Chapitre 8
Christopher se trouvait dans le salon aux meubles boisés, sirotant tranquillement son verre. Le club, dont il était membre, était l'un des plus courus et des plus fermés de la capitale. Jambes étendues devant lui, aimable, il tenait compagnie à trois amis venus lui souhaiter la bienvenue et le régaler des dernières fredaines du beau monde. Sous une apparente désinvolture, destinée à ses pairs, l'impatience le rongeait. Une impatience mêlée à une sombre fureur. Il se versa un second cognac, jetant des coups d'œil furtifs vers le hall d'entrée. Jusqu'à présent, il avait voulu se persuader qu'il exagérait l'attraction qui le poussait vers l'autre. Il refusait de le nommer. Mais, en le voyant sur le pas de la porte, il prit conscience de la tension de son corps. Il réalisa qu'il avait retenu sa respiration à la vision de son beau-frère, accompagné de son meilleur ami, Anthony Whitmore.
Le jeune blond héritier, le héla quand il l'aperçut. Se retournant vers son ami, il l'indiqua d'un mouvement de tête.
Le visage de Sébastian se ferma quand il croisa son regard. De toute évidence, le jeune veuf n'était pas particulièrement heureux de leurs retrouvailles, il se permit un rictus ironique. Il pouvait le comprendre, au vu de leur dernière confrontation, mais son honneur ne pesait pas grand-chose face à cette attirance coupable.
Les deux hommes se faufilèrent entre les tables basses, s'arrêtant ici et là, afin de répondre aux salutations des uns et des autres.
Christopher regardait leur lente progression, puis levant les yeux vers le valet de pied qui venait de paraître à côté de lui, sans bruit, il lui fit un signe discret de la tête : aucunement, Christopher ne souhaitait pas que l'on resserve un cognac aux visiteurs. Puis, profitant de ce que l'un de ses amis interrompait son monologue ennuyeux, pour reprendre souffle, il lâcha ce mensonge
- Je sais que vous nous excuserez, Hopkins, mais ces messieurs (montrant Sébastian et Anthony) et moi avons à discuter affaires.
Hopkins, se redressant, ne put qu'hocher plaisamment la tête face à cette fin de non-recevoir, tandis que Lord Ancram et lord Drummond se levèrent à leur tour. Ils se retournèrent à l'approche des deux hommes, et leur présentèrent leurs salutations. Ils discutèrent quelques minutes, sous le regard de plus en plus sombre de leur hôte, Voyant ce dernier crisper les mâchoires, signe de mécontentement extrême, Hopkins se dépêcha de mettre fin à leurs échanges.
Quand ils se retrouvèrent seuls, Christopher lança les hostilités.
- Bonsoir, mon cher beau-frère, des circonstances « hasardeuses » nous amènent donc à nous revoir.
- Apparemment, répliqua Sébastian.
- Anthony, cher ami (se tournant vers ce dernier), je vous remercierais jamais assez d'avoir réussi à conduire cet homme dans l'antre du péché.
- L'antre du péché est un bien grand mot pour définir ce cercle de jeux très select, englobant du regard la pièce luxueuse où ils étaient installés.
- Pensez-vous être en veine ce soir, cher beau-frère ? Se tournant vers Sébastian.
-Je ne suis pas mauvais aux jeux, répondit-il.
- Un petit pari, cela vous dirait ?
- Cela dépend ? De l'enjeu. Whitmore, pouvez-vous nous laisser un instant, je vous prie ? Demanda Christopher. Allez-vous installer au fumoir, nous vous rejoindrons bientôt. Vous êtes mon invité, bien entendu. Ne laissant aucune chance à son voisin de refuser.
Le grand blond leva un sourcil, perplexe face à cette requête exigeante, il se tourna vers son ami, qui hocha la tête et le rassura d'un signe imperceptible. Tranquillisé, il se leva et après un dernier regard vers Sébastian s'en alla.
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ECHEC ET MAT
Historical FictionAngleterre, au XIXème siècle...Christopher Lloyd Duc De Fiennes, voit d'un très mauvais œil le retour de son beau-frère, l'homme qui a entaché l'honneur de sa famille, en s'enfuyant avec sa sœur des années auparavant. La rencontre entre ces deux h...