La vengeance peut-elle être une faiblesse?

94 18 1
                                    

Hadès

Je suis là, étendu de tout mon long sur mon lit, fixant le plafond. Le soleil se couche lentement accompagné de rayons orangés qui dansent sur les murs noirs de ma chambre. C'est fou comme une opération aussi simple - le passage du jour à la nuit - peut prendre autant de temps à être exécuté. Les secondes s'écoulent comme si elles étaient prises dans un tamis aux minuscules trous.

Dehors, la neige a recouverte à nouveau la ville, mais l'arrivée du mois de mars, elle, annonce de la pluie. À mon arrivée, j'aimais la pluie, mais rapidement, elle a laissé sa place à l'hiver froid, refaisant surface de temps en temps. Et maintenant, je trouve la pluie trop déprimante. On pourrait presqu'en dire que le ciel pleure...

Merde, vas-tu arrêter de parler de la température?! Tu as plus important à faire à ce que je sache, non?!

Je n'ai pas envie de porter ne serait-ce qu'une once de mon attention sur Infirnia. Ça me brise le coeur, et je déteste me sentir aussi faible. Alors oui, je vais encore parler longtemps du beau et mauvais temps, ça estompe mes blessures.

Mais qu'est-ce qui t'arrive? Maintenant que tu as avoué tes sentiments, tu vas agir en petite fleur bleue? Foutaises! Tu devrais te battre, rester la tête forte que tu es, merde!

Je n'ai pas d'énergie, je suis vidé, pas aucune motivation, rien.

Bouge ton cul et va la chercher!

Je suis presque certain de trois choses. Premièrement, si je fais ça et que je me fais reconnaître, je deviendrai un traître, et je devrai fuir toute ma vie. Je n'en ai réellement pas envie. J'ai toujours cette pointe d'égoïsme en moi.

Une cagoule, ça te dit quelque chose?

Ne me coupe pas. Deuxièmement, c'est quasiment impossible d'accéder aux cellules à haute protection. On y accède par une série de petites portes et couloirs qui sont impossibles à se rappeler tant il y en a. Et ça, c'est sans compter les portes barricadées en béton armé.

Tu demandes à voir la prisonnière en tant qu'Hadès, tu simules une bagarre et tu la laisses s'enfuir à l'aide d'une clé.

Ne me coupe pas! Finalement... Je suis certain qu'elle me déteste. Toi même tu ne peux le nier. Ce regard qu'elle nous a lancé était juste... Il m'a anéanti. Et même si je la sortais de là, elle me porterait toujours autant de haine, et ne me laisserait pas m'expliquer. Je suis presque sûr qu'elle pense que c'est moi qui l'ai vendu au Mal et qu'elle ne soupçonne pour rien au monde Allistor.

Il ou plutôt je ne réplique pas. On sait à quel point ça nous a blessé de la voir nous porter tant de rage dans un seul coup d'oeil. Ça a été destructeur, et probablement une des causes de ma crise de larmes d'hier. Je n'en reviens toujours pas... Comment j'ai pu pleurer autant, quel était ce sentiment étrange de douleur, mais en même temps de libération? Je n'arrive pas à déchiffrer ce que j'ai ressenti à ce moment-là, c'était si étrange.

On toque frénétiquement à ma porte, me faisant sursauter tout en me sortant de mes pensées. Je me lève lentement et traîne les pieds jusqu'à la porte pendant que l'on continue toujours à marteler ma porte de coups plus violents les uns que les autres.

-J'arrive merde, pas besoin de briser quoi que ce soit!

-Grouille!

Natura...? Oh non, faites que ce ne soit pas elle, je ne veux pas la voir, je ne veux pas de ses airs hautains d'ange qui voit tout noir et blanc, pas aucune touche de gris. Et hier, avec ses commentaires... Je n'ai qu'une envie : lui cracher dessus et la traiter de tous les noms. C'est elle qui a emmené Allistor.

Demons around meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant