ECHEC ET MAT

Chapitre 9

Chapitre 9

Sur la table, trônait un magnifique jeu d'échecs en bois de rose et d'ébène, avec un plateau en bois massif aux bords arrondis en Palissandre doré. Il était évident que ce superbe objet ludique était fabriqué par des maîtres artisans. Christopher se rapprocha et pris une des pièces pour la contempler : celle-ci était finement ciselée, sculptée, tournée et finie à la perfection, à la main, ajoutant ainsi de la beauté de cet ensemble. A l'image de cet hôtel particulier.

A côté du jeu, il vit une bouteille de vieux brandy, attendant sagement d'être entamée.

Christopher ne comprenait pas pourquoi son beau-frère avait répondu à son défi. Peut-être qu'à l'idée de perdre son fils, son sang n'avait fait qu'un tour. Il se savait extrêmement douer, au jeu d'échec, en tout cas plus qu'aux cartes. Néanmoins, il se figura que Sébastien devait l'être tout autant, et de fait, très bon adversaire et fin stratège, au vu de son choix.

L'attente avait été fastidieuse. Chaque jour, il se demandait si Sébastian n'allait pas mettre un terme à son défi. Lui envoyant un mot pour annuler cette soirée. Quelle ne fut pas son étonnement quand il reçut un carton d'invitation de la part de son beau-frère. Et pendant toute la journée, il avait été sur des charbons ardents. Fébrile et empli d'excitation. Mais il savait que Sébastian n'était pas homme à se laisser dicter sa conduite et à montrer ses faiblesses. La couardise ne faisait aucune partie du vocabulaire de ce dernier. Ce que Christopher admirait secrètement.

Il était relativement tard, Sébastian avait préféré que la partie se déroule dans sa résidence, invoquant le fait que son fils aurait grand plaisir à voir son oncle. Christopher avait accepté et la soirée au côté de son neveu et de son père moins enthousiaste avait été un réel enchantement. Il avait réalisé qu'Adrien lui avait véritablement manqué. Son enthousiasme juvénile, ses bavardages, ses rires avaient été une bouffée d'air frais, dans la vie du duc. Le jeune garçon, inconsciemment, avait pris une place importante dans le cœur du noble.

Au bruit de la porte, il se retourna. Sébastian entra dans le salon. Un silence inconfortable s'installa. Christopher se sentait légèrement fautif, d'utiliser l'amour qu'éprouvait Sébastian pour son fils pour satisfaire ses envies. Mais cette culpabilité fut vite balayée par la vague de désir qui le traversa, en contemplant le corps viril de son beau-frère. Il se racla la gorge.

- Adrien est couché ?

- Oui ! Enfin ! Votre venue l'avait tout excité.

Christopher, nota Sébastian, eut un merveilleux sourire à l'évocation du jeune garçon.

- Il est adorable. Sa grand-mère lui manque.

- Oui, il l'est.

- Votre jeu est superbe, fit Christopher tentant de meubler le silence.

- Oui, c'est votre sœur qui me l'a offert et qui m'y a initié. Elle était extrêmement douée. J'avais été assez surpris qu'une femme maitrise ce jeu stratégique. Mais, vous le savez aussi bien que moi, Anna était tout sauf stupide.

- C'est vrai, elle adorait ce jeu. Quand nous étions jeunes, elle m'avait assez souvent vaincu. Nous nous lancions des défis stupides et celui qui l'emportait avait un gage.

- Oui, j'ai eu le même cas de figure. Il m'arrivait souvent de devoir nettoyer la chambre ou de la laisser m'...

- Oui ???

- Non... rien

- De vous attacher ???

- Mon intimité avec votre sœur ne vous concerne aucunement.