Morts-vivants

109 15 0
                                    

Infirnia

J'enfile ma robe noire puis me stoppe, m'observant dans le miroir. Le jour J est arrivé, et moi, malgré mes efforts, je n'arrive pas à l'accepter, et la voir dans ce cercueil ne sera que souffrance dans tout mon être. Je sais que j'ai dit que je ne m'étais attachée à aucun humain, mais c'est faux, et il n'y a pas qu'Ophélie.

Je ne m'étais tout simplement pas rendu compte que ce n'était pas seulement que mon altruisme qui m'avait motivé à les voir fréquemment, mais bien l'amour que je leur porte. Et j'aimerais bien réussir à redevenir aussi seule que je l'étais avant d'arriver ici, mais c'est rendu impossible. 5 ans de solitude, c'est beaucoup. Je devais me sortir de ce trou, même si à l'école je reste aussi distante. On sonne à la porte ce qui me sort de mes pensées.

J'attrape mon poignard, le glisse dans une doublure de ma robe et accours vers mon entrée, question de ne pas faire attendre. J'ouvre et sans même dire bonjour, je retourne dans ma chambre mettre mes verres de contacts au cas où et ajuster de la bonne façon mon poignard. Il est discret et je le garde toujours avec moi, je ne sais jamais quand je pourrais tomber sur un démon, mais je ne veux pas baisser la garde, je reste une fugitive, même si j'ai perdu cette perspective de vue ces derniers temps. Je dois rester forte. J'ai perdu de ma force récemment, il faut que je recommence à courir et à boxer, c'est vital. Mais pas aujourd'hui.

Aujourd'hui est mon dernier jour de repos. Des mains se posent sur mes épaules comme une demande pour me réconforter. Je me cale au fond de ces bras musclés et écoute ce coeur battre. Desmon flatte mon avant-bras du bout de son pouce.

-Prête?
-Je ne le serai jamais assez.
-Je suis là.

On se décolle et partons finalement vers l'église. Je me suis toujours sentie très mal à l'aise dans les lieux de culte vue mes origines. Et ce n'est pas parce que maintenant ce ne sont plus les mêmes que je me sens pour autant bien. On arrive devant cette petite chapelle très sobre a à peine deux minutes de la ville. Nous sortons de l'auto et Desmon attrape tout de suite ma main. Je frissonne à son touché. J'ai besoin de cette bouée de sauvetage.

Nous entrons et Inga remarque tout de suite ma présence contrairement à moi qui a de la difficulté à la reconnaître sans son uniforme et ses cheveux attachés. Elle se dirige vers moi et m'enlace. Elle me regarde avec peine puis porte son attention à Desmon. Elle me fait un clin d'œil que j'évite tout de suite.

-Inga, je te présente mon ami, Desmon.
-Enchanté, dit-il en tendant sa main.
-Pas autant que moi! Nia, viens, je veux te présenter les parents d'Ophélie.

Je grince des dents. Ophélie en voulait beaucoup à ses parents et elle m'a transmis cette haine qu'elle a envers eux. Ils ne venaient que rarement la voir pour lui donner tous les cadeaux du monde puis repartir au premier coup de vent. Ils trouvaient cela trop dur d'après ce qu'Inga m'a raconté, ils voulaient nier la maladie de leur fille. Et je trouve ça horrible. C'est sa grand-mère qui venait s'occuper d'elle et j'ai eu l'occasion de la voir quelques fois. Une vieille dame charmante, et malgré la fortune de la famille, très humble et sobre.

Inga remarque mon visage de dégoût et me demande du regard de bien me tenir. Ils sont à l'avant, près du cercueil de mon amie, ouvert avec son corps inanimé. J'arrive devant eux et cache le plus possible mon visage horripilé à la vue de ces gens snobs. Ophélie était une fille très sage, malgré ses va-et-vient avec les garçons. Elle n'avait rien à reprocher et eux lui reprochait l'univers en entier.

Ils me sourient tous les deux puis la mère me prend dans ses bras. Desmon reste en arrière-plan, prêt à intervenir. Je me raidis et attends que le mauvais moment passe.

-Tu dois être Nia, dit-elle, Ophélie nous a beaucoup parlé de toi.
-Je me demande comment... soufflé-je.

Elle rie aux éclats comme on l'imagine : tête à l'arrière, rouge à lèvre mat flamboyant contrastant avec ses dents blanches, le visage pâle entouré de ses cheveux roux.

Demons around meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant