Chapitre 23

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Les kilomètres avalés dans la journée ont rapidement raison de nous, et je ne suis pas mécontent lorsque Calixte annonce à sa famille que nous allons nous coucher. Il est à peine vingt-deux heures mais le trajet m'a paru interminable et je suis heureux de me retrouver enfin seul avec elle. Je suis totalement sous son charme, et mon pull porte encore son odeur, que j'ai une envie folle de retrouver au plus vite.

Lorsque nous entrons dans sa chambre, je suis surpris par l'atmosphère : des tons gris et bleus, plutôt froids et qui ne cadrent pas vraiment avec Calixte. Elle tire le rideau de la porte fenêtre qui donne sur un petit balcon, à peine éclairé par la pleine lune, puis se laisse tomber sur son lit. Ne sachant où me placer, je m'approche d'elle et lui fais des chatouilles sous les pieds pour manifester ma présence, car elle a immédiatement fermé les yeux et je ne veux pas qu'elle s'endorme ainsi.

— Contente d'être chez toi ?

Elle se redresse sur les coudes et tapote la place libre à côté d'elle, m'invitant à la rejoindre.

— Oui, mes parents me manquent.

— Tu pourrais rentrer plus souvent. Ça me gênerait pas de t'accompagner si tu veux que ton mensonge soit crédible !

Je m'assois à la place qu'elle m'a indiquée et la pousse légèrement avec un grand sourire.

— Petit malin... C'est pas à côté, ça prend du temps de venir ici. Et de l'argent...

— Il nous suffit de trouver un appart dont le loyer sera moins cher que celui qu'on a actuellement. Ça devrait pas être trop dur, puisqu'on n'aura pas besoin d'autant de chambres. Et même... si tu veux faire encore plus d'économies, il nous suffirait de partager la même chambre !

— Tu deviens presque lourd, fais gaffe !

Je me renfrogne et fais mine de bouder. Elle se lève et me demande, comme pour changer de conversation :

— Tu préfères quel côté ?

— Pardon ? Côté... de ?

— Ben du lit, tiens !

Je m'étais imaginé dormir par terre en rassemblant des couvertures ou habits présents dans son armoire, alors son invitation me surprend au plus haut point. J'essaie de ne rien en laisser paraître.

— N'importe, j'ai pas de préférence. Mais je vais dormir sur le sol. Tu aurais une couverture dans tes affaires ?

— Je te fais peur ?

J'éclate de rire.

— Quelle idée ! Non, pourquoi ?

— Ben je sais pas, on dirait que tu me fuis. On peut partager mon lit sans que tu me sautes dessus, non ?

Je la regarde fixement, soudain plus sérieux.

— Bien évidemment, quelle question. C'est juste que je pensais que ça te gênerait.

Ses lèvres s'étirent.

— Tant que tu gardes tes distances, pas de problème Don Juan.

— Don Juan ?!

Elle se dirige vers notre valise. Et une fois retournée, elle me répond, comme intimidée :

— Ton charme pourrait...

Elle ne termine pas sa phrase, alors je l'interroge :

— Pourrait...?

Elle se relève, des vêtements à la main.

— Je sais plus ce que je voulais dire.

Je remarque immédiatement le rouge qui a empourpré ses joues et me dirige vers elle.

— Eh ! Tu ne peux pas commencer à me dire des mots comme ça sans finir ce que tu avais à dire ! Tu veux me rendre fou ou quoi ?

— Peut-être...

Elle me sourit et me montre ce qui ressemble à un pyjama.

— On se met au lit ?

— Avec plaisir princesse. Mais tu risques d'avoir chaud si tu dors avec ça...

J'accompagne ma tirade d'une œillade entendue.

— Clotaire, sors de ce corps...

Entendre ce prénom dans sa bouche me fait perdre le sourire. Calixte le remarque.

— Pardon... Tu peux éteindre, que je me change ?

Je n'avais effectivement pas réalisé que ses parents pourraient trouver bizarre qu'elle utilise la salle de bains pour se changer, puisque nous sommes censés être ensemble depuis plus de six mois. Je vais vers la porte, éteins le plafonnier et me dirige à tâtons sur le lit. Une fois assis dessus, je me débarrasse de mes vêtements que je laisse en vrac par terre, et au moment de me glisser sous les draps, je la questionne.

— Je te laisse quel côté, alors ? Finalement tu ne m'as pas dit quelle était ta préférence.

— Installe-toi à gauche, comme ça si un rôdeur entre par la porte cette nuit, tu pourras me protéger.

L'obscurité semble lui donner du courage, pour mon plus grand plaisir. Je rajoute :

— Mais si ce rôdeur passe par le balcon, il te tombera dessus en premier. Je pense que le plus raisonnable serait que tu dormes dans mes bras, en fait...

Elle ne répond rien, mais aux bruits que je distingue, je comprends qu'elle est en train de se déshabiller, et cette situation me met aux abois.

Lorsqu'elle soulève enfin les draps pour me rejoindre, je me tourne vers elle, allongé sur le flanc. Je n'ai aucune envie de dormir. Cette première nuit ensemble doit me permettre d'avancer dans notre relation.

— Bon allez, dis-moi tout Calixte.

Elle bouge un moment avent de trouver sa position. Je ne la vois absolument pas car il fait nuit noire dans la chambre avec les rideaux tirés.

— Tout quoi ?

— Je sais pas, ton enfance, ta vie, je veux tout savoir.

Elle bâille. Soit parce qu'elle est vraiment fatiguée, soit parce qu'elle veut couper court à la conversation.

— Je te raconterai oui, mais pas maintenant, je suis crevée.

J'essaie de masquer ma déception.

— OK.

J'hésite à tenter ma chance, puis me lance.

— J'ai droit de te tenir dans mes bras ? C'est juste une question de sécurité, hein !

Elle tend la main et me touche le visage, comme pour mieux le situer, puis je sens le matelas bouger légèrement et perçois ses lèvres sur mon front.

— Bonne nuit Hélio.

Je suis sur un petit nuage.

— Bonne nuit princesse.

CalixteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant