Nous flânons ainsi tout le reste de l'après-midi, à nous balader en bordure des falaises. Alors que le soleil commence à sérieusement décliner, Calixte glisse sa main dans la mienne en s'appuyant contre mon épaule. Ce petit geste me surprend, car nous n'avons pas besoin de jouer la comédie pour sa famille puisque nous sommes seuls. Mais je fais comme si tout était normal.
— Tu as froid ?
— J'ai pas très chaud, oui.
Je passe mon bras par-dessus ses épaules et frotte vigoureusement de haut en bas son bras nu.
— Voilà ce qu'on gagne à jouer les coquettes ! Non seulement on montre sa culotte à la moitié de l'île en pédalant, mais en plus on se pèle !
Je ris bruyamment en voyant Calixte s'arrêter net en écarquillant les yeux.
— Tu plaisantes j'espère ?
— Non, je pensais que tu t'en foutais, c'est tout.
Ses joues se couvrent d'un rouge écarlate.
— La honte, sérieusement, Hélio, t'aurais pu me le dire !
Je me tourne vers elle et ouvre grand mes bras, l'invitant silencieusement à s'y réfugier, ce qu'elle fait sans résister.
— On n'a croisé que des vieux, c'est cool, tu leur as fait leur soirée, ils auront quelque chose à raconter à leurs potes du troisième âge demain au marché !
— Mais je connais du monde ici, moi, et du monde me connait, ça craint !
— Si j'ai bien compris tout ce que j'ai appris aujourd'hui, tu as beaucoup changé, personne ne t'aura reconnue...
— Dit-il l'air de rien...
Elle relève les yeux vers mon visage avant d'ajouter.
— Je sens une pointe d'ironie. J'ai l'impression qu'il va falloir que je m'y fasse.
Elle se détache de moi et serre ses bras contre sa poitrine.
— Fais pas ta susceptible, reviens là !
Je l'attire à moi à nouveau et nous nous dirigeons vers l'endroit où nous avions abandonné nos vélos. Lorsque nous y arrivons, Calixte se montre catégorique.
— Hors de question que je remonte là-dessus !
— Arrête tes conneries, on va pas rentrer à pied, on va en avoir pour des plombes !
— M'en fous ! J'ai pas envie que tout le monde profite du spectacle.
— Mais regarde autour de toi, il n'y a plus personne à cette heure, on est tout seuls.
Elle semble hésiter, avant de faire volte face.
— Non, non et non, je vais appeler ma sœur, elle va venir nous chercher avec la voiture, et on mettra les vélos dans le coffre, en roulant avec le haillon ouvert, ça devrait pas poser de problème sur une si courte distance, jamais on ne croisera les gendarmes !
— Arrête, tu l'as dit toi-même, on n'est pas loin, on sera chez toi en quelques coups de pédale.
Elle finit par se laisser convaincre à la condition que je roule à sa hauteur pour la cacher au maximum. Lorsque nous arrivons chez ses parents, le soleil est quasiment couché. Nous rejoignons les festivités qui battent toujours leur plein dans le jardin et Calixte se fait à nouveau happer par sa famille. Je m'éclipse discrètement et monte jusqu'à sa chambre pour lui rapporter une veste. Alors que j'ai le nez plongé dans notre valise, elle me surprend en passant le seuil de la pièce.
— Pris la main dans le sac !
— Tu m'as fait peur ! Je cherchais ta veste.
Elle s'accroupit à mes côtés.
— T'es trop mignon, merci, mais je vais carrément me changer j'ai froid aux jambes aussi.
Elle attrape la tenue basique qu'elle portait le matin même et se relève en me tournant le dos.
— Tu peux défaire ma fermeture s'il te plaît ?
— Oui, à condition que tu n'ailles pas te cacher dans la salle de bains pour te changer.
Elle tourne son visage souriant vers moi.
— Petit malin... OK, mais alors ferme les yeux !
Je pose précipitamment mes mains sur mon visage, à la manière des enfants.
— 'a y est !
— Je vois tes doigts à moitié écartés, tricheur !
Je descends mes mains et la regarde droit dans les yeux, d'un air on ne peut plus sérieux.
— Et si on arrêtait de jouer, Calixte ?
Comme elle ne répond rien et se contente de baisser la tête, je m'approche d'un pas et suis suffisamment près d'elle pour sentir son souffle sur mon menton. Je remarque immédiatement qu'il est trop rapide pour quelqu'un de détendu. Je place ma main sous son visage et la force à me regarder. Mais elle la repousse et reprend ses vêtements pour se changer.
— On nous attend en bas Hélio.

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Calixte
RomanceClotaire rentre plus amoureux que jamais de son séjour à Londres avec Calixte, une étudiante timide qu'il a rencontrée dans l'Eurostar. Il l'installe dans la colocation qu'il partage avec son meilleur ami, Héliodore...