Comprendre l'incompréhensible

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Hadès

Je rentre d'un pas nonchalant, me foutant complètement de la raison qui m'a fait sortir de chez moi. La pluie tombe en grosses gouttes qui m'assomment à chaque fois qu'elle touche ma tête. À moins que ce soit moi qui suis en train de me ramollir.

Cette fois, c'est allé loin, mais je ne dirais pas trop loin. Je n'avais envie que d'une chose : plaquer mes lèvres contre les siennes et ne plus jamais les décoller. Cet effleurement relevait de l'impossible, j'ai dû puiser profondément en moi pour gagner, car si je n'avais qu'écouté cette violente pulsion, j'aurais perdu. Et ça, c'est hors de question.

Mais merde ce que j'avais envie de ses lèvres. Peut-être même plus... Mais pas de la même façon qu'avec les pouffiasses. J'avais envie de la caresser, de l'embrasser, d'être doux pour ne pas la briser.

Mais ressaisis toi merde! Elle est humaine, tu es un démon, trouvez l'erreur.

Je ne sais pas ce qui m'arrive, être ici me change. Lorsqu'elle est là, je n'ai pas cette envie de faire le mal qui me gruge, mais dans le cas contraire, ça vire au vinaigre, comme avant.

Ma tête commence à tourner et ma vision s'assombrit. Je m'assois puis finis par me coucher sur le pavé sans me soucier de la pluie qui tombe toujours. Je ferme les yeux et prends de grandes inspirations. Qu'est-ce qui m'arrive? Pourquoi j'agis aussi gentiment avec elle?

On sait tous les deux que pour elle, c'est probablement méchamment.

Mais pour moi, non.

Mais ouvre les yeux putain! Tu tiens à elle, c'est si dur que ça l'avouer? Et même si tu te l'avouais enfin, je te dirais que c'est une très mauvaise chose! Tu es un DÉMON, tu TUES des gens INNOCENTS comme ELLE. Tu es ici pour trouver et torturer Infirnia qui est sûrement devenue une bonne personne, contrairement à toi. Et tu l'as dit toi-même, quand elle n'est pas là, tu dégénères, ça devient dangereux que tu la fréquentes!

Oh la ferme! On est la même personne je te rappelle!

On l'était, tu es différent.

La ferme! Je me lève et ma tête se remet à me lancer, comme si un marteau-piqueur martelait chaque centimètre de celle-ci. Un hurlement s'empare de ma gorge. J'arrache presque mes cheveux tellement la frustration est grande. Ma peau se craquelle de veines noires. Je suis dans la merde. Je marche rapidement pour essayer de sortir de cette trans ou du moins d'arriver chez moi et d'éviter les dégâts.

Une vieille dame me demande une pièce. J'essaie de l'ignorer, mais elle devient de plus en plus insistante.

-S'il vous plaît jeune homme!

Je ne dis rien, serrant les poings de plus en plus. Vous feriez mieux de vous taire...

-Ah cette génération, tous des hypocrites!

Là c'est trop. Je me retourne, empoigne violemment son collet et la plaque contre le mur alors que ses pieds ne touchent plus le sol. Je lui lance un regard meurtrier et elle semble alors déceler que je ne suis pas un être humain.

-Démon, crache-t-elle à ma figure.
-Ça, personne ne doit le savoir.

Je la projette de toutes mes forces contre la benne à ordures. Elle se relève légèrement. C'est fini pour vous madame. Je me concentre et imagine son âme se brûler. Elle se tortille de douleur tout en hurlant. Elle plante ses yeux glacials dans les miens. Je lui souris et l'imagine en combustion. Les lumières commencent à s'allumer dans les immeubles, sûrement alertés par les cris de la vieille.

J'arrête sa torture alors qu'elle semble avoir perdu connaissance et pour le mieux, être morte. Je m'éloigne rapidement, entendant des pas de course derrière moi. Je me cache dans la pénombre et continue d'observer la scène. Une tignasse échevelée retenue dans un capuchon s'élance sur la dame. Je reconnais la silhouette. Nia. Je me calme aussitôt, réalisant ce qui s'est passé. Alors qu'elle semble m'apercevoir, je m'enfuis vers mon appartement qui n'est qu'à un coin de rue. Je débarre la porte en vitesse et m'enferme à double tour dans mon entre.

Demons around meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant