Mai 1827, Londres
Sébastian de la fenêtre de son bureau, suivait du regard le ballet des élégants attelages qui passaient par Upper Brook Street après le rituel de la promenade au parc. Il sourit. Certaines habitudes aristocratiques étaient véritablement restées dans l'air du temps. Les visites, la sortie quotidienne à Hyde Park, les soirées, les soupers et les bals...ce maelstrom d'activités qui rythmaient la vie des nobles de ce pays. Si fat et inutile. Comme si l'existence n'était qu'un amusement perpétuel, sans aucun sens.
Londres avait pris son essor, économique et industriel, pour son plus grand bonheur et avantage. Il avait été frappé à son arrivée par le développement incroyable de la capitale, depuis sa fuite aux Amériques.
Dès leur arrivée et installation une semaine plus tôt, le rythme de leur vie avait quelque peu changé. Cela, au grand chagrin de son fils qui se lamentait de ne plus pouvoir voir son oncle et de ne plus avoir la possibilité de jouer et gambader à son aise. De plus, l'absence de son chien adoré, avait été dure à supporter. Adrien demandait tous les jours des nouvelles que son père ne pouvait lui donner. Ce qui rendait le jeune garçon fort triste. Sébastian avait tenté de le réconforter en lui faisant connaitre la capitale, et les immenses transformations, lui montrant les magnifiques inventions techniques, mais même cela n'était pas suffisant pour redonner un vrai sourire à son fils.
Comment expliquer à son enfant que les relations avec son oncle étaient...conflictuelles. Que les sensations qu'il ressentait en sa présence étaient obscènes et malséantes. Que ces nuits, depuis leur départ d'Elton Hall étaient peuplées de rêves lascifs et grivois, les mettant en scène dans ce satané appartement. Qu'il n'avait pas ressenti de désir pour une femme depuis sa rencontre avec le duc. Qu'il n'arrivait pas à se défaire de la présence invisible de Christopher à ses côtés. Lui, qui avait toujours été sûr de lui, confiant en ses jugements, était en proie à des émotions antagonistes. Il se sentait complètement perdu. Et ne savait comment se défaire de cette attirance coupable et indécente. Que cette distance lui était nécessaire pour se reprendre. Et oublier.
Agité, il se dirigea vers son bureau, dans l'espoir de reprendre ses esprits. Espérant que le travail allait lui changer les idées, il prit son registre de compte et commença le compulser, quand il entendit frapper à la porte.
Alfred, son majordome entra dès qu'il eut l'autorisation.
- Monsieur Stanhope, Sir Anthony Whitmore demande à être reçu, tendant le plateau où était déposée la carte, à son maitre.
- Anthony Whitmore ? Seigneur, cela fait tellement longtemps. Bien sûr que je vais le recevoir. Alfred, apportez nous du thé et quelques toasts, je vous prie.
- Bien Monsieur.
Sébastian eut un large sourire. Anthony était son meilleur ami quand il vivait encore en Angleterre. Il avait été le seul à soutenir ce dernier quand il avait commencé à courtiser la sœur du Duc. Et avait approuvé leur fuite. Les aidants, d'ailleurs, en leur louant la calèche qu'ils devaient les transporter jusqu'en Ecosse. Il avait aussi organisé leur voyage vers l'Amérique.
Le majordome repartit et quelques instants plus tard, Anthony, grand gaillard blond, surgit dans la pièce. Sébastian n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit qu'il fut plaqué contre un large torse et étouffé dans des bras immenses.
- Mon Dieu, Seb, cela fait tellement longtemps ! S'exclama Anthony, libérant son vieil ami.
Le surnom affectueux amena un large sourire aux lèvres du jeune veuf. Le blond contempla son ami. Il nota les changements dans la corpulence du jeune veuf et tous les autres détails qui faisaient que le charme de Sébastian avait pris encore plus d'ampleur depuis ces dernières années, le rendant encore plus séduisant. Anthony se recomposa un visage impassible. Oui, Sébastian était devenu vraiment bel homme. Anthony eut un léger pincement au cœur. Il pensait que cette maudite attirance avait disparu avec le départ du jeune homme, mais il comprit que celle-ci s'était juste muselée, pour repartir de plus belle, dès qu'Anthony avait revu son ami. Triste, il comprit qu'il allait redevenir le meilleur ami, Sébastian n'ayant aucune idée de cette attraction proscrite qu'éprouvait Anthony pour lui. Accablé, il reprit son rôle de camarade superficiel et frivole.
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ECHEC ET MAT
Historical FictionAngleterre, au XIXème siècle...Christopher Lloyd Duc De Fiennes, voit d'un très mauvais œil le retour de son beau-frère, l'homme qui a entaché l'honneur de sa famille, en s'enfuyant avec sa sœur des années auparavant. La rencontre entre ces deux h...