Le vendredi arrive beaucoup plus vite que je ne m'y attendais. Nous finissons à midi ce jour-là chaque semaine, et Calixte me propose de partager sa valise, officiellement pour ne pas éveiller les soupçons de ses parents, mais j'y vois un joli coup de pouce du destin. Nous arrivons à la gare en courant, ayant sous-estimé le temps de trajet en transports en commun, nous engouffrons dans le train au moment où il démarre et nous installons côte-à-côte aux deux premières places libres que nous apercevons.
Calixte reste silencieuse, la tête appuyée contre la vitre, à regarder défiler le paysage, et je suis tellement fébrile que je ne parviens même pas à trouver un sujet de conversation intéressant. Au fil des kilomètres, le silence s'installe, et Calixte ferme les yeux. Au bout d'un moment, sa respiration se fait régulière et je me rends compte qu'elle s'est endormie. Ce que je ne tarde pas à faire moi aussi. Et lorsque je sens une masse tomber sur mon épaule, j'ouvre les yeux immédiatement, mais sans bouger, pressentant l'origine de cette « masse », et réalise que Calixte a bougé dans son sommeil et s'est maintenant calée contre moi. Je soulève délicatement mon bras que je passe autour de ses épaules pour qu'elle soit mieux installée. Je dépose un baiser sur ses cheveux, ne pouvant me retenir, en fermant à nouveau les yeux et ne bouge plus, pour ne pas risquer de la réveiller. Je savoure son contact jusqu'au moment où nous entrons en gare pour notre changement de train. Elle ouvre les yeux et s'étire en me souriant. Je ne sais pas comment interpréter son sourire ni le fait qu'elle soit finalement restée blottie contre moi, et mes lèvres s'étirent malgré moi.
Je me charge de la valise et nous nous dirigeons vers notre deuxième train, qui doit nous amène ensuite quasiment au pied de l'embarcadère. Durant ce court trajet, Calixte se montre de plus en plus enthousiaste. Elle me montre et m'explique tout ce qui passe sous nos yeux, et lorsque nous montons sur le bateau, elle est carrément excitée.
— T'as l'estomac bien accroché ?! La mer est indiquée agitée, ça va bouger !
— Ben, honnêtement, je sais même pas si j'ai le mal de mer, j'ai jamais fait de bateau sur une mer mauvaise.
— On va vite le savoir !
— Je rêve ou ça t'amuse ?
— Non, non tu rêves pas ! Moi j'ai l'habitude ça me fait rien ! On va se mettre à l'arrière, ça sera quand même plus calme.
— On se met pas en haut, dehors ?
— Non, c'est pour les touristes, ça ! Il fait froid, il y a du vent, les embruns, et la houle. Fais-moi confiance, on sera mieux à l'intérieur, à l'arrière.
— Dans ce cas, je te suis !
Nous nous installons côte-à-côte et pendant la petite heure de traversée, je me concentre sur la ligne d'horizon pour ne pas vomir, ce qui amuse beaucoup Calixte. Lorsque nous débarquons, je tire la valise derrière moi, et dès qu'elle aperçoit ses parents sur le quai, Calixte met sa main dans la mienne. Même si je sais que c'est pour donner le change, je ne respire plus et j'espère qu'elle ne sent pas ma main devenir de plus en plus moite dans la sienne.
Après les salutations et présentations officielles, nous montons dans leur véhicule et nous mettons à table directement à notre arrivée, tout le monde ayant l'estomac dans les chaussettes. Calixte et sa famille échangent des nouvelles sur les uns et les autres, et j'assiste à la scène en spectateur, ayant l'impression d'être transparent. Mais cette situation ne me met aucunement mal à l'aise, car elle me laisse le temps de contempler Calixte à loisir, sans retenue, puisque personne ne semble faire attention à moi.

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Calixte
RomantikaClotaire rentre plus amoureux que jamais de son séjour à Londres avec Calixte, une étudiante timide qu'il a rencontrée dans l'Eurostar. Il l'installe dans la colocation qu'il partage avec son meilleur ami, Héliodore...