Un cauchemar éveillé

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Hadès

Je suis là, étalé sur mon lit à observer le plafond. Je suis en sueur, pris d'horribles tremblements et les voix de Belze et ma conscience se bousculent sans arrêt. Ce ne sont que des débuts de phrase que j'entends, l'un coupant celle de l'autre. C'est comme ça depuis que je suis revenu. Depuis une semaine, impossible de trouver un peu de silence. J'ai voulu aller à l'école, mais la concentration n'y était pas.

Alors me voilà, immobile, incapable de bouger, comme si leurs chamailleries m'écrasaient. Je n'arrive pas à manger, ou même à vivre tout court. Mon ventre gronde la famine et mes jambes me supplient de les mouvoir, mais mon mental malade m'en empêche.

Belze n'a pas accepté que je refuse son aide, que je l'envoie balader. Résultat, elle se venge comme elle peut avant de trouver LE moyen qui me brisera. Elle veut que je passe mon temps à réfléchir sur mes remords, elle veut que je prenne conscience de ma réelle nature, selon elle.

Tout un Sherlock Holmes celui-là!

Soudain, l'air ne passe plus. Mes poumons cherchant l'air avec difficulté, ma poitrine soulève tout mon corps dans d'horribles sursaut. J'essaie de bouger mon corps, rien à faire. Ma bouche fait de grands, essayant encore et encore d'attraper ne serait-ce qu'un atome d'oxygène. La plafond semble soudain tourner follement au-dessus de ma tête. On pourrait croire qu'il va me tomber sur la tête. Je ne dis rien, mais au fond, je panique. Mais évidemment, je ne suis plus maître de rien, même pas ma foutue personne.

Tout se stoppe d'un coup : étourdissements, manque d'air, tremblements. Je prends une grande inspiration, soulagé. Ce sentiment est bref. Je l'entends ricaner, encore et encore, tellement que je crois en saigner des oreilles. On semble tambouriner dans ma tête, si fort qu'on pourrait presque couvrir leurs terrifiantes voix. J'en profite pour respirer un peu. Inspire, expire, inspire, expire. Je suis surpris, je n'ai pas eu la terrible visite de David ou Natura. Soit ils ne m'ont pas vu à l'école et me croient toujours au Mal, soit ils...

On sonne à la porte. Dites moi que c'est une blague. On dirait une scène de film où dès qu'on parle de quelqu'un, il apparaît. En même temps, peut-être est-ce quelqu'un d'autre. Pitié, pitié, j'ai assez de deux visiteurs, je ne pourrai pas me lever de toute façon. Laissez-moi à mon semblant de paix.

-Hadès, ouvre putain de merde!

Même si, habituellement, ce serait facile à deviner, je ne sais pas qui parle. Tout est trop bruyant, beaucoup trop bruyant. J'essaie de crier, mais un faible cillement sort. Je me remets à trembler comme une feuille. Je crois entendre la porte se déverrouiller. Je n'avais pas barré la porte? La seule personne qui peut rentrer est Nia. Et si elle était revenue?

C'est beau de rêver...

T'en as pas assez de parasiter?!

Oh, mais...

J'entends des pas venir vers la chambre. Ils sont calmes, assurés et légers. Ma porte s'ouvre doucement, mais je ne bouge pas.

-Hadès!

Le visage de Natura apparaît devant moi. Elle semble paniquée. Elle passe un bras sous ma nuque et relève avec difficulté mon tronc pour mettre en position assise. Je semble être un pantin désarticulé qu'on peine à mouvoir. Son regard se promène partout, comme si elle cherchait de l'aide. dans ma tête, je sourie face à cette réaction, mais je dois l'avouer, je ne suis pas certain que mes lèvres aient suivi ma pensée, comme le reste de mon corps dans le fond.

-Je te préviens, Hadès, tu es mieux de ne pas crever dans mes bras!

J'éclate de rire. Un son, je produis un son! Ma gorge est si sèche que j'ai l'impression qu'elle est en feu, mais ça ne me dérange pas, au moins, l'ange ne croit plus que je suis mort. L'irritation commence à être de plus en plus forte, transformant mon rire en horrible toux. Je porte mes mains sur mon cou et cesse de me faire retenir par Natura qui me regarde avec horreur, comme si j'étais revenu d'entre les morts. Tous mes os craquent dans d'horribles bruits et mes muscles semblent vouloir se déchirer à chaque mouvement. Craque, tire, craque, tire, craque, tire. Je ne dois pas oublier de respirer. Je prends une grande inspiration qui semble ouvrir ma cage thoracique au grand complet.

Demons around meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant