chapitre 23

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Chapitre 23

Les deux protagonistes se fixaient en chien de faïence, assis l'un en face de l'autre. Des rafraîchissements avaient été servis devant la cheminée dans la pièce principale, un grand salon meublé de très belles antiquités en chêne, dont les murs étaient ornés de tableaux de maitres et le sol recouvert d'un épais tapis oriental.

Le retour à la demeure ducale avait été effectué dans un silence glacial. Sébastian avait voulu les suivre, mais Christopher l'en avait empêché. Il connaissait le caractère de sa génitrice. Elle pouvait être aussi impitoyable que feu son mari, notamment quand l'honneur de la famille était en jeu. Il ne voulait pas que son amant subisse les foudres maternelles. Apres de longues et difficiles palabres, il avait réussi à éconduire Sébastian. Subissant l'indignation colérique de ce dernier.

Une voix sèche et aristocratique le sortit de ses pensées. Posant sa tasse de thé sur la table, la duchesse était passée à l'offensive.

- Lloyd, vous envisagez réellement de détruire l'honneur et la réputation de notre famille ? Les frasques de votre père ne vous ont pas suffis ? Je refuse que notre famille soit encore vilipendée par la haute société et de nouveau éclaboussée par un scandale !

- Je comprends, mère ! Mais ne souhaitez-vous pas le bonheur de votre fils ?

- Certes, mais pas au détriment de notre nom ! Que vous ayez une...affection profonde pour Stanhope, cela peut se concevoir, vous avez toujours montré un gout inconvenant pour votre propre sexe, j'en ai fait mon deuil. Mais vous projetez de vivre avec lui ! C'est intolérable ! Inadmissible ! Comment allez-vous expliciter cela devant les autres ?

- Ah Mère ! Je reconnais bien là, votre dévouement familial !

- Ne soyez pas sarcastique, Lloyd ! Devrais-je me cacher au plus profond du coin de l'Angleterre, parce que mon fils a un comportement inavouable et hors norme ?

- Que dois-je faire, en ce cas ?

- Mariez-vous avec une péronnelle naïve, qui ne prendra pas ombrage de votre déviance ! Concevez un héritier et gardez Stanhope caché dans votre garçonnière. Beaucoup d'aristocrates ont des maitresses, cela est même un mode de vie. Faites comme tout le monde.

- Vous êtes sérieuse ?

- Evidemment !

- Vous me stupéfiez mère ! Vous me stupéfiez !

- Je suis stupéfiante, rétorqua la duchesse douanière, imperturbable. Mais je vous interdis de vous montrer avec votre « amant » devant la haute société. C'est hors de question !

- Ne pensez-vous pas que le malheur a déjà assez détruit cette famille, riposta Christopher.

- Certes Lloyd ! Vous avez été éduqué par un homme difficile. Votre père était un homme cruel, froid et critique. Qui n'a jamais compris votre valeur, ne vous a jamais aimé et ne vous a jamais complimenté. Je me souviens que l'échec était proscrit, des punitions, souvent à coups de fouet. Vous avez appris à être dur depuis votre enfance, ne pas montrer vos faiblesses. Votre père vous a appris à être intolérant, dans votre maison, mais aussi dans votre vie. Pour une fois, je peux comprendre le pourquoi de cette éducation. Vous êtes un De Fiennes, Lloyd. Stanhope est une faiblesse. Vous ne pouvez-vous soustraire à vos obligations.

Le jeune Duc se leva d'un bond, marchant de long en large devant sa mère. Puis, il s'immobilisa devant elle et mis ses mains sur les accoudoirs du fauteuil, empêchant cette dernière de bouger.

ECHEC ET MATOù les histoires vivent. Découvrez maintenant