Chapitre 1

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J'attends nonchalamment sur le quai de la gare, assis sur un banc, les jambes tendues et les mains dans les poches, complètement affalé. J'ai enfilé le premier tee-shirt que j'ai trouvé et revêtu mon éternel jean élimé. Je n'ai pas pris la peine de me coiffer et mes cheveux longs me tombent devant les yeux, à cause du mauvais pli qu'ils ont pris cette nuit lorsque je me suis couché la tête encore mouillée après la douche. Je suis mal réveillé et j'ai l'impression que mes yeux ne sont pas encore tout à fait en face des trous. Il n'y a que Clotaire pour prendre un train aussi matinal pour rentrer de vacances ! Mon meilleur ami m'a promis une surprise pour son retour de Londres, et je ne manquerais cela pour rien au monde. Le connaissant, il a encore dû passer des vacances incroyables. Je regrette de ne pas avoir pu économiser suffisamment pour que nous partagions ce périple. Mais mes maigres économies d'étudiant ne peuvent pas rivaliser avec son budget d'enfant gâté. Il ne me tarde qu'une chose, qu'il arrive, et qu'on puisse regagner rapidement notre colocation pour me glisser à nouveau sous les draps.

Je suis exaucé une dizaine de minutes plus tard lorsque son train est enfin annoncé. Et dès que la porte s'ouvre et qu'il descend les deux marches avec son sac de baroudeur sur l'épaule, je me lève et m'étire bruyamment. Je devine à son visage qu'il m'a vu, mais il s'arrête en mettant pied à terre, fait demi tour sur lui-même et attrape une grosse valise surmontée d'une trousse de toilette assorties. Il tend ensuite la main en direction du wagon et je découvre ce que je suppose être sa surprise. Une jeune fille aux cheveux longs soigneusement attachés descend, et tous deux se dirigent vers moi main dans la main. Je ne peux m'empêcher de la détailler des pieds à la tête. Sa taille moyenne et sa silhouette frêle lui donnent un air fragile. Sa peau diaphane est parsemée de grains de beauté et ses yeux noirs renvoient un mystère insondable. Elle est vêtue d'une robe à bretelles légère parfaitement adaptée à la saison et sa bouche sourit amoureusement à Clotaire.

Dès qu'ils arrivent à ma hauteur, ce dernier pose la valise et met son propre sac à terre en me prenant dans ses bras chaleureusement.

— Putain Hélio merci d'être venu ! Comment tu vas mon pote ?

Il s'écarte et avant que je n'aie eu le temps de répondre, il ajoute :

— Je te présente Calixte.

Et, s'adressant à cette dernière, il poursuit :

— Calixte, je te présente Héliodore.

Nous nous faisons la bise et je prends enfin le temps de lui répondre.

— Enchanté. Je vais bien et j'ai l'impression que vous allez bien vous aussi, je me trompe ?

Clotaire répond pour eux deux, si bien que j'en viens à me demander si sa conquête parle notre langue.

— Non, non, tu te trompes pas ! Voilà ma surprise ! Elle va s'installer avec nous à la coloc. Enfin, quand je dis avec nous, je parle pas de la troisième chambre libre hein, je parle de ma chambre !

Il plonge les yeux dans les siens et ils s'embrassent rapidement sous mon nez. Légèrement mal à l'aise, j'articule exagérément à l'intention de Calixte :

— Tu... es... dé-jà... ve-nue... en... Fran-ce... ?

Elle éclate de rire et me répond sur le même ton.

— Oui... je... suis... fran-çai-se ! Inutile de parler fort, je ne suis pas sourde !

— Désolé, je ne sais pas pourquoi, j'ai cru que tu étais anglaise.

— Non, j'étais juste à Londres pour un séjour linguistique.

Clotaire nous coupe la parole.

CalixteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant