Chapitre 8 ~

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Je restais assis. À contempler Harry, le regard perdu dans le verre d'eau qui se tenait devant lui.

Harry : Tu l'attends, n'est ce pas.

Je haussai les épaules.

Moi : Il va venir d'une minute à l'autre.

Il prit un grand soupir.

Harry : Il est passé minuit. Nous partons aujourd'hui soir. Tu viendras pas vrai ?

Je n'avais pas besoin de répondre, il connaissait déja ma réponse.

Harry : Il y'a des trucs pas très nets qui se passent dans ce village. C'est la raison pour laquelle nous partons.

Moi : ...Quel genre de trucs ?

J'avais un air amusé, alors il bu une gorgée d'eau puis posa le verre violemment.

Harry : Je ne blague pas... Tu le découvriras bientôt de toute manière.

Nous restâmes comme ça, jusqu'à une heure du matin, à se regarder ou à regarder autre part. À s'entendre respirer. Avant que je ne décide d'aller m'endormir, réalisant finalement qu'Antoine n'allait pas venir.

J'avais rêvé cette nuit là, un rêve pas très clair, mais qui semblait tellement réel. Je me suis rêvé, quelque part, dans une ville avec beaucoup de lumières et de lampadaires, beaucoup de grattes-ciel. Et puis j'avais rêvé d'Harry, il semblait différent, comme s'il revenait d'une guerre. Et puis le noir.



Il était neuf heures du matin. Je fit mon rituel matinal : Douche, Brossage de dents, enfilage de short. Puis descendit boire mon café accompagné d'un toast au nutella.

Toujours pas de signe d'Adam et Louis, pas de signe de Harry non plus.

Quelqu'un frappa à la porte.

Je parti ouvrir en m'imagineant déja Antoine tenant quelque chose entre les mains, arborant son sourire habituel.

Mais ce n'était pas lui. C'était tout sauf lui.

Serge : Euh... Salut... Je peux rentrer ?

Serge avait une voix grave, avec un léger accent africain qui lui donnait du charme, il ne fallait pas se mentir, il était assez beau et assez musclé.

Je lui fis signe de rentrer puis l'emmena jusqu'à la cuisine et lui proposai de s'asseoir, juste devant moi, ce qu'il fit.

Moi : Tu n'es pas allé aux entrainements ?

Serge avait un air faussement sympathique, il croyait me berner mais je voyais clairement dans ses yeux cette lueur de mépris et de dégoût.

Serge : Je veux pas être relou... Mais... Tu es gay ? Non ?

Je repondis fermement.

Moi : Non. Pourquoi je le serais ?

Serge : Rooh c'est bon arrête tu trompes personne, avec tes habits de pd et tes...

Moi : Si t'es venu me cracher ta haine de, justement, pds refoulés, alors tu peux sortir, la porte est plus large que tes épaules...

Je parlais sèchement, je ne montrais aucun signe de tristesse ou de haine ou de méchanceté. Juste un ton droit, fade.

Serge : Vous comptez rester combien ici ? Je suis venu te proposer un...

Moi : Pas longtemps...

Serge : Pas longtemps, genre ?

Moi : Genre dix heures de plus.

Il était choqué. Je le voyais dans ses yeux aussi noirs que ses cheveux crépus brillants.

Serge : Ah ouais ! Vous perdez pas de temps wesh ! On dirait que le petit Antoine n'a pas réussi à te convaincre !

Moi : Me convaincre de quoi ?

Il souriait. Ses dents étaient blanches et alignés. Un beau sourire.

Serge : Bah de... Me dis pas que ? (Il commence à chuchoter). Mais Safae m'a pourtant dit que...

Moi : Safae ?

Serge : Oh non rien.

Moi : En parlant de Safae...

Je souriais en m'imagineant sa réaction. Je le quittai du regard une demie seconde, le temps de raviver la flemme qui brulait dans mes yeux, puis le fixai.

Moi : Je l'ai vu baiser avec Antoine hier.

Il y'eut comme un moment de flottement. Comme je l'imaginais, Serge était choqué, tellement choqué qu'il baissa son regard, ce qui me fit plus sourire.

Puis il me refixa. Il semblait s'y attendre.

Moi : Quoi ? Ça te fais rien ?

Serge : Quoi ? Ça te fais quelque chose toi ? Il t'a fait perdre la tête Antoine miskine.

Moi : C'est ta copine pourtant !

Serge : Safae ? Oui, mais elle fait son boulot.

Il se leva, et me fit une tape sur l'épaule avant de sortir.

Serge : Parfois, il faut nourrir son chien pour qu'il reste fidèle.

Il claqua la porte derrière lui. Et j'enfoui mon visage dans mes bras. Trop fatigué. De quel chien parlait-il ? Antoine ? Il était venu pour me proposer quelque chose, pourquoi ne l'a-t-il pas fait ?

Harry avait raison, j'étais là pour passer mes vacances pas pour me retomber amoureux. Mais comment résister, quand tu as l'impression que tu viens de rencontrer l'amour de ta vie, ton autre moitié.

Demain j'allais partir loin d'ici, laissant tout ceci derriére, faire ce que je savais faire de mieux : Disparaître et oublier. Je n'avais plus rien à perdre.

J'enfilai les premières basket qui me passèrent sous la main, un maillot de foot qui appartenait à Harry, et sortit en direcion du stade.

J'arrivai vingt minutes après, et ils avaient déja fini les entrainements et étaient passés à l'application, au match.

Antoine était rapide. Il était attaquant. Il savait manier ses jambes et il était impressionant, mais je devais surement abuser probablement parce que j'etais nul en foot.

Il profita d'une pause pour venir me parler, éssouflé, suant, bouteille à la main.

Antoine : Ça va ? Pas trop dur de mater mon corps en sueur ?

Il respirait rapidement et bruyamment.

Et mon air sérieux lui rappela rapidement que sa blague était au mauvais moment.

Antoine : Quoi ? Ça va ? Il s'est passé quelque chose ?

Il continua de boire.

Moi : Je dois te parler, Antoine.

Il posa sa bouteille.

Antoine : Et bien parle, je t'écoute.

Moi : Je pars... Ce soir... Je quitte le village.

Il s'immobilisa le temps d'une seconde, et me regarda, longuement.
Et moi, je n'osais même plus le regarder, je ne voulais pas avoir de souvenirs de ce moment, je ne voulais pas avoir de souvenir de ses yeux bleus ciels ou bleus océan, ses cheveux en bataille bruns dans l'obscurité et blonds au soleil, son petit nez, droit, sa petite bouche et ses lèvres miniscules dont je me demandais toujours quel goût ils avaient, sa peau blanche, avec quelques grains de beautés.

Ses yeux étaient tristes, mais fiers en même temps. Ce sentiment : La fierté, il le transpirait.

Il s' assit près de moi, regardant les autres joueurs continuer le match sans lui.

Antoine : Moi aussi j'ai quelque chose à te dire.

Straight Love. [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant