Chapitre 22
Souhaitant éviter le plus possible d'éveiller les soupçons, les deux amants prenaient grand soin de ne jamais arriver en même temps, aux réceptions et autres évènements auxquels ils étaient tous deux conviés. En public, Christopher traitait son beau-frère avec une grande froideur, que ce dernier lui rendait. Ils savaient pertinemment qu'ils ne devaient en aucun cas trahir leur relation par une attention déplacée ou une remarque trop personnelle. Aussi, les deux hommes se montraient extrêmement distants l'un envers l'autre.
Les familles de la noblesse, eux, étaient heureux de voir le Duc De Fiennes se présenter à leurs réceptions et à leurs bals. La présence de cet éminent membre de l'aristocratie, connu pour réprouver ces divertissements frivoles, les enchantaient, apportant du prestige à leur réception. Personne ne se doutait que ce soudain intérêt pour la saison mondaine était lié à son amant.
Mais au fur et à mesure des semaines, Sébastian semblait de moins en moins apprécier cette obligation de discrétion. Il savait qu'ils n'avaient pas le choix. Que leur liaison devait demeurer secrète, mais ce n'était pas dans sa nature. Mais, plus les réceptions s'enchainaient, plus il éprouvait des difficultés à rester stoïque face aux obligations mondaines de son amant. Et le fait de devoir regarder Christopher frayer avec les jeunes débutantes avides de passer la bague au doigt à un duc, lui causait une insatisfaction grandissante dont il finit par faire part à son amant, un soir alors que le jeune homme regardait pour la énième fois, son duc danser avec une jouvencelle. Profitant que Christopher, fatigué, se dirigeait vers ce qui semblait être un grand balcon et saisit par une jalousie, primaire, instinctive, le jeune veuf suivit son amant discrètement.
Le jeune duc voulait prendre l'air, ne supportant plus de devoir faire semblant. De devoir faire le beau devant ces messieurs et dames. Il avait besoin de mettre de la distance. Prétextant un besoin d'air, il avait raccompagné son invitée, toute rougissante, vers son chaperon. Apres un baisemain qui faillit faire s'évanouir la jeune débutante, il prit le chemin de la terrasse.
Penché contre la balustrade, il fixait sans voir le magnifique jardin. Les épaules avachis, il sentait en lui, une immense fatigue émotionnelle. Jouer le rôle de l'aristocrate blasé, commençait vraiment à l'épuiser nerveusement. Toujours être dans la retenue, ne lui semblait pas aussi simple. Bien qu'il avait toujours estimé que l'impassibilité était la meilleure de ses armes. Mais avec son amant, dans les parages, à chaque réception, il réalisait que son sang-froid avait ses limites. Notamment quand il voyait de jeunes péronnelles se ruer vers son riche compagnon, avides d'attraper un beau parti, dans leurs filets.
Il eut un sourire moqueur. Et se demanda si Sébastian éprouvait la même chose que lui, quand il le voyait, lui aussi, encerclé par la même horde de jeunes demoiselles en quêtes d'un homme fortuné et titré. Un bruit imperceptible le fit revenir sur terre. Il sentit un frisson lui courir l'échine et il resta dos à la salle de bal car il savait pertinemment qui se trouvait derrière lui.
– C'est dangereux, avisa-t-il calmement.
– Certes !
– Que fais-tu là ? Demanda Christopher, faisant face à son amant
.- Je voulais te parler.
– Tu ne pouvais pas attendre qu'on soit seuls ?
– C'est le cas, il me semble, rétorqua Sébastian. Englobant d'un geste la terrasse et le jardin.
– Je ne te savais pas si insensé, mon cher ! Et téméraire !
– Nous sommes deux hommes qui discutons calmement sur la terrasse, Christopher. Il n'y a rien de licencieux dans cet acte ou d'équivoque.
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ECHEC ET MAT
Historical FictionAngleterre, au XIXème siècle...Christopher Lloyd Duc De Fiennes, voit d'un très mauvais œil le retour de son beau-frère, l'homme qui a entaché l'honneur de sa famille, en s'enfuyant avec sa sœur des années auparavant. La rencontre entre ces deux h...