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Point de vue Béa:


Il était bientôt 23 heures. Je venais de finir un devoir de philosophie qui m'avait pris une grande partie de mes vacances. Il était à rendre pour demain et la problématique m'avait tellement inspirée que je voulais faire quelques modifications avant de l'écrire au propre à la dernière minute. J'étais éreintée, mes yeux se fermaient tous seuls et mon membre supérieur droit était bien engourdi après avoir tant écrit. Je me relevai le plus doucement possible et je pris soins de ranger correctement ma copie dans mon sac avant de voir mon reflet dans le miroir. Une mine affreuse, un teint blafard à cause des températures avoisinant les 0 degré et des cernes violacées qui empiraient le tout.


- Il est tant que tu te couches, Béa, m'annonçai-je à moi-même.


Je partis donc en direction de ma salle de bain afin de me brosser les dents puis de me démaquiller. Même si mon visage était encore plus affreux ainsi, je ne le regretterai pas demain matin quand je verrais ma tête sans trace noire de mascara. Je jetai mon coton à la poubelle et allai rejoindre mon lit qui me faisait tant envie quand des pleurs retentirent dans le babyphone. Nathan avait le sommeil très agité dernièrement et cela me faisait peur. Je courus directement dans sa chambre dans l'espoir qu'Eleanor n'ait pas eu le temps de se réveiller. Elle était encore un peu perdue et fatiguée avec le décalage horaire, je m'en voudrais si elle passait une nuit horrible, la veille de notre rentrée. Arrivée dans le chambre de mon frère, je m'activai auprès de son berceau et le pris instinctivement dans mes bras en faisant des mouvements de gauche à droite, afin de le calmer le plus possible.


- Ca va aller petit ange, je suis là, affirmai-je en lui caressant la joue.


Comme pour me faire comprendre qu'il avait entendu, il stoppa ses pleurs un quart de seconde pour me regarder avant de pleurer à nouveau. Le voir ainsi me faisait mal au coeur et je me sentais impuissante. Hier j'avais voulu l'emmener chez le médecin mais étant samedi, le cabinet était fermé. J'étais ensuite aller chez Crystal pour savoir si je devais l'emmener à l'hôpital et elle m'avait conseillée d'attendre pour voir la progression. Aujourd'hui, Nathan semblait allait mieux mais dès que la nuit tombe, il se remet à pleurer. Je ne comprenais pas et son visage bouffi et rougi me fit échapper une petite larme.


- Je suis désolée Nathan, j'aimerais faire plus, avouai-je alors que je m'asseyais dans le fauteuil à bascule près de son berceau.


Je lui caressai le haut de son petit crâne qui commençait à être bien chevelu avant de prendre une de ses mains dans la mienne. Je la lui caressai avec mon pouce en lui chantant une berceuse pour l'apaiser d'avantage. Ma mère m'avait dit un jour qu'il n'y avait que comme ça qu'elle arrivait à me calmer quand j'étais bébé. Elle avait une voix douce, paisible et rassurante et je ne me sentais pas à la hauteur mais mon petit frère se calma au bout de deux chansons. Il chouinait encore et hoquetait parfois mais il ne pleurait plus aussi abondamment. Cette petite victoire me fit sourire et je me surprise à penser que j'avais peut être hérité de la voix de ma mère. Mon rictus s'agrandit face à cette pensée. Cela pouvait paraître puéril ou bête, mais chaque chose que je pouvais tenir de ma mère me donnait l'impression d'être plus proche d'elle. Ca me rassurait, je me sentais protégée. Parfois, j'essayais d'imaginer ce que mon père aurait pu me transmettre mais j'effaçais rapidement cette idée ne voulant pas être rattachée à un homme qui à lâchement abandonné ma mère, et moi au passage. Je secouais légèrement la tête pour m'évader de ses pensées et je posais mon regard sur Nathan. Que tenait-il de son père lui ? Son visage rond ? Sa bouche en coeur ? Ses oreilles toutes petites ? Si seulement Nathan pouvait connaître son père un jour. J'ai vécu avec un seul parent et ça n'est pas la chose la plus facile, mais lui Nathan, n'en a pas, et je ne sais pas si il pourra le gérer. Sur ces dernières rêveries pas très joyeuses, je remis un Nathan endormi dans son berceau, le bordai, l'embrassai sur les deux joues et m'assis de nouveau dans le fauteuil afin de contemplé mon petit ange avant d'être abattu par le sommeil.

Someone For Live [ Harry Styles ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant