Chapitre 23 ¤

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Antoine n'avait pas changé. Ses yeux bleus ciels et ses cheveux blonds au soleil, son teint rosée.

Il sauta le banc et se mit à ma gauche et allongea son bras pour me mettre sa main sur mon épaule droite.

Je le regardai. Il était tellement beau, j'aurai pu le regarder jusqu'à ce que le soleil se couche, jusqu'à la fin du monde.
Il sentait cette odeur de tabac froid qui collait aux vêtements, et qu'il avait tenté de dissimuler avec du déodorant de vanille. Il me regardait, il me regardait longuement, comme si rien ne s'était passé.

Antoine : Tu m'as manqué, Akram.

Il tenta de me faire un calin, mais je me libérai de ses bras.

Il soupira longuement, et ça se voyait à mes respirations saccadées et mon cœur que j'avais juste envie de me jeter et le prendre dans mes bras.

Antoine : Tu m'as manqué, énormement. Akram. Vraiment.

Je lui jetai un regard indigné, juste le temps d'un instant, je n'avais pas le courage d'affronter ses yeux plus longtemps.

Akram : Tu te fous de ma gueule ? Pourquoi tu fais ça ?

Il réessaya de me prendre dans ses bras.

Antoine : Non, non, je suis sincère. Tu me manques, tes sourires, et les miens car ils te font rougir, tes yeux qui ne quittent que rarement le sol, ton odeur de pêche, tes cheveux mal arrangés, que tu n'arrêtes pas de boucler avec tes doigts quand tu ne trouves rien à dire, tes lèvres mordues, en sale état, tes vêtements qui font deux fois ta taille. Tu m'as horriblement manqué. Je croyais que tu étais parti.

Je pleurais. Mais je souriais en même temps, un sourire aggressif.

Je me levai.

Akram : Non, Antoine, je ne t'ai manqué. Tu savais où me trouver, tu m'as laissé partir, tu m'as poussé à partir. Tu m'as brisé Antoine, tes mots, je faisais semblant de ne pas les avoir entendus, mais chaque nuit j'en pleurais. Tu sais pourquoi ? Hein ? Parce que c'est vrai. Tout ce que tu as dis est vrai, c'est ce que je suis : Une merde. Et maintenant arrête de dire ça, regarde toi Antoine, tu ne mérites pas, tu ne mérites pas d'avoir des personnes merdiques comme moi dans ton entourage. Allez, souris Antoine, non pas comme ça, n'aïe pas pitié, souris comme si tu étais heureux.

J'étais sur le point de partir, quand il se leva et me prit férocement le bras, il me retourna vers lui avec toute la force qu'il avait et m'étouffa en me prenant dans ses bras qui puaient la clope.

Il me serrait fort, tellement fort, je croyais que j'allais vomir tout ce que j'avais en moi, et quand j'essayais de me débattre, il serrait encore plus fort, il allait me briser mais il continuait de serrer.

Et moi qui pleurais, mes larmes qui faisent des tâches grises sur son maillot blanc, je criais mais mes cris se perdaient dans ses bras pas si musclés que ça.

On devait faire pitié, je devais faire pitié et ceux qui jouaient au foot avaient dus nous remarquer et s'en moquer. Mais ça n'avait aucune importance, parce que c'était comme si le temps s'était arrêté, comme s'il n'y avait rien autour.

Il me relâcha quand je n'avais plus de force, et me reprit dans ses bras mais cette fois-ci en couchant mon visage sur son torse et en rapprochant sa bouche de mon oreille.

Antoine : Désolé. Akram, tu n'es rien de ce que tu dis. Je m'excuse, tu le sais, ou peut-être que tu ne le sais pas, mais je le pensais pas, vraiment, tout ce que j'ai dit. Je l'ai dit car j'étais frustré. J'étais beaucoup de choses, je ressentais beaucoup de choses, des trucs négatifs.

Embrasse moi. Embrasse moi. Embrase moi. Les choses auraient peut-être pu se passer différemment s'il était venu directement ce soir là, comme une morsure de serpent, il avait prit de temps, le temps que le poison se répande dans mon corps et me ronge de l'intérieur.

Il me prit le visage entre les mains, me forçant à le regarder dans les yeux.

Antoine : On va repartir à zéro. Tout va s' oublier crois moi.

Je retirai ses mains.

Akram : Pourquoi tu veux repartir à zéro ? Je ne suis rien. Pourquoi tu voudrais repartir à zéro ? Va te trouver un autre "ami", et lache moi.

Il me reprit le visage, ses mains étaient mouillées de mes larmes.

Antoine : Parce que je t'aime, Akram. Tu es mon petit frère, ma poupée, ma chose. Tu me touches, tu es tellement fragile et dévastateur en même temps, on voudrait te protéger et te posséder en même temps. Et ce visage...

Je souris, et me frottai les yeux.

Akram : Ouais, ce visage plein de boutons.

Il sourit, soulagé et surement fier de m'avoir fait sourire.

Antoine : Moi je l'aime bien, avec ses boutons et ses cicatrices, même quand tu pleures, je l'aime ton visage.

Je souris, et il me prit dans ses bras une troisième fois, mais cette fois-ci fut rapide, comme pour pas perdre mes yeux du regard.

Je lui avais pardonné, et il le savait, je lui avais pardonné au moment ou j'ai senti son souffle derrière mon dos, au moment où ses yeux avaient croisés les miens.

Antoine : Mais j'aime quand même mieux quand tu ris.

Il essuya mes larmes. Ça m'agaçait un peu, qu'il me prenne de haut, comme s'il était mon père, mais c'était surement dont j'avais besoin.

Akram : En tout cas, félicitations, tu as réussi la mission pour laquelle tu étais venu me parler la première fois.

Antoine : Quoi ? Quelle mission ? Me dis pas que...

J'approuvai de la tête, je croyais que ça allait le faire sourire. Il grimaça.

Antoine : Oh non putain, il fallait te tenir loin de ces trucs. C'est donc pour ça que tu es resté au village ces deux semaines ?

J'approuvai de la tête, et alors qu'il comptait me blâmer une énième fois, le match venait de se finir et Eduardo arriva derrière lui.

Eduardo : Salut, Akram, tu me passes une bouteille.

Je sortis une bouteille du sac, et en me retournant, je vis Antoine et Eduardo se serrer la main, Eduardo était un peu méfiant, il le regardait de haut.

Antoine : Salut, enchanté, tu connais Akram ?

Akram : Ouais, il bosse aussi dans... Tu sais quoi... Bref, il vit maintenant avec moi, parce qu'il ne supportait plus l'hotel financiérement.

Je me grattais les cheveux, tendit la bouteille à Eduardo qui me la prit. Pendant qu'il buvait, Antoine se tourna rapidement, et me jeta sans qu'Eduardo le sache, un regard qui criait "Sérieusement ? Tu laisses un inconnu comme ça vivre avec toi ?"

Antoine : Cool ! Ah, mais ça me rapelle un truc, tu dois avoir une autre chambre de vide... Ce qui veut dire... Que je pourrai venir vivre avec vous !

Eduardo semblait choqué. Je riais et Antoine aussi.

Straight Love. [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant