Chapitre 25 ¤

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Je relevai ses bras qui m'éttoufaient un peu, et je me retournai en essayant de me frayer un chemin entre lui et la porte, mais il me bloquait.

Antoine : On pourrait prendre la chambre où il y'a deux lits, tu ne penses pas ? Hein Akram ? Ce serait une bonne idée !

Il criait sa phrase et l'articulait bien lentement, on devinait facilement ses intentions, il voulait qu'Eduardo l'entende.

Akram : Ça donne aussi sur ta maison... Bref, ça commence à me taper sur les nerfs tout ça, tu comptes dormir où maintenant ?

J'avais haussé le ton, clairement je commençais à en avoir ras-le-bol, il était un peu lourd lui aussi. On voyait à mon expression que j'étais énervé. Il prit mon visage entre ses mains pour me faire un bisou dans la joue qui ressemblait plus à une morsure qu'à un bisou, bien langoureux, on aurait dit qu'il voulait me manger la joue, il l'avait aspiré en grognant un truc débile du genre "T'es mignon quand tu t'énerves".

Finalement, et avec l'influence de ses yeux bleus eau suppliants, nous nous étions décidés de dormir ensemble dans la chambre d'Harry, il n'aimait pas trop l'idée, mais Eduardo ne réagissait pas à ses provocations, c'était donc la seule solution restante. Il se moqua de moi quand je voulus l'aider à porter le lit qu'il avait finalement décidé de glisser en faisant du bruit assourdissant, faisant ainsi d'une pierre deux coups : Déplacer le lit, faire chier Éduardo.

On vit plus tard Safae rentrer chez elle par la fenêtre, Antoine décida d'aller lui parler et refusa que j'aille avec lui.

J'étais resté seul avec Eduardo et je descendis à la cuisine où il préparait le déjeuner, je saisis une pomme avec laquelle je jonglais, Eduardo me tournait le dos.

Eduardo : Je ne sais pas cuisiner pour trois. J'ai fait juste un plat pour deux.

Je poussai un lent soupir et croquai la pomme avec laquelle je jouais. Je parlais la bouche pleine.

Akram : J'ai pas trop faim ! Ne te soucie pas pour moi !

Il se retourna vers moi, le dos contre l'évier.

Eduardo : Tu es entrain de te foutre de ma gueule ? Tu comptes pas me parler de ce mec ? Akram...

Je mangeais toujours, et maintenant je roulais des yeux en parlant, comme ce qu'on faisait gamin pour imiter quelqu'un.

Akram : Antoine, ving et quelques années, français d'origine -à moins qu'il ne me cache des trucs-, yeux bleus ou gris, je ne sais jamais leur couleur, ils sont beaux hein ? Cheveux bruns et blonds au soleil, (1m76), fumeur, boit occasionnelement.

Je semblais l'agacer. Il prit une chaise devant moi et s'y assit.

Eduardo : Arrête de me parler comme ça Akram, tu as changé...

Il comptait continuer sa phrase mais je l'interrompit.

Akram : J'ai changé ? C'est pas moi qui t'ignorais ce matin quand tu essayais de me parler.

Il posa ses coudes sur la table, et appuya sa tête sur sa main.

Eduardo : Tu pourrais au moins faire semblant de comprendre ? Je t'ai fait une déclaration d'amour.

Je me levai, lui tournant le dos. Sa dernière phrase, il l'avait murmuré, comme s'il n'osait pas avoir la certitude que je l'aurais entendue.

Akram : J'ai toujours trouvé les déclarations d'amour égoïstes, voilà ce que j'en pense. On pense dire à l'autre qu'on l'aime, on le dit à nous mêmes en verité, on cherche à s'en convaincre. Et ça sert à quoi, à ton avis ? Ça sert à quoi de mettre des mots sur ça ? Ça sert à condamner l'autre, à l'appitoyer sur notre sort, car oui, si on en est arrivé à parler, à exprimer notre amour, c'est qu'on sait que ce n'est pas réciproque, l'amour fait partie des choses sur lesquelles on a pas besoin de mettre des mots.

J'avais le regard perdu au loin, je voyais Safae et Antoine gesticuler, elle était douce et délicate, orgeuilleuse, ses gestes étaient calculés. Antoine au contraire était plutôt spontané, naturel. Elle était lasse et il était un peu énervé.

Eduardo : ... Tu as surement raison.

Il parlait pathétiquement, Eduardo était pathétique et je ne voulais pas rentrer dans son jeu, avoir pitié de lui.

Akram : Tu crois en l'amour, toi ? Le vrai, avec un grand A ? Moi, je pense que c'est juste un sentiment dont on a besoin de se convaincre, une sorte de réactions chimiques, on nous l'a imprégné dès notre jeune âge, on nous l'a fait boire, avalé, sans le mâcher. Tu penses qu'on fini sa vie avec quelqu'un qu'on aime ? Moi, je pense qu'on fini sa vie avec la seule personne qui nous supporte encore.

Je m'étais rassis à table, après que Antoine soit rentré dans la maison de Safae, surement pour récuperer quelque chose qui lui appartenait.

Eduardo : Mais tu l'aimes, lui ?

Akram : Peut-être, j'ai pas envie d'y penser. C'est quelqu'un de bien et je l'apprécie. Peut-être qu'il m'aimera en retour, peut-être que je pleurerai notre rupture dans quelques mois ? Qui sait ? Je préfère ne pas me demander ce genre de trucs.

Il poussa un très long soupir.

Eduardo : D'accord...

J'avais finalement fini par rentrer dans son jeu, j'avais pitié de lui.

Je croquai ma pomme en souriant.

Akram : Mais tu sais, tu es quelqu'un de bien hein... Je suis sûr que...

Eduardo : Roooh commence pas ! Bref, t'as raison, j'ai été débile de faire ça... Enfin, désolé d'avoir été égoïste. On oublie tout ça.

Je ne pourrais jamais l'oublier, sa voix grave et ses yeux tristes qui m'obligeaient presque à l'embrasser.

Aucun garçon ne m'avait déja fait de déclarations avant, j'avais toujours cotoyé des garçons attirés par les filles, ils me trouvaient pour la plupart mignon, et me voyaient comme leur petit frère. Mais je n'avais jamais su que je pouvais attirer quelqu'un, c'est vrai quoi, je n'étais pas très grand, je n'avais pas de beaux cheveux, mes yeux étaient tout ce qu'il y'a de plus banal, mon teint pale accompagné de ma minceur donnait l'impression que j'étais toujours malade, j'avais de l'acné plein le visage, je n'avais rien de spécial.

Eduardo se leva, et reprit ce qu'il faisait avant. Je croquai une nouvelle fois ma pomme, et voyant qu'il n'y y avait plus rien à manger, je la jettai dans la poubelle aux pieds d'Eduardo.

Akram : Cool ! C'est déja oublié. Tu as lu le contrat ?

Straight Love. [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant