Chapitre 13 : Babysitter

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Lorsque je me lève, je suis d'une humeur massacrante. Je ne supporte plus mon plâtre. Heureusement, on devrait me l'enlever dans la semaine, pour le remplacer par une résine plus légère. Je me dirige tant bien que mal vers la cuisine où j'entends Isa qui doit être au téléphone. Je passe par la salle de bain, histoire de prendre un peignoir et de remettre rapidement mes cheveux en place. Quelques bribes de la conversation me parviennent.

— Ah... Oui ça serait génial, mais là c'est vraiment pas possible. Non, tu comprends, je peux pas la laisser seule en ce moment, elle a besoin de moi. Entre sa jambe dans le plâtre depuis l'accident, et son copain qui vient de partir à l'autre bout du monde, sans oublier ses terreurs nocturnes... Je me vois mal l'abandonner.... Non mais tu sais bien que j'aurais adoré ! On aura surement d'autres occasions. Pour une fois que nos vacances tombent en même temps, c'est dommage, hein ? Mais bon, c'est comme ça. Aller, je te laisse Hélène, passe une bonne journée. A bientôt, salut !

Je clopine jusqu'à la cuisine, où l'odeur de café et de pain grillé adoucit mon humeur. Je colle un bisou bruyant sur la joue d'Isa, nous échangeons quelques banalités, et je tente d'en savoir un peu plus sur ses projets.

— Tu étais au téléphone ?

— Oui, c'est Hélène qui m'a appelée. Elle est en vacances elle aussi, elle a loué une maison en Bretagne, tout près de la plage pour deux semaines, elle y est depuis samedi dernier, et elle aurait voulu que je la rejoigne. Léa devrait venir aussi, elle part demain.

— Super ! Vous pouvez faire une seule voiture alors ! Tu pars donc demain...

J'ai beau savoir qu'elle a décliné l'invitation, je compte bien la pousser à profiter de ses vacances.

— Non, non ! Bien sûr que non, je reste avec toi voyons. Ce n'est pas le moment de te laisser seule ici. Et puis je ne peux pas t'emmener avec moi : tu as rendez-vous à l'hôpital après-demain.

— Hey... Tu vas pas me dire que tu refuses une occasion en or comme ça ! Passer dix jours entre filles dans une maison au bord de la mer, il faudrait être fou pour cracher dessus ! Je suis une grande fille, je vais me débrouiller !

— Avec ton plâtre ? Hors de question.

— Tu me fais quelques courses avant de partir, et il n'y aura pas de problème ! J'irai à mon rendez-vous sans toi.

— Et qui va t'emmener ? Qui va t'aider à te faire à manger ?

— Je suis grande... Et puis tu sais, je ne suis pas seule. Tristan passe cet après-midi. Je peux lui demander de me conduire à l'hôpital après demain. Il sera content comme tout que je lui demande ce service. Allez quoi !? Prends dix jours de vacances, tu l'as bien mérité ! Je vais me sentir coupable si tu restes à cause de moi. Je t'assure que ça ira.

— Bon... On en parle avec Tristan tout à l'heure, et on verra en fonction de ce qu'il en dira.

Je ne suis pas très enthousiaste à l'idée de dépendre de Tristan pendant les prochains jours, mais je ne veux pas qu'Isa passe ses vacances à jouer les infirmières. Après tout ce que je lui ai fait subir ces derniers temps, il faut qu'elle fasse un peu le vide, qu'elle s'autorise une pause. Et le beau sourire qu'elle affiche désormais me conforte dans ma décision. Nous prenons notre petit déjeuner en discutant de tout et de rien. Puis je m'habille et passe le temps en lisant un peu. Nous grignotons quelques frites vers treize heures, et je m'installe devant la télévision pour attendre Tristan. Comme s'il le savait, il ne tarde pas à frapper à la porte. Isa lui ouvre, sans me laisser le temps de réagir. Ils se font la bise dans le couloir et il s'approche de moi. Il m'embrasse sur la joue en écartant une mèche de mes cheveux, puis s'installe à côté de moi dans le canapé.

STATERA MUNDIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant