Runaway.

Chapitre 8. The truth can be brutal

Le lendemain, lorsque Chelsea arrive devant la bibliothèque, avec dix minutes de retard, fidèle à elle même, Colin l'attend assis sur les marches.

- Super t'es déjà là! Lance la petite blonde.

- Evidement, t'avais dit 17h, pas 17h10. Rétorque Colin passablement énervé.

- Et ça va détend toi la rondelle mon gars. Je te connais pas, je sais pas si t'es ponctuel, du coup je préfère arriver en retard ça m'évite d'attendre.

- Tu viens de me dire de me détendre quoi? Demande le jeune homme en secouant la tête.

- La rondelle. Tu m'as l'air un peu sur les nerfs. Ou fume un joint tiens puisqu'il parait que t'es un...

Colin attrape la jeune femme par le bras et lui pose une main sur la bouche avant qu'elle n'ait eu le temps de finir sa phrase.

- Fais moi le plaisir de fermer ta gueule. J'suis pas tes petits potes pleins aux as de la fraternité poulette, et j'aurais pas de remords à te faire du mal au besoin. Maintenant tu bouges ton cul, on va bosser ce sujet à la con, le temps c'est de l'argent et là tu me fais perdre mon temps. Et la prochaine fois, arrive à l'heure j'en ai rien à foutre de ton maquillage, de tes cheveux et de tes tenues trop courtes à la con c'est clair? Viens en jogging, ou viens à poil j'm'en tape, mais viens à l'heure.

Il relâche la jeune et file vers l'entrée de la bibliothèque, cette dernière le suit automatiquement, bien qu'un peu sous le choc de cet intermède. Une fois installée à une table, Chelsea ne peut s'empêcher de fusiller son binôme du regard.

- Qu'est ce que t'as à me regarder comme ça? Tu crois m'impressionner? Demande celui-ci.

- T'es un grand malade. Et la prochaine fois que tu me parles comme ça, mes très grands talons vont s'écraser sur tes très petites parties intimes.

- Tu penses que je suis un dealeur et tu me menaces? Mince alors, il est vrai ce cliché sur les blondes.

- Donc t'es pas un dealeur?

- Peut être bien que oui, peut être bien que non. Lui répond-t-il en soulevant les épaules. A toi de voir, est-ce que tu crois tes potes ou pas.

- Pourquoi je devrais ne pas les croire?

- Pourquoi est-ce que tu dois les croire?

- Ok, ok. Fais le mec mystérieux si ça te fais plaisir, je m'en fou de comment tu gagnes ou pas ton argent. J'suis ici pour travailler.

- Ah oui? J'pensais que les filles comme toi venaient à Yale pour faire la fête et trouver un mari, un de ces bons gars de la fraternité. J'pensais pas que valider ton semestre avait de l'importance pour toi.

- Je doute que tu saches ce qui a ou non de l'importance pour moi.

- Bien entendu, t'es un être tellement exceptionnel lance-t-il plein de sarcasme.

- T'es un gros con en fait. C'est pour ça que t'as pas de potes, c'est pas parce que t'es dangereux ou je ne sais quoi, t'es juste con. J'suis sûre que tu dors encore avec ton ours en peluche d'ailleurs. Et c'est pas ta personnalité pourrie et tes tatouages ou encore tes fringues de rockeur à la noix qui te donnent le droit de décider si je suis exceptionnelle ou pas. A croire que c'est cool d'être le mec le plus seul au monde. Maintenant au travail grincheux.

Colin observe la bimbo qui lui sert de partenaire pour son cours de sciences humaines, il déteste ce genre de fille. Il en a réellement une haine viscérale, elle lui rappelle sa soeur, Elena. Sa grande soeur, qui a préféré fuir à l'autre bout du pays avec son mari richissime quand leur famille s'est retrouvée dans la merde. Et elle a laissé son petit frère gérer la descente aux enfers, tout ça pour ne pas se salir les mains et pour ne pas perdre son rang social. Depuis, c'est lui qui assume la plupart des dépenses de la famille, c'est lui qui rembourse l'emprunt de la maison, et c'est lui qui pose de la nourriture sur la table. Parce que leur père a perdu son emploi puis a sombré dans la dépression, et parce que le job de femme de ménage à mi-temps de leur mère ne suffit pas à régler les soucis d'argent d'une famille de 4 enfants. Enfin non, 3 enfants puisque la plus grande mène la belle vie en Floride.