Cette noirceur si charmeuse

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Infirnia

-Infirnia...

Je l'entends de plus en plus approcher. Je panique. Putain, pourquoi ai-je dit à Ophélie de partir?? Elle m'aurait accompagnée, elle m'aurait donné la force nécessaire pour me lever. Mon coeur semble se détacher de plus en plus du reste de mon corps, comme pour fuir ce putain de cul-de-sac. Qu'est-ce que je fais, qu'est-ce que je fais, qu'est-ce que je fais?!

Soudain, je me retrouve avec une sensation de lourdeur. Sa voix est grave et lente, tout est ralenti, même mes respirations. Cligner des yeux semble prendre des heures. Je dois me lever, mais c'est si pénible que j'ai l'impression de mourir chaque fois que je dois contracter un muscle. Debout, debout, il se rapproche, ce ralenti est dans ta tête, debout!

Tout revient à la normale et cette force que je viens d'appliquer me fait sauter à au moins un mètre du sol. Je flotte un instant dans les airs avant de trouver l'équilibre pour atterrir devant ses yeux. Je prends de grande inspiration, mes épaules sont courbés, ma position est menaçante. À croire que mon cerveau voulait finalement me donner un coup de pouce. Il semble légèrement troublé, comme s'il s'attendait à une petite bête fragile. Cette pensée m'enrage davantage que sa simple présence. Mes yeux virent au violet et mes veines suivent le mouvement. Je souris en coin, attrape la veste de cuir sur mon matelas et le dépasse pour sortir, l'accrochant volontairement à l'épaule.

-On sort, je dis avec son ton joueur.

Je l'entends pouffer un rire de satisfaction dans mon dos. Je ne comprends pas. Une seconde je suis terrorisée, l'autre je me transforme en provocatrice. Peut-être est-ce ça l'instinct de survie. Il me rattrape avec de grandes enjambés pour finalement me devancer. Il se tient droit, mains dans le dos, menton vers le plafond, et je peux sentir ce rictus malsain sur ses lèvres sans le voir. C'est homme est des plus dérangés, ça, je n'en doute pas. Je ne dis rien, de peur de tomber à nouveau dans ma panique. Je ferai ce qu'on me dira, je n'ai pas le choix, même si ça me tue à l'intérieur.

Nous entrons dans l'ascenseur sans que j'en ai réellement conscience. Mon corps et mon esprit semblent s'être mis sur un drôle de mode automatique. Je sens son souffle sur ma nuque, mais la nervosité n'arrive plus à prendre le dessus sur la survie. Je sais depuis longtemps que je dois faire mes preuves, et c'est aujourd'hui que ce tourbillon commence. Je ne peux plus perdre contrôle, je ne peux plus laisser la panique me figer comme elle l'a fait il y a à peine quelques minutes. Ici, je suis testée, on m'observe sans arrêt. Il essaie de me déstabiliser, car même s'il ne veut pas croire qu'il a échoué, les rumeurs se rendent aussi à ses oreilles.

Les portes s'ouvrent sur un immense gymnase. Partout, des molosses et des tueuses. Démons et démones sont tous à fond, si enragés qu'eux aussi ont leurs veines noires. Très bien, il veut me voir me battre? Il sera servi. Je sors avant Asmode, enlève ma veste d'un coup de bras et la jette au sol. J'attache mes cheveux et leur sourie à tous qui pèse leur leur regard sur mon corps. Je remarque les sacs de boxe au fond de la salle et m'y dirige, tête haute, poings serrés, fixant avec force mon point d'arrivée. Dans la salle, silence complet, mais si vous voulez mon avis, ça n'est qu'une question de seconde avant que quelqu'un ne le brise.

Asmode me suit, et j'arrive parfaitement à savoir sa position sans le voir : mains dans le dos, menton levé, jetant des regards de réprimandes tout autour de lui, analysant chacun d'entres eux. Soudain, des chuchotements s'élèvent. Finalement un qui a le culot de parler, on va rire.

-Mais c'est qu'elle a tout un corps la traîtresse! ricane un con.

Je pouffe un rire de mépris alors que je sens Asmode bouillir derrière moi. Je me tourne vers celui qui a osé m'adresser d'aussi douces paroles. Je fonce droit vers, de plus en plus pompé. Ses bras sont croisés de fierté, me lançant comme un défi avec son langage corporel entier. Je prends une accélération à deux mètres de lui. Je lève mon pied, fais un pivot avec l'autre avant de sauter pour enfoncer parfaitement mon pied et ma cheville dans sa gueule de connard. Il tourne légèrement vers la gauche, suivant le mouvement de mon pied, avant de tomber au sol, sonné. Je tourne les talons à nouveau vers le fond de la salle. Il va vouloir attraper mon mollet. Je saute cette fois à pieds joints et écrase son coude qui craque dans un horrible bruit.

Demons around meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant