Le contrôle est la clé

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Infirnia

Il me regarde un instant et part. J'essaie de me calmer, sachant très bien que mes yeux sont noirs et ma peau craquelée de veines noires. Je respire lentement et peu à peu, la colère ne se sent plus, il ne reste que la peine.

Je regarde mon livre détruit en faisant tâche de ne pas verser de larmes. Comment je vais pouvoir le réparer? Elle l'a démoli et lui, ce salopard, n'a même pas daigné m'aider.

Je ramasse mes bouquins ainsi que mon grand blessé et me dirige le plus rapidement possible au local d'histoire. J'ai besoin de parler à quelqu'un et je ne veux pas éclater en pleurs au milieu de la bibliothèque. En plus, je sais que M. Allen a ce qu'il faut pour réparer mon roman.

Je toque à la porte au départ timidement, puis deviens de plus en plus insistante. Ce grand barbu finit par m'ouvrir et je m'engouffre dans la classe sans même donner d'explications. Je l'entends fermer la porte et au même moment, j'éclate en sanglots. M. Allen se précipite vers moi en attrapant une chaise au passage et me flatte doucement le dos.

-Voyons Nia, calme toi.
-Elle a détruit mon livre! dis-je en brandissant l'amas de papiers déchirés. Je ne pourrai jamais le réparer! Elle a détruit mon ami, humilié l'œuvre de Montesquieu.
-Ne te mets pas dans tous tes états pour ça, je peux le réparer ton vieil ami. Calme toi Nia.

Je lève les yeux vers lui en essuyant mes larmes du revers de ma manche. Mon enseignant se lève, sort une petite boîte de son bureau et revient s'assoir devant moi. Il prend mon livre, l'observe un peu et se met au travail. Je m'assois à mon tour et observe son travail minutieux pour sauver mon ami.

-Ce n'est pas ça qui t'a fait pleurer comme une madeleine, n'est-ce pas?
-C'était la goutte qui a fait déborder le vase disons.
-Pourquoi les laisses-tu faire? Pourquoi ne me dis-tu pas qui c'était pour que cette personne soit sanctionnée?
-Je n'ai pas envie de m'attirer la haine collective des autres élèves. Et puis je pars dans six mois, à quoi ça sert de m'épuiser?
-Ça servirait à ce que tu ne sois pas persécutée durant six mois! Nia! Tu es une élève brillante, ne me dis pas que c'est réellement ton raisonnement?

Si je me défendais, les dégâts seraient beaucoup plus néfastes, me dis-je à moi-même, sachant très bien jusqu'où vont mes pouvoirs.

-Je n'ai pas envie d'être persécutée, mais je me dis que si je disparais le plus possible, ils oublieront que j'existe et trouveront une nouvelle cible. Vous savez que je ne veux pas vous embêter avec ça.
-Tu ne m'embêtes pas du tout Nia. Si tu changes d'avis, dis le moi.
-Sans problèmes.

Le silence s'installe un instant et j'en profite pour observer la classe qui est décorée de cartes et objets antiques.

-Et comme se passent les cours avec Desmon?

Son nom me fait grincer des dents. Il aurait dû intervenir.

-C'est un garçon intelligent, il devrait avoir rattrapé d'ici la fin du mois de janvier.
-Bien. Tu sais, je pense que c'est une bonne chose que tu travailles comme sa tutrice. J'ai l'impression qu'il ne serait pas aussi assidu dans son travail si tu ne le poussais pas à se dépasser ainsi. Je sais, ça ne fait qu'une semaine qu'il a commencé, mais j'ai l'impression que ton travail porte déjà ses fruits.
-Et bien merci.

Le silence se réinstalle un moment lorsque l'on toque à la porte. L'enseignant lève la tête et me demande du regard mon accord pour qu'il ouvre la porte. J'acquiesce et il délaisse son travail pour aller répondre. Je ne porte pas attention à la personne qui entre et regarde l'état de mon livre. Il semble déjà mieux.

-Quand on parle du loup! lance M. Allen.

Je lève la tête et vois nul autre que Desmon. C'est pas vrai... Pourquoi lui?! À croire que la chance n'est pas de mon côté aujourd'hui...

Demons around meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant