Chapitre 21 ¤

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La pièce était froide, plongée dans l'obscurité et le silence. L'homme au chapeau blanc retira ses jambes du bureau qui le séparait de deux fauteuils très chers, faisant ainsi disparaître ses chaussures en cuir marron de ma vue.

Eduardo se hâta et prit le fauteil à droite, quant à moi, je restai un peu, le temps de chasser les souvenirs de cette pièce qui y puait la mort, avant de me décider de m'assoir, hésitant.

Ed : Ce sera mieux si on allumait la lumière, vous pensez pas.

L'homme, que je surnomerai "Boss", souriait de sorte à ne pas faire tomber son cigare, ses dents blanches ressortaient dans le noir. Je remarquai une dent dorée.

Boss : On vient de rénover la pièce, il n'y a pas encore de lumière.

Sa voix inspirait l'arrogance, elle était grave et rauque, il avait prit un ton moqueur.

Il y'eut un petit silence avant qu'il ne se décide à poursuivre, s'adressant cette fois à moi.

Boss : Akram, c'est ça ? Je suis désolé pour ce qui s'est passé à tes amis, ils étaient de bons clients pour nous.

Sa voix résonnait dans ma tête, le "désolé" ne sonnait pas comme s'il l'avait dit pour présenter ses condoléances, plutôt comme s'il s'excusait pour quelque chose qu'il aurait fait.

Je tournai mes yeux vers lui, avec un regard insistant et un sourire au coin.

Akram : Ils n'étaient pas mes amis, de simples colocataires.

Il était surpris, comme soulagé, et il ne put retenir un sourire qui lui mangeait la figure et le poussa à reprendre le cigare entre ses deux doigts.

Boss : Bien. Passons. Vous êtes là pour travailler chez moi, et il y'a des conditions à respecter. Je vais être clair : Parlez, et je vous coupe la langue.

Sa voix s'était durcie, il avait froncé les sourcils et avait réunit les doigts de ses deux mains, les coudes posés sur la table.
Eduardo avait fait un leger mouvement de la tête en entendant les mots du Boss, puis il s'était resaisit pour le laisser continuer.

Boss : Vous devez nous être fidèles. Vous mourrez sinon. Ce n'est pas des blagues. Votre travail commence demain, il y'a aussi un contrat à signer, vous le lirez chez vous. Partez.

Il nous tendit deux dossiers, je pouvais entrevoir quatres ou cinq feuilles. Un contrat pour vendre de la drogue ? J'en rigolais intérieurement, mais je n'affichais qu'un visage neutre, l'entendre parler me dégoutait.

J'eus l'idée de sortir mon téléphone pour éclairer la gueule de l'homme qui avait tué mes "amis", mais Safae me mit rapidement sa main sur mon épaule pour me signaler qu'il était temps de sortir.

Avant de sortir, je crosai les yeux du Boss, nos regards voulaient tout dire, comme s'il savait que je savais ce qui s'était passé, et comme si je savais qu'il savait que je savais ce qui s'était passé. Son regard voulait dire "Tente quelque chose et tu mourras", le mien voulait dire "Ta fin est proche".

Safae resta à l'intérieur, Eduardo me fit signe de le suivre dans la voiture, je compris que la soirée n'était pas fini. Il monta devant et je fis pareil en jetant les dossiers qu'on nous avait donné derrière.

Akram : On va où ?

Il sourit, démarra le voiture. Je savais pertinemment qu'il n'allait pas me répondre.

Ed : Le mafieux là, tu l'as trouvé comment ?

Akram : Cliché. Un gros connard arrogant de merde. Franchement, j'ai pas trop envie de parler de lui.

Ed : Il me fait flipper ! Putain, si j'avais pas besoin d'argent, je ne me serais jamais mis dans ce pétrin !

Il me regarda pour voir si je ne le verrais pas comme un lâche ou un gamin, et je lui souriai, un sourire un peu fatigué.

Akram : J'ai super faim, sinon.

Ed : Ah ouais ? Bah du coup ça change mes plans, ou bouge au resto.

Je haussai les épaules.

Akram : Comme si t'avais des plans, de toute façon.

Il changea subitement de route, et retourna en arrière, puis se gara devant un restaurant, tout ce qu'il y'a de plus banal, il toucha une voiture derrière nous, heureusement que personne ne nous avait vu.

Akram : Tu devrais passer le permis.

Ed : J'y réfléchirai.

Il sortit et claqua la portière, je fis pareil et nous entrâmes en même temps dans la restaurant.

Il était normal, ambiance un peu romantique, pas trop, une musique douce à peine audible, masquée par le bruit des gens. Les tables était disposées un peu partout, mais il n'y en avait aucune dans le tapis rouge en ligne droite qui allait de l'entrée au bar.

Eduardo s'asseya sur la chaise en vitre d'une table au fond, collée à une fenêtre qui donnait sur la rue, je le suivit.

C'était un restaurant un peu cheap, mais le serveur arriva aussitôt, prit notre commande et rapidement, il dressa les plats un par un devant nous, une salade appétissante, et un plat principal inconnu à base de steak que je décidai de ne pas manger.

Je finis rapidement mon plat, Eduardo mit un peu plus de temps à galérer avec son steak qui voulait à peine se couper, je le regardais se battre en m'acoudant sur la table, il me jetait un petit coup d'oeil des fois avec un sourire à craquer.

Il termina son repas après quelques minutes, paya rapidement l'addition, et nous sortîmes de ce restaurant qui puait le pauvre.

Akram : Tu n'as pas été très brillant ce soir, monsieur Eduardo, un sur dix pour la participation.

Il sourit et me fit un clin d'oeil en ouvrant la portière.

Ed : Ce n'est pas encore fini.

Il s'assit, démarra la voiture et accélera directement jusqu'à ce que nous arrivâmes à un coin sombre, dégagé, juste à l'entrée de la forêt.

Il retira les clés de la voiture ce qui foutu une ambiance silencieuse, chaude, apaisante, j'avais le regard perdu dans les buissons devant nous quand il me prit la main, un frisson me parcoura le corps.

Je le voyais venir.

Ed : Akram... Bon voilà, on se connait et on vit ensemble depuis deux semaines...

Sa voix s'assombrit, il prit un ton plus calme. Il bégaillait un peu, et serrait ma main pour ne pas trembler.

Ed : Je ne sais jamais comment m'y prendre, au faite, c'est la premiére fois que je fais ça... Je divague...

Je laissai échapper un sourire, ce qui le stressa encore plus, lui rappelant qu'il ne parlait pas à une machine silencieuse mais bien à un être humain.

Ed : Euh... Tu es quelqu'un de bien, Akram... Tu... Tu me plais.

J'aurai peut être dû l'embrasser, mais il tremblait tellement le pauvre, ça n'aurait fait qu'aggraver son cas, il serait peut-être mort sur le coup.

C'est des conneries tout ça, des prétextes, je ne l'embrassai pas parce que je ne l'aimais pas.

Je retirai ma main, lui souris chaudement, peut-être qu'il pouvait lire dans mon regard de la pitié, puis me retournai vers le paysage devant nous, accoudé à la portière.

Akram : Toi aussi tu me plais, Eduardo. Revenons à la maison maintenant, s'il te plait.

Straight Love. [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant