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- Rosa ? Rosa, réveilles-toi...

La voix de Niall me paraissait lointaine, mais je l'entendais parfaitement bien, comme si le corps du blond n'était qu'à quelques centimètres du mien. Mes yeux s'ouvrirent avec difficulté, et je vis une silhouette flou, penchée au-dessus de moi. Il me fallut quelques secondes avant de distinguer clairement le visage de Niall. Lorsqu'il vit que mes yeux s'étaient ouvert, un sourire radieux se forma soudain sur ses lèvres, faisant louper un battement à mon coeur au passage. Rien n'aurait été mieux que de voir ce sourire, ces cheveux, ces yeux, au réveil. Car ils appartenaient à la personne que j'aimais. Je me redressais sur mes coudes, sans quitter Niall des yeux une seule fois. Nos visages étaient proches, et je sentais son souffle chaud sur ma peau, ce qui fit apparaître soudainement des milliers de frissons incontrôlés. Je n'avais pas conscience de mes actes, j'étais légèrement sonné, comme toujours lorsque je me réveillais. La seule chose dont je me souvenais, c'était de m'être endormis dans les bras de Niall après avoir longuement discuté, crié, et pleuré. Mais surtout, j'avais obtenu des réponses.

- Désolé de t'avoir réveillé, murmura Niall en faisant zigzaguer son regard entre mes lèvres et mes yeux, mais ton téléphone n'arrêtait pas de sonner, ça devait être important.

Le blond se plaça à côté de moi sans me quitter des yeux tandis que, pleine d'incompréhension, je sortis mon téléphone de ma poche. Lorsque je vis les sept appels manqués d'Harry, mes yeux faillirent sortir de leurs orbites tant j'étais choquée. J'avais complètement oublié le rendez-vous avec mon meilleur ami ! Je ne fus pas plus rassurée lorsque je vis que j'avais une demi-heure de retard déjà. Harry devait déjà être au parc, entrain de m'attendre et de geler sur place. Ou bien était-il partit ? Toute paniquée, je bondis hors du lit et écrivis un message à Harry pour le prévenir que j'arrivais. Mes doigts pressaient les touches du clavier comme si ma vie en dépendait, et c'était clairement l'impression que j'avais. Je ne devais pas rater ça, Harry devait m'éclairer sur ce qu'il avait ! Je ne pouvais pas rester plus longtemps sans comprendre ce qui clochait chez lui ! J'avais déjà trop réfléchi sur la question et je refusais de passer mes derniers jours de vacances à me tracasser et à essayer de comprendre quelque chose qui n'avait, pour moi, pas de sens.

- Qu'est-ce qui se passe ? Me demanda Niall.
- Je devais rejoindre Harry au St-James parc il y a trente minutes, je suis en retard !

J'avais expédié ces mots aussi vite que j'avais écrit un texto à Harry. Seul moi pouvais comprendre les enjeux de cette sortie.


Niall m'accompagna jusqu'au rez-de-chaussée, et attendus patiemment que je ne mette mon manteau et mon bonnet avant de me saluer avec un sourire timide. Il devait me prendre pour une folle à être aussi speed mais cela m'importait guère. Je lui fis un rapide bisou sur la joue, le surprenant puisque je l'avais fait subitement, sans réfléchir, puis je quittai sa maison aussi vite que je le pus. St-James parc n'était qu'à quelques rues de chez moi, et donc de chez Niall, et je connaissais le chemin par coeur pour l'avoir souvent fait. Je commençais donc à marcher, tout en observant la neige tombant du ciel, qui s'écrasait ensuite sur le sol déjà verglacé et givré. Le froid ne m'épargnait pas, et j'avais l'impression que si ça continuait, je serai transformée en statue de glace en même pas une heure. Les Londoniens, qui connaissaient bien le climat de la capitale, semblaient avoir compris que sortir dehors par ce froid n'était pas la meilleure idée qu'il soit, ce qui expliquait surement les rues désertes et les magasins fermés. J'aurais préféré que ma sortie avec Harry se fasse dans un pub ou un strabuck, où les chauffages fonctionnaient parfaitement en hiver et où les boissons réchauffaient la gorge, une sortie en plein air n'était pas tout à fait l'idéal avec ce temps. Mais bon, peut-être pouvions-nous ensuite nous réchauffer quelque part. Je me mis à rêver de soleil, de mer, de sable chaud et de shooping le long de la côte, ça me distrayait.

Quelques minutes plus tard j'aperçus enfin le parc. J'y entrai, d'un pas rapide en espérant qu'Harry n'était pas déjà partit. Je parcourus le chemin couvert de neige en tournant la tête de tous les côtés pour essayer de voir Harry. Je le vis enfin, assis sur un banc près en face d'un petit lac couvert de glace. Je m'approchai de plus en plus, je n'étais qu'à quelques centimètres. Sa tête était baissée vers le sol, et il remuait une de ses jambes d'un air frénétique et impatient. Ses bouclettes brunes étaient cachées, à mon plus grands désarrois, sous un bonnet gris identique au mien. Mes pas sur la neige s'entendaient comme des petits craquements. Harry, qui avait dû m'entendre, leva son regard vers le mien. Je me surpris à sursauter lorsque ses prunelles s'étaient plongées dans les miennes. Ses pupilles s'étaient dilatés, ne laissant qu'un mince anneau émeraude autour. Son regard était noir, à en faire peur, et la haine s'en dégageait. Sans même que je n'eus le temps de le saluer, il s'était levé furieusement et s'était placé devant moi. Immédiatement, j'ai su que j'allais passer un sale quart d'heure. Harry croisa ses bras sur sa poitrine et secoua la tête avec une grimace.

- Tu as une demi-heure de retard Rosa ! Lança le bouclé d'un air réprobateur.

Je le regardai, surprise qu'il commence notre rendez-vous de cette manière-là.


- Je suis désolé, j'étais chez...
- Niall, oui je sais, me coupa Harry d'un ton sec que je ne lui connaissais pas.

Il porta son attention sur le lac pendant quelques instants, surement pour réfléchir à ses prochaines paroles. Un coup de vent fit voler les quelques bouclettes qui dépassaient de son bonnet, et je ne pus m'empêcher de trouver ça adorable. Sa mâchoir était serrée, et jamais quelqu'un n'aurait pu deviner que des adorables focettes se formaient lorsqu'il souriait.
- ça fait la quatrième fois que tu arrive en retard à nos rendez-vous, raconta Harry d'une voix plus douce sans quitter le lac des yeux, et je ne compte pas les fois où tu m'as posé un lapin, et les fois où tu as annulé nos sortis. Tout ça, en deux mois.


Sa voix était cassée, et plus rauque que d'ordinaire, mais je pouvais y déceler une sorte de mélancolie ou de tristesse. Et c'était ce que je ressentais lorsqu'il me disait ça. Il était vrai que depuis que je m'étais rapprochée de Niall j'avais été moins présente pour Harry ou pour Louis, mais je n'aurais pas cru qu'il comptait toutes ces fois, et surtout que ça l'affectait.

- Je suis désolé, je n'ai pas vu le temps passer, répondis-je.
- Ouai, dit-il en me regardant, je suppose que c'est ce qui arrive lorsqu'on est amoureux.

Il s'assit sur le banc où il m'avait attendu, et regarda à nouveau le lac. Il avait l'air encore plus mal que la dernière fois où je l'avais vu, le jour avant mon anniversaire. Je m'assis à ses côtés, et regardai dans la même direction que lui.

- Qu'est-ce que tu as Harry ? Murmurais-je doucement sans le regarder. Depuis quelque temps tu as l'air triste. Tu ne souris plus et j'ai l'impression que tu m'évites.

Je sentis le regard de mon meilleur ami sur ma peau, mais je ne regardai pas en sa direction. Il eut un rire amer, presque fière et hautain comme celui des personnes que je détestais.

- Je pensais que tu aurais découvers par toi-même ce que j'avais. Je pensais que tu aurais deviné.

Cette fois-ci, je cédai et orientai mon regard azur sur lui. Il se baissa, attrapa de la neige dans ses mains et se redressa. Il commença à mouler une boule de neige. A ce moment, le déclic se fit dans mon esprit. Etait-ce possible qu'il...? Non, non c'était impossible. Harry était mon meilleur ami, rien de plus. Même si je repoussai cette hypothèse dans le fond de mon esprit, elle revenait toujours. Presque tout coordonnait: le mot qu'il m'avait écrit à Noël, le ton froid qu'il employait lorsque je lui parlais de Niall, le fait qu'il m'évite en ce moment. C'était la seule hypothèse que j'avais concernant l'état d'Harry. Mais elle me paraissait tellement stupide et impossible que je m'efforçai de l'oublier. Pourtant les mots sortirent tout seul, je ne les contrôlais plus.


- Tu as des sentiments pour moi ?

Je regrettai immédiatement mes paroles. Quoi qu'était la réponse, je ne voulais pas la connaitre. Non, pas ça, pas maintenant, pas comme ça. Harry me fixait, sans bouger, l'air indifférent. Je n'arrivais pas à identifier ses sentiments, ou à savoir ce qu'il pensait, ce qui m'énervait au plus au point. Pourquoi nous ne nous contentions pas de raconter notre journée tout simplement ? Pourquoi fallait-il qu'il me cache autant de choses ? Harry bondit hors du banc comme il l'avait fait à mon arrivée. Ce gosse était une vraie pile électrique, il ne pouvait pas se contenter de rester assit et de me parler ? Il avait l'air furieux, et je n'arrivais plus à le suivre.

- Non mais qu'est-ce que tu inventes Rosa ? S'exclama Harry sèchement.

Aïe. C'était comme s'il avait prit des orties, et m'avait giflé avec. C'est exactement l'impression que j'avais. Je supposai donc que la réponse à ma précédente question était non. En même tant, il m'énervait à me cacher des choses ! Comment je pouvais deviner ce qu'il avait, il ne répondait pas à mes textos depuis quelque temps et évitait de s'expliquer lorsque je lui posais une question. Je n'étais pas voyante ! Sans même que je ne puisse répliquer, il enchaîna en haussant la voix.

- Bon, puisque tu ne comprends pas ce que j'ai, même si c'est une évidence, je vais t'expliquer. Tu loupes nos rendez-vous pour aller avec Niall, tu ne parles que de Niall, tu ne regardes que Niall, c'est toujours Niall, Niall et encore Niall ! Et moi dans tout ça, tu m'as oublié ? Il haussa encore plus le ton, il gueulait . J'ai l'impression de ne plus exister, tu ne fais plus attention à moi. Je croyais qu'on était meilleur ami ! Mais putain, maintenant que tu t'es rapproché de ce type je ne compte plus pour toi. Enfaite, j'ai l'impression que tu m'as remplacé, et que tu n'en as plus rien à faire de moi ! Tu n'as même pas remarqué que ça me tuait !

Il venait de me regifler avec un bouquet d'ortie. Et il avait réussi à me faire culpabiliser, mais ce n'était pas fini, j'avais des choses à dire pour ma défense.

- Ne dis pas n'importe quoi, jamais je ne pourrai te remplacer !
- Et bien, ce n'est pas l'impression que tu me donnes. Ma meilleure amie rigolait avec moi, elle me parlait tous les jours et toutes les nuits, elle était toujours à l'heure à nos sorties et c'était elle qui me faisait sourire. Mais tu n'es plus cette meilleure amie là. Tu ne penses qu'à ce stupide Niall, et tu ne te soucies même pas de grâce à qui tu arrives à lui parler. Je t'ai aidé à te sortir de ta timidité, j'ai toujours séché tes larmes et j'ai toujours voulu que tu sois heureuse. Et c'est comme ça que tu me remercies ? Je t'ai bien aidé, mais maintenant tu n'as plus besoin de moi, n'est-ce pas ?

Les larmes me montèrent aux yeux. Comment pouvait-il penser quelque chose comme ça ? Comme pouvait-il dire que j'étais devenus cette fille-là ? Une perle salée glissa le long de ma joue, mais avec le froid, j'eus plus l'impression que ma larme était un bloc de glace.

- Tu... tu penses vraiment ça de moi ? Tu penses que je suis une fille qui réagit comme ça ? Je secouai la tête, je croyais rêver. Mon meilleur ami, lui, ce serait réjouis de ma complicité avec Niall, parce que ça me donne aussi le sourire. Il se serait réjouis parce que je n'ai plus peur de parler à quelqu'un, et que j'arrive à passer du temps avec le garçon que j'aime. Je ne t'oublie pas Harry, c'est juste que je voulais me rapprocher de Niall. Cela ne fait pas de moi une mauvaise personne, je pensais que tu serais heureux.

Harry me fixa, une expression choquée sur le visage.

- Heureux ? S'exclama Harry en écarquillant les yeux. Tu veux que je sois heureux parce que tu passes du bon temps avec Niall pendant que moi je reste seul à t'attendre dans un putain de froid ? Je vais te dire, la vérité c'est que tu n'es qu'une égoïste ! Tout tourne toujours autour de toi !

Ce fut à mon tour d'être outré, comment pouvait-il dire ça !?

- Moi ? Moi je suis une égoïste ? Demandais-je en criant de plus belle. J'ai passé les vacances à m'inquiéter sur ton sort, j'ai réfléchi je ne sais combien d'heures pour savoir ce que tu avais et pourquoi tu m'avais écrit un mot indéchiffrable, je t'ai envoyé au moins cinquante SMS auxquels tu n'as pas pris le temps de répondre, et j'ai pleuré comme pas possible ! Et je suis une égoïste ?

- Tu vois, tu ne peux pas t'empêcher de te plaindre et de tout rapporter à ta petite personne ! Est-ce que c'est si compliqué de comprendre que je me sente rejeté par ma propre meilleure amie ?

Mes joues étaient inondées de larmes, comme si elles ne l'avaient pas assez été aujourd'hui. Heureusement que le parc était désert sinon les passants se seraient demandé pourquoi nous crions autant.

- Est-ce que c'est compliqué de comprendre que je veuille passer un peu de temps avec le garçon que j'aime ? Je n'ai pas passé assez de temps sans lui parler peut-être ?

Il me fixa longuement, d'un air dégouté.

- Ce n'est pas ma faute si tu en étais incapable avant. Mais je pensais quand même que j'étais plus important que lui à tes yeux. Il n'a jamais fait le tiers de ce que j'ai fait pour toi, il te prend peut-être pour une conne mais comme tu l'aimes, c'est normal que tu le défendes après tout. Tu es aveugle. Tu es tellement amoureuse de lui que tu ne vois plus rien autour.


Je ne savais plus quoi lui répondre, car il avait raison. J'avais été aveuglé par l'amour, et j'avais rejeté mon propre meilleur ami, le seul qui me comprenait, à qui je pouvais me confier, le seul qui arrivait à me faire rire, qui ne me jugeait pas, qui aimait la personne que j'étais vraiment, le seul à me consoler, le seul et l'unique. Je me détestais, je m'en voulais de lui avoir fait subir ça car il ne le méritait pas. Harry valait mille fois mieux que n'importe quelle personne sur Terre. Jamais je n'avais été aussi heureuse que depuis que je le connaissais. Il était tout pour moi, il était ma moitié, mais malheureusement je ne lui avais pas assez prouvé ces derniers temps. Je voulais m'excuser, me jeter à son cou et lui dire que tout ça était fini maintenant, que j'avais ouverts les yeux, mais je n'y arrivais pas. Il m'avait blessé en disant que j'étais une égoïste, savoir qu'il pensait ça de moi me brisait le cœur.

Le bouclé me regarda longuement et je savais qu'il attendait que je réagisse, mais j'en étais incapable. Les larmes inondaient mes joues et un noeud s'était formé dans ma gorge. Jamais je n'avais eu aussi peur de perdre quelqu'un. Il soupira doucement, et je vis que ses yeux étaient vitreux, ce qui ne fit que redoubler mes pleurs. Harry mit les mains dans ses poches et baissa le regard vers le sol avant de dire, d'une voix claire mais brisée:

- Tu devrais revoir le sens de tes priorités.

Et puis sans me lancer un regard, il se retourna et marcha jusqu'à la sortie du parc. A cet instant, je réalisai ce qu'il venait de se passer, et les larmes se firent encore plus présentes sur mes joues rosies et. Mon maquillage avait dû couler, je devais ressembler à un zombie et ma respiration était irrégulière à cause de tous les sanglots qui m'échappaient. Je me sentis soudainement faible, comme si je n'avais pas dormi ni mangé depuis des semaines. Mes jambes cédèrent et mon corps tomba sur le sol froid et enneigé du parc. Je fermai les yeux, et continuai de pleurer.
Je venais peut-être de perdre mon meilleur ami, et à jamais...

***
- 3...2...1...BONNE ANNEE !!

Le bouchon d'une bouteille de champagne sauta, et les verres tintèrent entre eux. Ma mère coupait joyeusement un gâteau acheté spécialement pour l'occasion. Mon père servait du champagne dans des flûtes qui ne servaient qu'une fois tous les ans, et mon frère était occupé à chanter et danser d'un air jovial. Nouvel an avait toujours un impact... étrange sur lui, et sur toute la famille d'ailleurs. Et moi, je restais assise sur une chaise à regarder ma famille s'extasier sur la nouvelle année. Je souriais, du moins j'essayais. J'avais mis une belle robe achetée récemment, je m'étais coiffé et maquillé un peu mieux que d'ordinaire, et je m'étais forcé à rire toute la soirée. Seulement, j'étais au plus mal. J'avais réussi à ignorer toute la soirée le regard insistant que Louis me lançait, car il savait que je n'allais pas bien. Et bien sur, j'avais réussi à ne pas fondre en larmes en plein milieu du salon. C'était un exploit. Comment aurais-je pu aller bien en sachant que mon meilleur ami me détestait à présent ? Même moi je me dégoutais. Tout me rappelait Harry, ce qui ne m'arrangeait pas vraiment.


Pour ne pas inquiéter mes parents plus qu'ils ne semblaient l'être (je jugeais d'après leurs regards insistants), je me levai et pris la flûte de champagne que mon père me tendait avec le sourire le plus forcé possible. Mon frère arriva devant moi, chantant à tue-tête une chanson stupide, puis il commença à me taquiner en prenant mes bras et en essayant de me faire danser. Je fis quelques pas pour le faire sourire et surtout pour qu'il me laisse tranquille, ce qui marcha puisqu'il partit ensuite prendre du gâteau.

Les feux d'artifice et les pétards résonnaient fortement dehors, et je décidai de voir ça de plus près, comme j'en avaient l'habitude chaque année. Je chaussai une vieille paire de Vans bleu marine qui était complètement déteinte avec le temps, et sortit dehors en abandonnant mon verre. Pour avoir plus chaud avant de sortir, j'avais troqué en vitesse ma robe contre un jean moulant noir et le sweat chaud que Niall m'avait offert à Noël et qui sentait encore un peu son odeur, malgré des passages dans la machine à laver. Pour la première fois depuis des jours, il ne neigeait pas, mais la température n'était pas moins glaciale. Je m'avançai vers le petit muret situé devant le trottoir, celui qui marquait la limite de la propriété, et m'y assit face à la route. Je levai mon regard vers le ciel et appréciai de voir plusieurs explosions de couleurs dans le ciel sombre de minuit. Habituellement, je détestais voir les feux d'artifice, même si c'était assez joli, j'avais toujours l'impression d'être dans un film à l'eau de rose où la fille regarde le ciel tout en pensant à son amour perdu... d'accord, je regardais trop de film. J'observai pendant de longues minutes les feux d'artifice en laissant mon esprit vagabondé sur des choses et des questions sans intérêt. Sauf une: << Est-ce que Harry était aussi triste que moi à cet instant ? Ou était-il entrain de célébrer la nouvelle année joyeusement ? >>


Je soupirai, puis j'entendis une porte claquée parmi l'explosion des pétards. Je me retournai et vis mon frère marcher le long du chemin menant à moi. Il était emmitouflé dans des tas de vêtements ce qui me fit rire. Son écharpe couvrait le bas de son visage, jusqu'au nez, et son bonnet était enfoncé aussi bien sur front que sur ses cheveux. Autant dire qu'on ne distinguait chez lui qu'une paire de yeux identiques aux miens. Louis m'imita, et s'assit à côté de moi sur le muret. Quelques minutes passèrent, où nous regardions le ciel et les feux d'artifice. Je voyais bien que mon frère avait froid, il ne cessait de souffler sur ses mains et il avait descendu un peu plus son bonnet, qui avait maintenant englouti ses sourcils en plus de ses cheveux et de son front.

- Je suppose que tu ne veux toujours pas me dire pourquoi tu es si triste. Lança Louis, la bouche cachée par son écharpe.

Je secouai la tête. Si je lui disais pourquoi je faisais une mine d'enterrement, il irait illico presto chez Harry et lui enfoncerait des carottes dans l'oreille jusqu'à ce qu'il les vomissent... du moins, je pense qu'il ferait ça si ce n'est pas pire.

- Très bien... dis-moi juste si c'est en rapport avec Zayn.

Mon regard quitta le ciel pour aller à la rencontre de celui de mon frère. Pourquoi je serai triste à cause de Zayn ? Mon frère était donc au courant de ses actes ? En même tant, seul un aveugle n'aurait pas remarqué qu'il me faisait des avances.

- Non, ce n'est pas en rapport avec lui, dis-je tristement.

Pour la seconde fois de la soirée, j'entendis une porte claquer. En tant que bon jumeau, moi et Louis nous retournâmes en même temps. Mon cœur sauta dans ma poitrine et j'esquissai même un sourire en voyant Niall sortir de chez lui et prendre place à côté de moi sur le muret. Un adorable sourire logeait ses lèvres, ses cernes avaient disparu et il avait l'air en bien meilleure forme qu'hier. Ca faisait plaisir à voir, il était mon rayon de soleil de la journée, c'était sûr.

- Hey ! Lança joyeusement Niall en regardant Louis et moi en alternative. Je vous ai vu depuis la fenêtre, vous regardez les feux d'artifice ?
- Non, on fait un poker idiot ! Répondit mon frère en rigolant.

Louis se reconcentra sur le ciel, mais je continuai à fixer Niall, et il faisait de même avec moi. Il me fit un petit sourire, que je lui rendis. C'est alors que je remarquai que l'on était vraiment proche sur le muret, par rapport à mon frère qui était à une cinquantaine de centimètres de moi. Le blond fit voyager ses yeux le long de mon corps, ce qui me mit le rouge aux joues. M'examiner de la tête aux pieds d'une façon aussi peu discrète n'avait pas l'air de le déranger, mais moi ça me perturbait. Qu'y avait-il de si intéressant à voir chez moi ? Et puis Louis était à côté, s'il continuait à me fixer comme ça, ça pourrait éveiller des soupçons. Mais qu'est-ce que je raconte, quels soupçons, il n'y a rien entre nous.

- Arrête de me regarder comme ça ! Lui ordonnais-je en chuchotant et en évitant de croiser son regard qui me rendait folle.
- Excuse moi, mais, tu es tellement sublime ce soir, et mon sweat te donne un côté vraiment...sexy.

Sa voix était suave, douce et sensuelle. Jamais il ne m'avait parlé comme ça auparavant, et jamais il ne m'avait dit ces mots, qui n'eurent pas d'autres impacts sur moi que l'accélération des battements de mon cœur et le sentiment soudain d'avoir de la fièvre. Ce garçon me rendait folle, complètement folle. Il me regardait toujours de son regard intense. Le décor s'assombrit, il n'y avait plus que nous deux. Fini Louis, fini les problèmes qui me rendaient triste, fini tout ça. Il n'y avait que lui et moi. Mon cœur battait à la chamade et je me demandais quand est-ce qu'il finirait par exploser, avec tout ce que l'on me faisait subir ces temps-ci. Niall remit une mèche de cheveux derrière mon oreille, et le contact de sa peau avec la mienne me fit frissonner. Son regard sur mes lèvres, et je me sentis plus proche de l'explosion que jamais. Cela faisait trop longtemps que je me retenais. J'avais envie de sentir ses lèvres sur les miennes, j'avais envie qu'il prenne mon visage entre ses mains, et qu'il m'embrasse comme dans les films. J'avais envie de craquer, tout simplement.

Je pris les devants en approchant mon visage du sien, ce qui le fit sourire. Il devait être amusé qu'une fille comme moi fasse le premier pas.

- Eh ! Il y a assez de neige pour faire un bonhomme de neige !

Le décor revint, la passion et l'envie partirent et Niall et moi nous empressâmes de nous écarter, revenant soudain à la réalité. Mon frère, qui venait réellement de gâcher ce moment parfait, était à présent sur le trottoir, dos à moi, et ramassait de la neige comme un gamin. C'était un complot, j'en étais sûr. La mère de Niall et Louis étaient complice ! J'eus tout à coup envie d'enterrer mon frère sous un gros tas de neige, au sommet d'une montagne. Mon jumeau... restons calmes.
Je n'osais même plus regarder le blondinet, tellement j'étais gênée, mais je savais qu'il me fixait. Je l'entendis rire discrètement et je me retins de le pousser par terre. Bon, c'est vrai que la situation était marrante, mais j'aurais préféré accomplir ce qu'il se devait d'être accompli. Niall rigola de plus en plus fort, il était à présent dans un fou rire incontrôlable. Et je me joignis à lui en remémorant la manière et la rapidité dont nous nous étions écartés tous les deux de peur que Louis nous voit. Celui-ci tourna d'ailleurs la tête vers nous en abandonnant des yeux le bonhomme de neige bancal qu'il était en train de construire. Il devait surement nous prendre pour des fous en voyant que nous rigolions à gorge déployée, la tête rejetée en arrière et les mains sur le ventre tellement nous avions mal. Le rire de Niall était si communicatif et tellement hilarant que je ne pouvais pas m'arrêter de rigoler. Nous en pleurions presque, et puis la tête d'abrutie que faisait mon frère n'arrangeait pas les choses.

- Qu'est-ce que vous avez tous les deux ? Demanda mon frère avec un regard apeuré qui ne fit que doubler nos rires.


Ca faisait longtemps que je n'avais pas autant rigolé.

- Aha... t'es un crétin Louis !! S'exclama Niall en rigolant de plus bel avec moi.

Sans que personne ne puisse le prévoir, une boule de neige s'écrasa soudain sur la gueule de L'Irlandais. Lorsque j'entendis mon frère rire, je compris immédiatement que le " cadeau " venait de lui. Je savais aussi que la guerre était lancée entre eux deux. Et j'avais bien raison puisque quelques secondes plus tard, Niall était déjà en train de former une boule de neige, puis descendit du muret avant de la lancer en pleins dans la face à Louis, ce qui me fit exploser de rire. La revanche était prise. Mais je perdis vite mon sourire, lorsque quelque chose de gelé m'éclata sur le visage. Là, c'était LA guerre.

Et puis s'ensuivit une vraie bataille de boule de neige. On avait l'air de gros gamin, c'était sûr, mais bon, personne entre nous trois n'oserait parler de cette soirée, du moins, s'il ne voulait pas avoir la honte. La bataille dura une bonne quinzaine de minutes, mais elle s'arrêta quand la sonnerie du téléphone de Niall retentit. Il sortit son cellulaire, sous l'oeil attentif de moi et mon jumeau, et le porta à son oreille.

- Allo ? [...] Oh, salut Zayn.

Il perdit son sourire en une fraction de seconde puis il me fixa en écoutant ce que lui racontait son interlocuteur. C'était étrange que Zayn appelle Niall, même s'ils étaient amis, ils n'hésitaient pas le moins du monde à parler dans le dos de l'autre. Niall me l'avait déjà prouvé. Mais bon, je n'étais pas non plus très proche d'eux au lycée donc je ne pouvais pas les jugés et mettre en doute leur amitié.


- Merci mec, bonne année à toi aussi, lança Niall à l'adresse de Zayn.

Il me fixa encore, puis baissa le regard et s'éloigna de moi et Louis. Niall ne voulait probablement pas que j'entende sa conversation, ce qui ne fit qu'éveiller ma curiosité. Louis retourna à son bonhomme de neige, comme un enfant de dix ans le ferait, et moi je fis mine de rien et m'assis sur le bord du trottoir gelé. Niall n'était pas trop loin non plus de moi, et je pouvais entendre légèrement ce qu'il disait à Zayn, malgré les feux d'artifice qui continuaient à colorer le ciel. Il parlait avec vivacité, d'un air nerveux et perdu.

- Ecoute Zayn, si tu m'as appelé juste pour ça, ce n'est pas la peine [...] Cette conversation peut très bien attendre, ce n'est pas le bon moment [...] Oui et bien cette chose qui te tracasse, tu me la raconteras à notre retour au lycée [...] Ecoute, ce n'est pas le moment. [...]Oui, on en reparlera, et arrête de me prendre la tête avec cette histoire, nous sommes tous les deux coupables ! [...] Oui, c'est ça, bye.

Niall raccrocha, et j'eus maintenant la certitude qu'il me cachait quelque chose, quelque chose d'assez grave pour que les deux garçons connus généralement comme des durs à cuire, se sentent coupables. Ils me croyaient peut-être naïve, innocente, mais c'était ce que j'étais avant, et j'avais bien changé depuis. Il fallait que je découvre ce qu'ils cachaient. Etait-ce << l'erreur >> dont Niall me parlait ? Avais-je un rapport dans tout ça ? Toutes sortes de questions firent leur entrée dans mon esprit. Si Harry était là, il m'aurait sans doutes aidés à trouver des réponses.


Harry. Si je n'avais pas été aussi égoïste, si je lui avais consacré plus de temps, peut-être serait-il là, à mes côtés, à me raconter une blague pour me faire rire. Mais ce n'était pas le cas et, sans Harry, j'avais l'impression de n'être plus rien. Un peu comme Bod sans Patrick. C'est fou l'attachement que l'on peut avoir pour une personne en seulement cinq mois. Il fallait que je répare les dégâts que j'avais faits car sans Harry, il m'était impossible d'avancer. Il était mon pilier.


Il restait quatre jours avant que les cours ne reprennent. J'avais donc quatre jours pour arranger les choses, et récupérer mon meilleur ami.


Du moins, si je ne l'avais pas entièrement perdu...

Rosa.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant