Chapitre 23 : Soirée

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... mais heureusement, la sonnerie retentit de nouveau.

Un mec blond, les cheveux pleins de gel, entre bruyamment. Il porte une chemise à fleurs et des lunettes de soleil teintées d'un bleu pâle. Il parle fort et vite, je ne comprends pas ce qu'il me hurle dessus, mais il est écroulé de rire et tire la langue pour me montrer son piercing. Je me force un peu à rire et l'emmène vers le salon. Les autres doivent le connaître, puisqu'on l'appelle Romain de part et d'autre de la pièce. Son prénom me dit bien quelque chose, mais je ne parviens pas à me souvenir des cours que nous avions en commun. 

Je n'ai pas besoin de le mettre à l'aise, il fait déjà comme chez lui. Il branche son lecteur mp3 sur mon ordinateur, et la techno retentit. Les voisins vont me détester. Je n'arrive pas à me détendre, j'ai l'air d'une vieille fille aigrie. Je stresse rien qu'à les regarder trinquer, en pensant aux taches qu'ils pourraient faire sur le canapé. Romain semble déjà bien alcoolisé, il a dû commencer la soirée avant de nous rejoindre. On sonne de nouveau. Pourtant, le salon me semble déjà bien rempli. Deux mecs sont sur le seuil, ils se sont mis sur leur trente-et-un. Ils me font la bise.

— Moi c'est Mickael, mais tu peux dire Mike. On était ensemble au cours de M. Michaut. Je n'avais jamais osé te parler, alors quand j'ai vu ton invitation, je me suis dit que j'avais enfin l'occasion de faire ta connaissance. Et Clara m'a dit qu'elle venait aussi, alors je me suis jeté à l'eau ! Tu es superbe ! Ta robe est franchement classe ! Tu ressemblais pas trop à ça en cours. Enfin, je veux dire, tu étais plus... discrète ! Mais euh... Je veux dire que... Ça t'allait bien aussi...

— Merci...

Je souris en rougissant, plutôt contente de ce compliment maladroit. Finalement, ces personnes ont l'air plutôt sympas !

— Tu t'es pété la jambe ? questionne-t-il.

— Oui, un accident bête... Je me suis pris une voiture en plein boulevard de Montparnasse, je te fais pas un dessin...

— Ah ouais quand même... Et ça va mieux ?

— Oui, on va bientôt m'enlever la résine, c'est presque terminé. Excuse-moi, mais le mec qui est arrivé avec toi, je ne me rappelle plus de son prénom...

— Ah ! Oui c'est normal, on n'a pas tellement eu l'occasion de se présenter les uns et les autres à la fac... C'est super que tu aies lancé une invitation. Lui c'est Maxime, tu peux dire Max. Rappelle-toi le gars qui posait sans arrêt des questions incompréhensibles !

— Ah oui, ça y est, ça me revient ! Il a toujours ce petit air intello, même en soirée ?

— Oui ! Mais faut pas s'y fier, il adore la déconne, c'est un chouette type. Tu as besoin d'aide en cuisine ? Je peux te donner un coup de main peut-être ? Tiens, j'ai emmené deux pizzas à mettre au four.

— Je vais aller chercher les quiches qui sont prêtes, et on va pouvoir réchauffer tes pizzas. Mais ça va aller, je vais m'en sortir, t'inquiète pas.

— Bah ! Laisse-moi t'aider.

Il m'accompagne à la cuisine, et finalement je n'ai qu'à le regarder faire puisqu'il prend les choses en main. Il apporte les quiches dans le salon, nous coupons des parts et les distribuons dans les assiettes en carton que j'ai achetées cette après-midi. On sonne de nouveau. Je me précipite vers la porte, suivie de près par Mickael.

— Coucou, Émeline ! Je suis à l'heure ? Wouah, y a déjà du monde. Tiens, j'ai apporté un stock de bonbons. J'adore ça, je peux pas m'en passer.

Madiha, une petite bonne femme frêle, à la peau sombre et aux grands yeux expressifs, sautille sur le seuil de la porte. Sa tête paraît trop grande pour son corps mince et ses épaules maigres. Elle porte un collant violet et un tee-shirt jaune. Ses cheveux crépus sont divisés en deux petites tresses qui pendent derrière chacune de ses oreilles. Nous avons souvent bavardé ensemble en cours, quand le temps se faisait long. Elle me colle un bisou bruyant sur la joue en me prenant par les épaules avant de se faufiler derrière moi et de se mêler au groupe.

Mikael, décidément très dévoué, m'attrape par le bras et m'aide à rejoindre le canapé. Nous avons du mal à parler tant la musique est forte. Mickael me fait un signe de la tête et se lève pour baisser un peu le volume. Des éclats de rire fusent de tous les coins, on dirait qu'ils passent tous une bonne soirée. Je commence à me détendre. Les deux quiches que nous avions sorties n'ont pas fait de vieux os, je me lève pour aller chercher les suivantes mais Mickael me propose de s'en charger. Je le laisse faire et lui adresse un sourire timide. Clara le suit, en adressant un clin d'œil à Hélène. 

Mickael étant dans la pièce d'à-côté, je me retrouve un peu seule au milieu des différents groupes qui se sont créés. Heureusement, Maxime vient me faire la conversation, sans se départir de son air sérieux. On entend de nouveau la sonnette. J'ai du mal à y croire. La pièce ne pourra bientôt plus contenir tout le monde. J'ouvre, tandis que Mickael me rejoint. Je me retourne et lui souris, puis mon regard se fige sur la silhouette qui attend sur le seuil.

STATERA MUNDIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant