Chapitre 12 : Départ

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Quelques mèches de ses cheveux blonds chatouillent mon front, je ris doucement en les écartant. Sa peau mate fait ressortir le bleu pailleté de ses yeux, et tout n'est qu'or autour de nous. Ses cheveux et ses iris scintillent, comme saupoudrés de poudre dorée. Rien n'existe plus en dehors de nous, une bulle nous enveloppe. Je me sens flotter, l'espace d'un instant. Je baisse les yeux et découvre que ma jambe est libre, mon plâtre a disparu. Je les relève vers lui, sa peau est d'or également. Seuls ses yeux sont restés bleus, tout son être étincèle. Je veux parler, il pose ses doigts sur ma bouche. Il approche son visage du mien et m'embrasse. Je ferme les yeux.

Lorsque je les rouvre, je suis bien dans les jardins du Luxembourg, Cyrians me sourit, il a retrouvé son teint mat, mon plâtre est à sa place. Le mirage s'est évaporé. Je regarde Cyrians en le questionnant des yeux. Il me murmure à l'oreille :

— Tout va bien, mon ange.

Je peine à retrouver mes esprits. Je suis un peu abasourdie. Je me redresse en m'appuyant malencontreusement sur mon poignet foulé.

— Tu as mal ? Ton poignet ? Qu'est-ce qui t'es encore arrivé ?

— Oh... Une foulure surement. Je me suis rattrapée dessus un peu brutalement hier soir.

— Montre-moi ça.

Je lui tends mon bras, il cale mon coude entre ses genoux et commence à masser doucement mon poignet. Son visage est doux, décontracté. Je cherche des réponses dans ses yeux, mais rien.

— La douleur va disparaître. Dans quelques minutes, tu n'auras plus mal, ce sera de l'histoire ancienne.

— Cyrians, je ne comprends pas. Qui es-tu ?

— Émy, écoute... Je vais partir pendant un petit moment... Je dois m'absenter pour les trois prochaines semaines.

— Tu dois vraiment partir, ou tu dis ça parce que tu ne veux plus qu'on se voit, sans vouloir m'en donner les raisons ?

— Non, cette fois ce n'est pas moi qui veux nous imposer une séparation. Je pars au Sri Lanka, pour mon travail.

— Tu es appelé comme médecin ?

— Oui, il y a eu un nouveau tsunami, il y a beaucoup de blessés et des maladies commencent déjà à se propager dans les camps de fortune.

— Ça donne envie... Combien de temps tu as dit ? Trois semaines ?

— Oui, c'est le délai qui m'est annoncé, mais ça peut se modifier, c'est une estimation. Je verrai sur place.

— Donne-moi un numéro de téléphone où je pourrais te joindre. Je ne veux pas rester trois semaines sans nouvelles de toi, alors que tu es au bout du monde.

— Émy... Je pars au Sri Lanka, dans des villages dévastés... Je ne pense pas qu'on puisse se joindre facilement. Et oublie aussi les cartes postales... J'essaierai de te contacter quand je trouverai un téléphone, peut-être dans certains cafés.

— Ok... je suppose que de toute façon je n'ai pas mon mot à dire, alors... J'espère que tu feras bien attention, et que tu penseras à moi... Tu pars quand ?

— Demain, en fin de matinée. Émy, c'est important tu sais. Ne te fais aucun souci, je penserai à toi à chaque seconde. Ça m'est difficile de te quitter déjà, je veux dire, on n'a eu peu de temps pour faire connaissance. J'ai hâte de rentrer, crois-moi. Et promets-moi de faire attention à toi en mon absence. Ta jambe sera surement guérie quand je rentrerai. Alors ne te casse rien d'autre, histoire que je te retrouve au mieux de ta forme.

STATERA MUNDIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant