Chapitre 26 ¤

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Eduardo avait reprit son attitude normale, comme si rien ne s'était passé, et ça me réjouissait même si au fond de moi, il était toujours le garçon qui m'en avait voulu de ne pas l'avoir aimé en retour. Peut-être que c'est moi l'égoïste dans cette histoire ?

Il s'arrêta un moment, s'adossa au réfrigérateur et me regarda longuement avec de parler.

Eduardo : Ouais. Il n'y a rien d'intéressant, il nous déclare comme "serveurs", on travaille de 22h00 à 06h00.

Je l'interrompis.

Akram : Six heures du matin ! C'est un peu beaucoup ! Huit heures de travail non stop ?

Eduardo : Et oui ! Il stipule aussi qu'il pourrait nous virer quand il veut, sans pour autant fournir de justifications.

Akram : Et on doit le signer ? Il y'a son nom la dessus ?

Eduardo : Non, c'est juste une copie, une copie sans nom ni signature, on a déja signé chez lui l'autre fois. Tu te rapelles ?

Akram : Vaguement... On commence aujourd'hui, ça te fait pas peur ?

Il sourit. Le repas était prêt, il sortit du four un grand plat de vices aux fromages et à la viande hachée, et le posa devant moi, je saisis deux assiettes, deux fourchettes et je les servis sur la table.

Eduardo : Tu n'as pas à avoir peur, du haut de tes seize ans, tu ne risques pas grand chose, toi !

Il prit nos deux fourchettes, et prit du plat une ration assez conséquente qu'il posa dans mon assiette.

Akram : Je ne parle pas de moi, je te l'ai demandé à toi !

Il mangeait rapidement, et je le regardais faire en attendant sa réponse. Il répondit la bouche pleine.

Eduardo : Pas spécialement. Je voudrais pas te décourager, crois moi, ça va bien se passer.

Je me mis à manger, on mangeait en silence, on écoutait l'ambiance calme que projettait la forêt. Le repas était en verité un repas pour quatre, il m'avait menti en disant que ce n'était qu'un plan pour deux, alors il en repris une autre part, et même s'il faisait tout pour que ceci n'arrive pas : il resta une part pour Antoine.

Il était quinze heure de l'après midi, il faisait très chaud, mais la maison était assez froide. Eduardo monta à sa chambre, me laissant seul dans la cuisine, contemplant les murs, me demandant ce que je fous bien dans un village pareil, travaillant en vendeur de drogue.

Antoine arriva vingt et trois minutes après, j'avais l'heure devant moi, il avait une mine fatigué, le déjeuner était encore chaud car on l'avait laissé dans le four éteint mais qui n'avait pas encore refroidi, il mangea directement dans le plat, sans parler, il clignait des yeux lentement et lourdement.

Akram : Quoi ? Ça va pas bien ?

Antoine : Non, non. Ne t'inquiète pas, juste une petite dispute, mais je m'en fou pas mal.

Il sourit rapidement pour me faire plaisir, puis baissa son visage et reprit son allure brisée.

Akram : Elle a vraiment jeté toutes tes affaires ? C'est vraiment une salope. Comment t'as pu baiser une meuf pareil ?

Il rit, j'avais réussi à le faire rire alors je ris aussi, je n'étais pas très doué pour être vulgaire, en verité, je l'étais, mais je faisais tout pour le cacher. Son rire s'effaça rapidement.

Antoine : Ouais. On ira en acheter d'autres plus tard de toute façon. Ce n'est pas le problème.

Il y'eut un silence avant qu'il ne se décide de reprendre. Il me lança un regard accusateur.

Antoine : Akram ? Tu as refléchi à la décision que tu as prise, qu'est ce que tu peux bien foutre à vendre de la drogue bordel... Je ne vais pas te laisser bosser dans un endroit pareil !

Le changement de sujet soudain m'avait surpris, d'autant plus qu'il me regardait férocement, on aurait dit qu'il était prêt à me sauter dessus.

Akram : Tu sais bien pourquoi je fais ça.

Antoine : Tu dois oublier tout ça, Akram, tu ferais mieux ! Tu ne pourras jamais rien changer, tes potes sont MORTS Akram. C'est fini. Ce mec est beaucoup trop dangereux pour toi.

Akram : Je m'en fou. Ce mec là a tué mon cousin. J'irai jusqu'au bout.

Il poussa un long soupir, très long soupir qui se transforma en cri quand il su qu'il ne lui restait que peu de souffle. Mais il n'avait pas la force de hausser le ton, il me suppliait de la voix et du regard.

Antoine : Tu ne comprends donc jamais. Bref, tu sais quoi, fais ce que tu veux.

Akram : D'accord. Tu le connais toi ? Tu pourrais me réveler son identité, et j'irai à la police et on oubliera tout ça.

Il mangeait toujours, toujours aussi lentement, et en me levant les yeux vers moi avant chaque bouchée.

Antoine : Il est trop dangereux pour toi. Je dois te le répeter milles fois pour que ça rentre dans ta petite tête. Tu as seize ans, retourne chez toi !

Je m'étais énervé aussi, je fis ce qu'il ne pouvait pas faire : hausser le ton.

Akram : Retourner chez moi ? Tu veux que je retourne chez moi, chez sa mère et lui dire "Bon voilà, ton fils est mort, celui qui l'a tué est toujours entrain de profiter de sa vie, je l'ai vu, j'aurais pu le faire emprisonner, mais il est trop dangereux pour moi, donc désolé, mais voilà quoi."

Il poussa un nouveau un long soupir. Lacha sa fourchette assez violemment pour que ça fasse un bruit qui me cassa les oreilles, et poussa le plat devant lui : il était vide, et ça m'avait surpris, je ne pensais pas qu'il avait mangé autant.

Antoine : C'est mieux que de ne pas retourner pas du tout.

Il débarassa la table, lava rapidement le plat et s'arrêta au seuil de la cuisine, me donnant le dos.

Antoine : Ne joue pas trop avec le feu.

Straight Love. [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant