pour lui ou non. Si Ninon avait été seule, évidement que je me serais empressée de lui en parler mais là, c'était différent.

-Cela ne vous regarde pas, indiquai-je simplement. Au fait, comment s'est passée la danse des fées ? Je vois bien que vous êtes toujours en vie mais peut être que la cérémonie a été annulée à cause de moi.

Il eut un sourire à tomber par terre. Du mieux que je pus, je me retins de rougir. Mais pourquoi tous les dieux étaient-ils aussi beau ?

-Oh non, jeune druidesse. Les fées ne s'interrompent pas pour si peu.

Je plissai le nez. Je m'étais évanouie quand même, ce n'était pas rien ! Il avait croisé ses jambes musclées et ses mains étaient élégamment posées sur ses genoux.

-Revenons-en à ma chère Briso. Que vous voulait-elle ?

Mon regard se durcit.

-Pourquoi est-ce que cela vous intéresse tant ? Quel secret noir la déesse des rêves connait-elle à votre sujet ?

Pendant une fraction de seconde, je crus le voir ciller, mais ce fut si rapide que je doute que cela se soit produit. Peut-être mon imagination voulait-elle me montrer que je pouvais déstabiliser un dieu. Il se targua cependant d'un sourire angélique et décroisa les jambes, avançant le haut de son corps vers moi.

-Vous n'y êtes pas du tout, mon amie. Mais je comprends que vous doutiez de moi. Aussi vais-je vous laisser.

Et sans rien dire de plus, il se leva et quitta la pièce en coup de vent. Dès qu'il fut sorti, Ninon se réveilla en grommelant. Quand elle m'aperçut, assise dans le lit, un éclat de bonheur et de soulagement se peignit sur son visage.