Demons around me

Retour des vieux fantômes

Infirnia

Non. Ça ne peut pas être lui. Ça ne peut pas. Pourtant, mes doigts sentent bien sa joue. C'est sa joue, ça ne peut pas être autre chose. Qu'est-ce qu'il fait là... Qu'est-ce qu'il fait là... Ma tête tourne et ma vision se brouille sans arrêt. Je retire ma main de son visage et recule à une vitesse folle, faisant tomber tout derrière moi.

-Tu étais l'âme pure...

-David...

Ça me frappe en plein visage. JE l'ai abandonné. JE suis partie en voleur. JE lui ai fait du mal.

-Je suis tellement désolée, soufflai-je.

Son visage, qui affichait il y a à peine quelques secondes l'effroi et l'incompréhension, devient colérique. Il ouvre la bouche une première fois, mais aucun son ne sort. Il essaie une deuxième fois, en vain. Il rit, fort, nerveusement. Ses mains se lèvent dans les airs avant de retomber contre son corps. Il bafouille quelques instants puis reprend le contrôle de tout.

-Tu es partie!

-Comprends moi, je...

-Tu es partie! Je n'ai jamais eu aussi mal de toute ma vie, et Dieu sait qu'elle a été longue. Tu m'as abandonnée!

Les larmes ne prennent pas de temps à devenir des torrents sur mes joues. Je bégaie plusieurs fois, tentant de toutes mes forces de m'expliquer, mais les sanglots étranglent ma gorge à chaque syllabe que je veux prononcer. Je suis sous le choque. Je ne l'avais jamais vu dans un état pareil, lui, cette nature si tranquille, était terrassé par une tempête. Par moi.

Sa colère semble tourner en tristesse. Peu à peu, les muscles de son visage se détendent et ses yeux rougissent. Il s'approche vers moi, alors que je ne fais que craindre ses hurlements. Il est d'abord lent dans ses mouvements, mais il finit par se précipiter sur moi et m'enlacer dans ses bras. Je fais de même instantanément, pleurant avec lui à chaudes larmes. Il relève sa tête qui était au creux de mon épaule et dépose plusieurs légers baisers sur le haut de ma tête tout en caressant mes cheveux. Je ne le repousse pas, son amour m'ayant manqué. Je le serre encore plus, essayant tant bien que mal de formuler ce que je ressens. Je n'arrive pas à croire qu'il soit là, et que je sois dans ses bras. Ça me semble un rêve... À moins que ce soit un cauchemar.

-Tu m'as tant manqué, chuchote-t-il entre deux baisers.

Ces mots ont l'effet à la fois d'un couteau et d'un velour sur mon coeur. Mes vieux sentiments pour lui sont encore là, enfouis quelque part, je le sais, mais... il y a aussi lui qui est dans ma vie. Je soupire lourdement, sachant que mes paroles feront du mal à au moins une personne.

-Tu m'as manqué à moi aussi.

Ses bras se resserrent encore sur moi et je suis son élan. Alors que j'avais commencé à contrôler mes pleurs, elles redoublent de puissance. Je n'avais pas besoin de ça, pas besoin de ravoir ce fantôme dans le paysage. Mais je ne peux cesser de me dire que ça ne pouvait pas mieux tomber.

Nous nous lâchons et avant même qu'il ne parle, je pars en voleur. Je n'arrive pas à penser, tout se mélange dans ma tête, ne créant qu'un énorme gâchis. Il ne me retient pas, et je devine que c'est par compréhension, ce qui me rassure. Je sors de la bibliothèque, l'impression de respirer pour la première fois depuis plusieurs minutes. Les larmes continuent de déferler sur mes joues et je me sens inconsolable. Je marche à une vitesse folle, je veux fuir.

J'aperçois enfin Hadès et ne lui laisse pas le temps de réagir que je suis déjà dans ses bras en train de me morfondre. Il ne bouge pas, gardant ses bras ouverts quelques instants. Et s'il avait entendu? Et s'il était fâché contre moi? Je chasse cette idée, sentant mon coeur se tordre rien qu'à y penser. Il referme enfin ses deux bras sur moi, me rassurant. Il caresse mon dos du bout des doigts et garde la tête haute, comme s'il voulait être un pilier pour mon âme en peine. Je renifle un coup avant de lui faire face. Je dois lui dire. Que je le veuille ou non, ça le concerne.