chapitre 12

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Chapitre 12

La saison mondaine avait bien debuté, avec son ballet habituel de réceptions, de soupers, de bals. C'était à cette période où « le Bon Ton » réalisait leur alliances, permettant ainsi d'assurer leur descendance et de procéder à des mariages fructueux.

Feuilletant distraitement les derniers cartons d'invitations reçus, Christopher soupira d'ennui. Rien ne l'intéressait, il n'avait que faire de tout cela. Sauf... d'une chose, d'une personne. Il était comme à l'affut, semblable à un braconnier, pourchassant sans relâche sa proie. Il était à l'affut, écoutant tout ce qui se disait sur un certain jeune veuf. Il avait été vu se promenant avec son fils dans Hyde Park. Déjeunant avec son meilleur ami dans des salons de thés. Etrangement, cela l'affectait grandement d'être aussi intéressé par les allées et venues de Sébastian. Mais il ne pouvait se résoudre à oublier cette nuit mémorable.

Certes, il comprenait parfaitement que Sébastian puisse être inquiété par un potentiel scandale, qui ruinerait à jamais leurs réputations et leurs vies. Mais comment accepter de vivre qu'une seule et unique nuit, alors qu'il désirait encore plus cet homme, depuis ? Il ne pouvait pas blâmer son beau-frère d'être prudent. Mais cela ne l'empêchait pas de ressentir une immense frustration, mêlée à une grande colère. Contre son amant, qui avait réussi à dépasser son engouement. Contre lui, qui inversement était de l'incapacité de faire abstraction des sentiments qu'il éprouvait pour ce dernier.

A ce moment précis, contemplant fixement, trop fixement le jeune homme qui dansait avec une jeune demoiselle, il avait une furieuse envie de les séparer. Mais surtout, il avait envie d'attraper Sébastian, de l'emmener chez lui, le soustraire aux autres, afin de le convaincre de poursuivre leur liaison. Sa passion dévorante menaçait de lui faire perdre la tête. Et il se maudissait d'être incapable de s'en détacher. Lui, Christopher Lloyd, Duc De Fiennes, sulfureux aristocrate, l'un des nobles les plus puissants de Londres, demeurait désormais suspendus aux faits et gestes d'un homme qui ne voulait pas de lui. Il y avait de quoi se pendre.

Il était tellement concentré sur les moindres faits et gestes de Sébastian, qu'il ne réalisa pas de suite que le meilleur ami de ce dernier se tenait à ses côtés, un verre à la main.

- Votre grâce !

Christopher sursauta, pivotant vers Anthony, à qui il adressa un sourire contraint.

- Whitmore ! Comment allez-vous ?

- Bien ! Et vous, lui lançant un regard pénétrant. Vous m'avez l'air...férocement furieux.

Agacé, le jeune duc tenta de se recomposer un visage placide.

- Je vais très bien, Whitmore ! Qu'est-ce qui vous fait penser le contraire ?

- Juste l'assassinat par votre regard, de la demoiselle qui danse avec Sébastian.

Atterré, le jeune duc examinant franchement son vis-à-vis.

- Que voulez-vous dire ?

- Je ne sais pas, à vrai dire ! Répondit mielleusement l'ami de son ex-amant.

- Alors, évitez moi ces sous-entendus douteux, Whitmore !

Le jeune homme prit une gorgée de vin.

- Dans ce cas, arrêtez de fusiller des yeux, chaque pauvre hère qui a le malheur de se trouver à coté de Stanhope.

- Je ne fusille pas du...

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