Demons around me

Transformer une faiblesse en force

Infirnia

Je reste là, plantée sur mon balcon depuis des heures, les jambes en indien sur la rambarde, attendant que le vent me calme, que le vent me soigne. Le ciel est noir, il fait nuit depuis longtemps, mais je m'en moque. Je me moque de presque tout en fait. Si je suis là, réellement, c'est que j'attends de recevoir cette puissance. J'attends de trouver la sagesse de transformer ma peine d'aujourd'hui en force, comme elle me l'a demandé. J'attends de sentir sa présence en moi, de sentir qu'elle est là pour moi. Avec elle comme alliée, je réussirai à me battre.

Les garçons sont restés, probablement qu'Hadès a peur que je me jette en bas de ce balcon, et David, je crois qu'il a simplement compris que je n'allais pas bien. Les deux semblent... s'apprécier? Je ne comprends pas trop comment ils arrivent à aussi bien se conduire l'un envers l'autre alors que clairement, même si je suis une source d'alliance pour eux, les connaissant, je suis une source de conflit.

Elle me manque. Tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes, toutes les secondes, elle me manque. Je n'ai été ici que peu de temps, mais Ophélie... c'était ma meilleure amie. Elle aussi était différente des autres, elle le disait, haut et fort, elle en était fière. Je me rappelle qu'en la rencontrant, j'ai eu l'impression de respirer pour la première fois depuis longtemps. C'était agréable, si agréable. Enfin, je me sentais bien, paisible.

Tout ça n'était pas prévu. Je ne parle pas seulement d'Ophélie. Depuis ma fuite, un tas d'événements ont foutu mes plans, mes convictions, mes restrictions en l'air. Je ne devais pas quitter la Tchécoslovaquie aussi vite, je ne devais pas tomber malade, rencontrer David et en tomber amoureuse, je ne devais pas savoir qu'il était un ange, je ne devais pas rencontrer Ophélie, je ne devais pas rencontrer Simon et Tom, je ne devais pas les aimer... Je ne devais pas jouer avec Hadès.

-Tu te fais du mal.

-Quoi?

Je me retourne et vois David. Je ne m'habitue toujours pas à sa présence, même si je me rends bien compte qu'il ne partira pas bientôt. Ses cheveux flottent doucement dans la brise alors que ses yeux percent mon âme, ils l'ont toujours fait. Je le questionne du regard, cherchant à le comprendre, à comprendre ce regard que je n'ai jamais su interpréter.

-Je crois que je me dois de t'expliquer quelques éléments qui auraient pu t'échapper, reprend-il.

Je reste muette, prête à l'entendre. Il se masse les mains sans arrêt et regarde le sol, ses yeux cherchant maintenant à m'éviter.

-Je suis aussi une âme pure.

Je ne bouge pas, l'information me restant au travers de la gorge.

-La différence entre toi et moi, c'est que je ne rejette pas le Mal ou le Bien, et le Bien m'a disons transformé à ma naissance.

-Et pourquoi pas moi?

-Tu as fait comme pour l'âme démone, tu es allée à l'extrême pour ensuite t'en débarrasser. Tu es incontrôlable, du moins à ce qu'on sache, et donc tu es un prix à gagner.

Encore une fois, je me sens seule, horriblement seule. Même quelqu'un "comme moi" n'est pas capable de comprendre cette douleur, cette culpabilité qui me ronge tous les jours. J'ai tué trop de gens, je n'arrive plus à me faire confiance, à agir dans le bien, comme si je n'étais plus digne.

David continue de s'approcher vers moi et me fait descendre de la rambarde. On observe l'horizon, cherchant une réponse à toute cette haine, cette douleur. Il glisse son bras sur ma taille et m'attire vers lui. Je me blottie dans ses bras, prenant son amour pour compenser le vide en moi. J'ai besoin de lui, et l'avoir repoussé était loin d'être la solution.