Il me regarda un long moment comme pour me dire "Je viens de te dire que tu me plais ? Tu ne comptes pas réagir ?". Je roulai les yeux, et il se décida enfin à démarrer.
Il y'avait un silence froid dans la voiture, un silence qui criait beaucoup de choses. Il avait l'air devasté, ça me brûlait le cœur, mais franchement, le vieux gamin égoïste que j'étais souriait au fond de lui, content de plaire.
Finalement, j'étais peut-être trop fatigué, et quand je suis fatigué, je suis enervé. Et quand je suis énervé, je suis méprisant. J'étais sur le point de dormir, quand le bruit de la portière claquée violemment me réveilla, Eduardo m'avait laissé les clés et était rentré sans me parler.
Je lâchai un long soupir, restai un petit moment, entrain de fixer la maison d'Antoine, ou du moins celle qui était censée être la sienne, en me demandant ce qu'il faisait, où il était, pourquoi il avait disparu juste après m'avoir craché sa haine.
Je sortis de la voiture, j'étais assez remonté et épuisé pour aller directement l'affronter, il était affalé sur son lit, couché sur le ventre, il n'avait même pas pris le temps de se changer.
Akram : Qu'est ce qu'il y'a ? Tu vas pas commencer à me prendre la tête encore ?
Il se retourna, s'assit, et me fixa d'un regard noir qui me poussa à baisser les yeux le temps d'une seconde avant de les relever.
Il souriait bêtement. Ses phrases étaient entrecoupés, je n'en saisit le sens que de quelques unes, comme si il pensait plus vite qu'il ne parlait.
Ed : Non, il n'y a rien, au fait... J'aurais jamais du... Tu sais quoi, oublie. Arrête de faire semblant de pas savoir.
Je haussai les épaules.
Akram : Eduardo... Je suis fatigué, je vais aller dormir. Bonne nuit.
Il regarda le mur, rigola débilement et y enfonça son coup de poing d'un élan tellement fort que le bruit avait retentit dans toute la maison.
Akram : Tu es violent. Il ne faut pas. Bonne nuit.
Je sortis de sa chambre, claquai la porte et allai directement me coucher.
Une fois la tête sur l'oreiller, je commençai à me répeter la journée dans la mémoire, et une idée me traversa l'esprit. J'avais les pensées un peu brouillées mais celle-ci sortait du lot.
Ce contrat, je ne l'avais pas encore lu, mais il devait surement mentionner le trafic, il devait surement constituer une preuve suffisante pour les mettre tous derrière les barreaux.Le soleil vint caresser mes paupiéres closes de ses rayons chauds, j'avais oublié de fermer la fenêtre. Je me levai doucement, en me frottant les yeux, je changeai les vêtements que je portais depuis hier, en mettant un t-shirt un peu trop ample pour moi, un pantalon de survêtements qui était faconné pour être sexy mais qui flottait dans des endroits où il ne fallait pas. Je me noyais dans mes vêtements.
Je me levai doucement, remis en arrière une mèche qui tombait sur mon oeil droit, et allai me laver le visage.
Je vis la porte d'Eduardo entr'ouverte, son lit était vide, il y avait encore les traces de son poing contre le mur. En entrant, le parfum dont il était accro empestait, il s'en mettait toutes les demie-heures, il avait laissé son téléphone se charger, les vêtements qu'il avait mis hier étaient pliés sur le lit.Je descendis les marches une par une, pour ne pas faire de bruit, et je me dirigeai jusqu'à la cuisine où je tombai sur Eduardo qui me donnait du dos, il avait mis son maillot de foot, ma tasse de chocolat chaud fade que je faisais semblant d'aimer était sur la table.
Akram : Bonjour. Je t'avais dit d'arrêter de me préparer mon chocolat, je préfère le faire de mes propres mains.
Il ne se tourna même pas. Il faisait la vaisselle.
Ed : Je ne le ferais plus. Je sais bien que tu ne l'aimes pas, tu ne le finis jamais.
Je souris, soulagé, je ne devrais donc plus feindre l'aimer.
Mais je continuai quand même de le boire, je m'étais habitué à son goût infecte.Ed : J'essaye à chaque fois de nouvelles doses, j'ai même cherché sur internet. J'ai deux théories : La tasse donne un goût dégeulasse, où peut-être que c'est mon parfum qui s'y mêle.
Je souris.
Akram : J'aime tes scones, c'est déja ça... Fais les moiii !
Je le suppliais de la voix. Il ne se tourna toujours pas.
Ed : J'ai un match là. On verra plus tard.
Akram : À cette heure ? Sérieux ? Je viens avec toi.
Il haussa les épaules. Il finit la vaiselle en même temps que je finis ma tasse de chocolat chaud, et nous sortîmes en même temps, son sac au dos.
Il marchait rapidement, les gens énervés marchent rapidement, j'essayais d'agrandir mes pas et de les hâter, mais il restait toujours loin devant moi. Il ne parlait pas, il avait même oublié son téléphone, il l'avait remarqué mais ne voulait pas revenir.
Akram : Doucement, oh !
J'essayais vainement d'ouvrir la discussion mais il demeurait silencieux. Frustration, il était frustré, moi j'avais déja oublié ce qui s'était passé hier, je n'y pretais pas grande importance.
On arriva au terrain, il me jeta son sac à dos et je l'emmenai avec moi au banc où je m'assis, écouteurs avec musique à fond aux oreilles.
Je voyais Eduardo jouer plus violemment que d'habitude, courir plus rapidement, il s'était même enguelé avec un joueur de l'équipe adverse.
Il faisait chaud, il devait être onze heure du matin, le vent était faible, la seule preuve de son existence était les feuilles des arbres qui bougeaient.
Quelqu'un posa ses mains sur mon épaule droite, et en me retournant, je croisai des yeux bleus, à moitié heureux, à moitié tristes.
Ces yeux, je les reconnaîtrai entre milles.
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Straight Love. [BxB]
Dragoste"Son image me hante, son regard m'obsède, je suis accro à ses respirations, ses regards, ses sourires, ses beaux yeux bleus clairs. Mais il est hétéro et je suis gay..." Akram, 16 ans, choisi de passer ses vacances dans un village non loin de Lille...