Destruction en cours

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Infirnia

Trois jours que je me drogue aux Heavens. J'en consomme environ deux par heure, le désir étant devenu de plus en plus présent et important. Ça me ronge de l'intérieur, c'est incontrôlable. Je les traîne partout. J'ai voulu en parler avec Asmode, mais il n'a fait que me dire que c'était passager. Et la cerise sur le gâteau : un constant mal de coeur que je supporte depuis ce matin.

Je rampe presque au sol tant je me sens faible. Je ne peux plus jouer avec mes victimes, je ne fais que les tuer avec mes pouvoirs et basta, même si ça siphonne une partie de mon énergie, c'est toujours moins forçant que de les tuer à mains nues. Tout le plaisir est en train de partir, je deviens dingue.

Je fixe le sol, évitant à tout prix de le voir. Un seul contact visuel et je sens que je vais défaillir. Traitez moi de faible, ça m'est égal. J'ai des limites, et avec mon état d'aujourd'hui, ça ne fait qu'empirer les choses. Alors vaut mieux me protéger. J'ajuste ma capuche et m'enfonce dans la classe d'histoire où, comble de l'ironie, je suis évidemment à côté de ce cher Hadès. Je suis maudite, c'est clair.

Il entre dans la classe le dernier, le sourire malin sur les lèvres qu'il avait habitude de porter tous les jours auparavant, mais disons que les circonstances ont plus ou moins bouleversé son univers. Il semblerait qu'il en soit revenu. Il se décale et je remarque son bras tenant doucement celui de Natura. Elle s'assoit à sa place, en face de lui, et lui à côté de moi, évidemment. Je n'ai même pas un regard, même pas un coup d'oeil. Il ne reste qu'une chose à laquelle j'ai droit : ses pensées. C'est fourbe, mais ces deux-là ensemble, ça me torture.

L'ignorer, je dois décrocher de tout cela, je dois décrocher d'elle. Elle n'est qu'une...

Assez, je n'ai pas besoin d'en entendre plus pour être vexée. Je m'installe au fond de ma chaise et m'adosse au mur, posant ma tête sur le béton tout en espérant faire passer cette horrible envie de vomir qui empire à chaque seconde. Je ferme les yeux un instant avant de les rouvrir, dérangée par l'entrée de M. Allen. Il commence son cours avec passion, comme toujours, mais me concentrer est très difficile.

Peu à peu, mes symptômes s'aggravent. Je commence à entendre, d'abord mon pouls, ce qui me fait grincer des dents, puis ceux de tout le monde, désorganisés comme des instruments lorsqu'ils s'échauffent. J'essaie de me calmer en prenant de grandes respirations : je ne l'entends pas, je n'arrive pas à me fixer là-dessus. Maintenant, ce sont chaque respirations et battements que j'entends. Chacun sont différents, rendant l'atmosphère que j'entends, un supplice pour mes tympans. Je n'ai qu'une envie, leur hurler d'arrêter de vivre.

La sueur commence à perler sur mon front, mes mains sont moites, mon corps tremble comme une feuille. Soudain, c'est comme si tout mon cerveau s'arrêtait et me laissait en mode automatique avec tout mon organisme : je dois penser à respirer, à cligner des yeux, à faire battre mon coeur, à écouter le cours malgré ce vacarme.

On tape des mains devant moi, me ramenant à la réalité drastiquement. J'entends des gouttes tomber, comme un robinet qui coule. Je regarde mon pupitre et le vois, taché de sang, mon sang.

-Nia, ça va? s'inquiète M. Allen.

Cette question redémarre le chaos dans lequel je suis prise au piège. J'arrive à voir et à trouver un cachet de Heaven dans mon étui à crayons. Je le prends et l'avale en une fraction de seconde. Tout se calme. Ouf, ce n'était que passa...

C'est encore plus bruyant, encore plus irritant, tellement que je ne peux m'empêcher d'hurler avant de sortir en courant du cours, la main sous le nez, une seule idée en tête : je dois dégueuler, et vite. Je cours dans tous les sens, l'équilibre faible, les bruits toujours aussi dérangeant, si ce n'est plus. Je dois trouver un endroit pour vider mes tripes et vite. J'ai l'impression que mes tympans vont exploser, tout comme mon ventre.

Demons around meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant