Les sentiments deviennent toujours douleur

29 3 0
                                    

Infirnia

Je regarde le plafond, torturée par les pensées d'Hadès qui flottent dans ma tête comme des parasites. Incapable de dormir, je me lève lentement et sors de ma chambre. Je marche sur la pointe des pieds ne voulant pas réveiller Simon et Tom. J'ouvre la porte du balcon, la referme pour finalement m'assoir sur le bord, jambes ballotant dans le vide. Je prends une grande inspiration et me concentre dur tout sauf mes pensées. De lointains Klaxons, les lumières des immeubles qui s'éteignent une à une, les cris de victoire des personnes sortant des bars.

J'ai beau essayer de tout mon être de fuir la rage que je ressens à l'intérieur. J'ai l'impression que, même si la liste semble courte, je n'ai qu'à la décrire pour montrer qu'elle est ancrée en moi. Pourquoi fallait-il que ce soit les deux? Pourquoi fallait-il que Belze rentre dans son crâne? Pourquoi fallait-il qu'il retienne Natura d'agir?

-Hein, l'Univers! Pourquoi continues-tu de t'acharner encore et encore sur moi?!

Je ne respire plus, comme en attente d'une quelconque réponse divine. Je n'en peux plus. J'en veux au monde entier. À tous ceux qui m'ont un jour blessés.

-Tu sais quoi, Univers? Je vais tous les nommer, tous ceux qui ont aidé à ma détresse. Tu vas voir, tu y es pour la plupart du temps responsable.

Je regarde droit vers la lune, le sentiment que de là, je regarde droit dans les yeux cette chose qui s'acharne sur ma piètre existence. Mes yeux se remplissent de larmes et je peux sentir une boule se former lentement dans ma gorge. J'inspire profondément.

-Tu m'as faite ainsi, une âme pure. Tu m'as poussé à partir sur Terre. 5000 ans à fuir. Pour l'instant, ce n'est pas si mal. Mais tu sais quoi? Ce n'est que le début! David. Aussitôt arrivé, aussitôt je devais repartir! Ophélie. Tu l'as poussé dans la pire des vies que je n'ai jamais connu dans toutes mes années de fuites. Tu me l'as arraché violemment. Je la tenais dans mes bars au moment de sa mort, mon chandail était trempé de son sang! Le sang de ma meilleure amie!

Je ferme les yeux un instant, voulant me calmer à tout prix. Je ne veux pas exploser. Je les rouvre, la lune toujours là, semblant me narguer.

-C'est à ce moment précis que tout s'est enchaîné. J'en veux à l'homme qui a bêtement essayé de me violer en me droguant lorsque je noyais ma peine dans l'alcool. Je t'en veux encore plus d'avoir envoyé Hadès me sauver ce soir-là. De m'avoir mené dans ce piège. De m'avoir bêtement laissée tomber dès que tu as vu l'ampleur de toute cette histoire. De m'avoir donnée au Mal. J'en veux à Asmode d'avoir pollué mon cerveau. Je m'en veux à moi-même d'avoir tué trop souvent des innocents.

Ma voix devient rauque et forte. Je me lève sur le garde-fou et continue d'hurler contre cette foutue lune. Ce putain d'Univers!

-J'ai dû apprendre encore et toujours à m'aimer, à accepter le monstre que je suis devenue! J'en veux à Hadès d'avoir aspiré l'âme démone qui flottait dans mon corps. J'en veux à Belze d'avoir joué dans la tête des plus faibles! J'en veux à Hadès de ne pas s'être battu contre son emprise. J'en veux à David de ne jamais avoir pris soin de lui. J'en veux à Belze d'avoir poussé Hadès au bout. J'en veux à Asmode de m'avoir gardé au Mal encore une fois, me replongeant dans la haine.

Le vent se lève avec ma rage, mais je ne bouge pas d'un centimètre,

-Tu sais quoi, Univers?! Je t'en veux! Je t'en voudrai toujours de m'avoir lâchement laissé tomber au moment où j'avais le plus besoin de toi, de ta force, de ton contrôle! Je t'en veux d'avoir tué tous ces gens! Je t'en veux de me faire haïr Hadès! Je t'en veux de me faire haïr David! Je t'en veux d'avoir blessé Simon et Tom! Je les aime tellement, mais toi, tu décides du jour au lendemain que je ne mérite plus ton aide, saloperie d'Univers!

Nia, c'est son nom, c'est...

Les pensées d'Hadès me brouillent, me ramenant lourdement à une dernière situation que j'avais oublié.

-Je t'en veux d'avoir effacé de son esprit que j'existais! Je t'en veux de me transformer en inconnue à ses yeux! Je t'en supplie, reviens m'aider! Je n'en peux plus, je ne peux plus me battre contre toi! Je ne peux plus mettre toute cette force! Saloperies, fais quelque chose! Je t'en prie! Je veux pouvoir trouver un jour au moins la paix intérieur.

Nia, ses yeux sont... bleus. La première fois que je l'ai vu, je crois que c'est ce qui m'a marqué.

-Aide-moi à ne plus le haïr. Je veux l'aider... je dois l'aider.

Les larmes roulent sur mes joues alors qu'un hurlement de l'intérieur semble faire exploser les murs. Je sursaute, descends en vitesse et rentre en trombe dans le salon. Simon dort toujours, Tom aussi. Comment est-ce possible? L'hurlement recommence. La chambre. Il vient de là où je l'ai enfermé. Mon coeur se brise avec son cri. Je me précipite dans la chambre et le vois, torse nue, couvert de sueur, se tournant encore, encore et encore dans le lit, frappant de tout bord tout côté. Il crie à nouveau.

Je saute sur le lit, attrape sa tête et la pose sur mes genoux. Il se débat, me crie dessus en m'appelant Belze, les paupières toujours closent. Je commence par de petits chuchotements inutiles, m'obligeant à hausser la voix et à agripper ses deux épaules pour calmer tous ses coups.

-HADÈS! C'est moi, Nia! Hadès, réveille-toi, Hadès.

-Je vais te tuer!

Ses yeux s'ouvrent comme deux grandes billes. Il m'observe un instant, haletant, se débattant toujours.

-Calme-toi!

Soudainement, il entoure ma taille de ses deux bras et pose sa tête contre mon ventre avant d'éclater en sanglots. Je caresse ses cheveux bouclés, lui chuchotant que tout ça n'est qu'un rêve. Je le berce lentement lorsque la tête de Simon fait éruption dans le cadre de porte.

-Désolée, je chuchote.

-Tu fais la bonne chose.

Il me sourit et sort. Je m'étends dans le lit, Hadès pleurant sur ma poitrine alors que je caresse en silence son dos et sa tête du bout des doigts, m'assurant de couvrir chaque parcelle de son front de baisers.

-Je suis un monstre, crache-t-il entre ses dents.

-Nous en avons tous un à l'intérieur, moi la première. Dors, dors.

Il embrasse avec fatigue mon cou.

- Je t'aime tellement ma Sorcière.

- Moi aussi je t'aime mon Monstre.

Du plus profond de mon coeur.

___________________________
Bonjour!!!
Juste un petit coucou pour vous dire merci pour les votes, ça fait toujours chaud au coeur! Aussi, désolée si je n'ai pas publié à un rythme très régulier depuis quelques mois, plusieurs épisodes de stress m'ont envahi récemment et j'avais oublié à quel point l'écriture me faisait du bien!

Le point de vue d'Hadès dans le prochain chapitre!

Votez et commentez, ça fait toujours plaisir!

Flofilou

Demons around meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant