Il faisait nuit. La route était sombre et vide. Vingt deux heures du soir mais pas un signe de voiture.
Moi : On va où ?
J'avais posé cette question naturellement. Comme si je ne venais pas d'abandonner celui que j'avais appris à aimer plus que tout au monde.
Harry : Là où nous serons seuls.
Il était concentré sur la route. Je ne le regardais pas mais je le savais, j'étais assis derrière, regardant défiler le paysage sombre de la forêt obscure, mais je sentais à son ton que ses mains étaient crispées sur le volant.
Moi : Seuls ? Qu'est ce que tu racontes ?
Ses respirations étaient bruyantes, je les entendait même à travers le bruit du vrombissement du moteur.
Moi : Adam et Louis... Ils...
Harry : Adam et Louis ? Ils sont surêment morts à cet instant.
Je retirai mon bras qui s'était accoudé sur la portière, et j'affrontai son regard dans le rétroviseur.
Moi : Quoi ? Sérieusement ? Harry, c'est pas le temps pour tes blagues de merde là, je vais assez mal comme ça.
Il y'eut un silence. J'avais pris un ton beaucoup trop dur, agressif.
Moi : D...Désolé de m'être emporté comme ça...
Il arrêta la voiture.
Il se retourna vers moi.Harry : Tu as raison, je blaguais, ils ne sont pas morts.
Il redémarra la voiture.
Harry : Mais ils ne tarderont pas à mourir.
Harry avait prononcé cette phrase avec une froideur. Il était sinistre, encore une de ces crises qu'il subissait quand il ne prenait pas ses médicaments.
Moi : Harry ? Arrête de raconter ça Harry ? Ne démarre pas, n'appuie pas sur l'accélerateur Harry... Regarde moi !
Il me regarda.
La route était vide, tellement vide que nous nous étions arrêtés en plein milieu.Harry : Tu as peur de moi, Akram ?
Ses yeux étaient noirs de haine, assombris par la tristesse et la colère.
Il commençait à me faire peur, c'est dans ces moments là que les gens comme lui deviennent incontrôlables et font des trucs qu'ils regrettaient.Moi : Harry... Je... Laisse moi conduire.
Il ria.
Harry : Tu as 16 ans, tu crois que tu peux conduire une bagnole ?
Moi : La route est vide !
Il riait encore plus. Il hurlait de rire, des rires à s'en déchirer les tympans. Psycopathe.
Moi : Tu n'es pas lucide Harry... Harry... Arrête de rire...
Ses rires devenaient presque des cris.
Il descendit de la voiture, ouvrit la portière à ma droite, et me tira violemment dehors, ses gestes étaient brusques et violents.
Il referma la portière, me poussa contre elle et me tenit le visage entre les bras.
Ses bras étaient beaucoup trop musclés, il était beaucoup trop grand pour que je me puisse m'en libérer ou faire quoi que ce soit.Je pleurais.
Moi : Harry... Lâche moi... Tu me fais mal...
Harry : Je te fais mal ? Je te fais mal ! (Il commence à rire). Je suis le seul qui ne te ferait jamais de mal Akram.
Il me caressait le visage, des caresses qui ressemblaient plus à des coups de poing qu'à des caresses.
Je pleurais encore plus.
Harry : Louis et Adam seront bientôt morts, ton putain de cousin qui te traitait comme de la merde est bientôt mort Akram, son détraqué de chien de Louis qui te mattait quand tu sortais de la douche l'est bientôt aussi... Tu n'as plus que moi, Akram. Ces deux batards mouriront comme ils ont vécu, sous les lumières aveuglantes et dans la musique assourdissante : Dans l'ombre, et en silence.
Je le poussai, mais il restait immobile comme une barre, alors je frappais son torse en hurlant et en pleurant jusqu'à ce que je n'en aïe plus la force et que je m'écroule par terre.
Moi : Tu es taré... Harry...
Il s'abaissa à mon niveau. Puis m'embrassa sur la bouche, ce baiser dura le temps que je réunisse toutes mes forces pour le repousser.
Moi : Qu'est ce que tu fous putain ? T'es malade ?
Il me rembrassa, en metant cette fois ci ses mains derrière mon dos, essayant tant bien que mal de les descendre.
Moi : Lâche moi bordel !!
Il ne me lachait pas, ses baisers descendirent jusqu'à mon cou , et tandis que je luttais contre ses bras, il essaya de me déchirer le haut mais il était bien résistant.
La portière dérrière moi encombraient mes mouvements, et son corps assis sur mes cuisses paralysait mes jambes. Je n'avais que mes bras pour lutter et ma voix pour crier et mes yeux pour pleurer. Mais tantôt, il immobilisa mes bras de ses mains, et je n'avais donc plus que mes yeux et ma voix.
Mes pensées étaient vides. Le monde était silencieux autour de nous, juste le bruit de ses baisers contre ma peau, et les cris qui sortaient peut-être de ma bouche grande ouverte, et le vrombissement du moteur, mais je n'entendais rien, comme si mon cerveau refusait d'y croire, vous voyez, ce genre de bruit sourd qui survient parfois dans nos oreilles, sans origine.
Ça sentait la fumée, ça sentait la transpiration, ça sentait les larmes et ça sentait la forêt au loin, ça sentait l'odeur de son dernier shampoing nauséabond et ça sentait un peu le parfum qui tentait vainement de s'échapper de son corps sale.Un instant, entre deux baisers, entre deux caresses, entre deux cris, entre deux pleurs, entre deux frissons de dégout.
Il s'arrêta.
Et il se leva.
Puis il marcha. À quelques mètres de moi, vers les bois.
Harry : Je ne... Pourrais.... Jamais... Te... faire du mal... Akram.
Il pleurait. Et je pleurais aussi.
Qu'est ce que t'as foutu Harry ?
Il continua de marcher vers les bois.
J'étais assis par terre, calé par les roues de la voiture sales qui puaient l'essence, les yeux rouges, gonflés, brûlés, le visage mouillé par les larmes.
Moi : Tu vas aller où ?
Il parvint à peine à entendre ma voix. Il se tourna, ses yeux étaient eux aussi rouges.
Harry : Prends les clés. Vas-y... Tu peux encore les sauver.
Et il disparu au loin, dans la forêt noire.
Tu m'as fait du mal, Harry.

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Straight Love. [BxB]
Romance"Son image me hante, son regard m'obsède, je suis accro à ses respirations, ses regards, ses sourires, ses beaux yeux bleus clairs. Mais il est hétéro et je suis gay..." Akram, 16 ans, choisi de passer ses vacances dans un village non loin de Lille...