Un pas en avant, dix pas en arrière

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Hadès

Elle est à bout de nerfs depuis ce matin, terrorisée à l'idée de revoir David, mais surtout, de croiser Belze. Ce qu'elle ne sait pas, c'est que moi aussi, j'ai peur de la voir. Elle a eu une emprise puissante sur durant tellement d'années, et avec l'âme démon que j'ai aspiré, c'est comme si l'Univers s'arrangeait pour que je retombe. Malheureusement, ça risque beaucoup trop d'arriver, les probabilités sont si élevées, je me crains. Je ne peux pas me permettre de redevenir un poids sur les épaules de Nia.

Nous arrivons devant l'école, le souffle court, essayant de préparer notre mental à cette journée. Contrairement à ce que j'aurais cru, elle redresse le dos, place sa tuque, affiche un visage rigide et fier avant de me regarder. Je fais comme elle, prêt à me défendre. Ce n'est pas une princesse en détresse, c'était et ça a toujours été une combattante, et ce n'est pas aujourd'hui qu'elle laissera tomber son caractère.

Nos deux mains se rejoignent, et sans même se parler, nous entrons le plus bruyamment possible. Nous traversons, tête haute, sourire aux lèvres, les casiers sans porter attention aux regards de feux que l'on nous jette. On veut seulement faire impression, faire peur. Je laisse sa main et entour sa taille de mon bras, non peu content de celle qui m'accompagne. Je sais qu'elle ne bluff pas, je sais qu'elle veut redevenir l'insolante sorcière qu'elle était. Ça me plait.

Nous montons les escaliers, toujours dans la peau de deux salopards. Les gens reculent à notre passage, faisant davantage plaisir à Nia. Nous arrivons enfin devant la bibliothèque, loin des regards indiscrets. Elle ne perd pas une seconde et se met à sauter de joie, bouche-bée d'elle-même. Je ris, plus qu'heureux qu'elle se sente mieux.

-Tu as vu! J.. j'ai réussi!

Les yeux pleins de tendresse, je pose ma main sur sa joue et la caresse doucement. Elle sursaute. Nous n'avons eu aucun contact intime depuis l'orage, elle ne s'attend à rien de ma part. La tristesse m'envahie, je ne veux pas la laisser tranquille. Je prends son autre joue et plaque mes lèvres contre les siennes. Nos corps s'électrisent alors qu'elle semble s'abandonner à moi. Je la plaque au mur et la presse davantage contre moi.

-Je suis à toi... je souffle entre deux contacts.

Elle gémit légèrement et pose à son tour ses doigts sur mes pommettes, collant mon visage au sien. Sa douce bouche danse avec la mienne alors qu'un tourbillon nous entoure. Je sens son coeur s'emballer dans sa poitrine, c'est à peine si elle frôle la crise cardiaque, et je peux en dire autant de moi.

Tu devrais te calmer, tu oublies que la rechute n'est qu'à un cheveu.

Laisse moi tranquille, laisse moi ce moment.

Quelqu'un se racle la gorge, mais nous continuons de nous embrasser... Jusqu'à ce que sa voix, sa foutue voix, brise notre moment. Nous nous détachons et fixons du coin de l'oeil Belze et Keridwan. La colère nous envahie tout les deux, mais avant même que je la protège derrière moi, Infirnia se glisse hors de mon emprise et se pose devant eux, et je dois l'avouer, même à moi, elle me fait peur. Elle avance lentement vers, ce qui fait effet à Keridwan, mais pas à Belze.

-Foutez le camp d'ici et ne m'emmerdez pas avec vos caprices de démon.

-Mais c'est que la petite torturée est fâchée. Bouhouhou, c'est dur la vie.

Keridwan prend confiance suite à la réplique de Belze, comme s'il l'avait lui-même dit. Nia, aucunement ébranlée, laisse la rage la consumer. Ses veines deviennent noires, mais ses yeux prennent une teinte violette avec un contour noir et blanc. Je n'ai jamais vu cela, mais pour l'effet, ça fonctionne.

-Je ne veux plus vous voir rôder près de moi, ordonne-t-elle dans une voix qui glace le sang.

Belze et Keridwan, tous deux sous le choc, repartent, méchanceté et soif de vengeance dans les yeux.

Demons around meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant