Ma première nuit au manoir avait été plutôt bonne, si je passais outre la sensation de confinement que je ressentais lorsque je me trouvais dans ma chambre. J'avais rejoint plutôt promptement mes appartements pour me préparer pour le salon de thé auquel j'étais invitée. Je ne mangeai que peu de choses, quelques fruits frais pour me maintenir en bonne santé et garder un teint éclatant. Bien apprêtée et l'heure du rendez-vous sonnant, je descendis avec grâce, mes doigts glissant lentement sur mon imposante robe pourpre. Ces escaliers étaient vraiment épuisants, quelle idée saugrenue de faire autant de marches, maugréai-je intérieurement. Lorsque je sortis de l'enceinte du manoir et que je me retrouvai dehors, je fus brutalement agressée par la lumière du soleil, bien trop violente pour ma peau et mes yeux sensibles. Je levai mon ombrelle pour me protéger et ainsi parer les attaques de cet astre doré. J'arrivai finalement au lieu de rencontre. Les jardins étaient drastiquement différents vus d'en bas. Depuis mon balcon situé au deuxième étage, j'avais eu une vision étendue des centaines d'espèces florales qui avaient élu domicile ici. En effet, j'avais un panorama qui s'étalait des arbres et arbustes aux couleurs chatoyantes jusqu'à l'autre bout du parc où se trouvait fièrement un simple mais grand bâtiment, probablement réservé pour les bals et autres festivités. En revanche, une fois au sol, les immenses haies – qui marquaient l'entrée ou la sortie – nous empêchaient de voir la richesse des jardins. Je passai le portail en argent scintillant pour tomber face à face avec une statue de Clotaire du Thocen, le grand-père du duc. Bien que très grand, une sensation de sécurité se dégageait de ce lieu. La fontaine d'argent située au centre du lac lançait des jets d'eau à intervalles réguliers. J'aperçus un groupe de jeunes filles sur la rive gauche du lac mais personne de l'autre côté, que ce fût sous les arbres ou sur les nombreux bancs. J'allai à leur rencontre sans me presser, surtout avec une chaleur aussi écrasante.
Toutes les idiotes étaient attablées à l'exception de Holie, debout et qui semblait m'attendre. Je vis son sourire qui grandit au fur et à mesure que je m'approchai du groupe. Nous nous serions crus à une mascarade tant les robes des demoiselles furent atrocement vives, cela fut un supplice sans nom pour ma vue. La grosse vêtue d'une robe bleue était à une extrémité de la table rectangulaire tandis que je fus à l'autre. Je remarquai qu'il y avait trois sièges de chaque côté or, seulement cinq étaient occupés. La chef entama les présentations, elle désigna dans l'ordre Présina, Udie, Tulia et... J'arrêtai d'écouter. En réalité j'avais déjà oublié les prénoms des sottes précédemment nommées. Apparemment, la personne qui manquait à l'appel fut la propre cousine de Holie. Quel exemple ! Je pris place et une fille me demanda si je fus nouvelle en me tendant une pâtisserie. C'était affligeant, bien évidemment que je fus nouvelle, elle m'aurait connu dans le cas contraire. Le petit gâteau, lui, par contre, était absolument délicieux. Je l'engloutis rapidement, bien trop rapidement selon moi, je ne voulais pas passer pour une goinfre et surtout je ne voulais pas terminer comme mon hôte. Mais ce goût à la fois épicé et sucré était tout bonnement divin. Je n'avais jamais été une grande admiratrice de la nourriture, ni des expérimentations faites avec cette dernière mais je dus reconnaître un savoir-faire indéniable. Holie voulut savoir si je l'eus apprécié ou non et je ne pus que répondre par l'affirmative. Cette garce me révéla ensuite que son père l'avait ramené d'un de ses « très » nombreux voyages aux Îles dorées. J'avais déjà entendu ce nom-là, mon père m'avait racontée que cet archipel, très loin au sud d'Aulan, tenait cette appellation non pas du métal précieux mais de l'effet extrêmement brillant et lumineux que produisaient les rayons du soleil lorsqu'ils touchaient le sommet des dunes de sable, en quantité infinie sur ces îles. Pendant ce que je considérai comme des heures mademoiselle déblatéra sur son père le riche marchand rapportant de nombreuses denrées exotiques grâce à ses excursions.
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Courtisane
FantasyEléonore de Chavigny est la fille unique d'un noble désargenté. Désormais en âge de se marier, son père l'envoie chez le Duc d'Aulan avec tout l'argent qu'il leur reste dans l'espoir de trouver un bon parti. Plaçant toute sa confiance en sa fille, l...