Il se trouvait bel et bien devant moi : l'inconnu du manoir. J'étais toute tremblotante et toujours brûlante à sa vue. Sous mes yeux se dressait l'objet de mes désirs, l'homme parfait. Son pourpoint rouge et noir – il était assorti à ma tenue ! – semblait bien trop serré pour sa musculature plus que saillante. Dans tous les cas, si cela le gêna dans quoi que ce fût, il le cachait plutôt bien. L'inconnu s'approcha lentement de moi avant de s'incliner avec un profond puis de déposer sur ma main le plus doux baiser que j'eusse jamais reçu. Il marqua un temps d'arrêt ; son regard croisa le mien, sa parfaite dentition blanche découverte par le sourire qui illuminait son visage. Nous restâmes longuement à nous fixer silencieusement, un étrange lien s'immisça entre nous. Le bel inconnu et moi étions désormais liés, j'en étais sûre et certaine. J'aurais pu le regarder pour l'éternité, la sensation que je ressentais était indescriptible, c'était quelque chose de transcendant, quelque d'inexplicable qui me prenait au plus profond de mon âme. Ressentait-il la même chose à mon égard, ressentait-il cette émotion prenante ? Je ne parvenais pas à l'analyser, ses yeux sibyllins cachaient magnifiquement bien ses obscurs desseins. Il finit par prendre la parole, brisant cette connexion que le silence avait instaurée.
« J'espère ne point vous déranger mademoiselle, je me nomme Adam de Lur... »
Adam... Quel ravissant prénom pour un si ravissant jeune homme. Sa voix me transportait, à la fois grave et séduisante, suave et sensuelle. En échange de sa très charmante introduction, je me présentai comme l'étiquette l'ordonna : avec une très lente révérence.
« Vous ne m'importunez guère monsieur de Lur, je suis enchantée de faire connaissance, je suis Eléonore de Chavigny », répondis-je avec innocence.
Nous restâmes quelques secondes encore à nous contempler mutuellement. Il était si beau, si magnifique, si parfait. Je le considérai véritablement comme mon équivalent masculin, le sexe fort dans sa forme la plus parfaite. Mais je devais me ressaisir, passer outre cette attirance adolescente. Je ne pouvais nier ces sentiments qui me prirent d'assaut mais je pouvais encore moins me permettre de tomber pour un homme, si beau qu'il fût. Cela me coûterait bien trop cher de m'enticher et de perdre, par la suite, l'esprit et la raison. Non, je ne devais pas succomber à mes passions... Mais il était si beau. Pour rompre le silence qui s'était installé depuis les présentations, je lui posai quelques questions par rapport à lui, sa famille, son titre. Adam m'expliqua avec simplicité et sans peine apparente qu'il était orphelin depuis quelques années. Je me demandai intérieurement s'il cachait ses émotions ou bien s'il ne ressentait vraiment rien par rapport à la mort de ses parents. Ensuite Adam m'avoua qu'il ne posséda pas de titre, ni de terre, mais qu'il fut en possession d'une fortune plus que considérable. Cela suffit à refroidir mon ardeur, il n'était pas noble, cela m'apprendrait à juger la trop vite la qualité d'un beau garçon. Je ne pouvais me permettre d'épouser un bourgeois, aussi riche qu'il pût être. Mais il était si beau.
« Puis-je vous demander ce que les autres ont pensé de moi ? » m'enquis-je avec sincérité.
Il eut un petit rire puis il me dit tout simplement que les hommes avaient été totalement assujettis face à ma prestance, ni plus ni moins. Adam rajouta que les femmes étaient en proie à une folle jalousie et me trouvaient tous les défauts possibles et imaginables. Ah. La jalousie, passion plus que nocive, faisait perdre la raison, j'étais exempt de défauts alors elles pouvaient toujours chercher si tel était leur loisir pour la soirée. Etait-ce de ma faute si ces femmes étaient des laiderons à côté de moi ?
« A mon tour de vous poser une question... Désirez-vous danser en ma compagnie ?
— Je le désire », acceptai-je sans hésitation.
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Courtisane
FantasyEléonore de Chavigny est la fille unique d'un noble désargenté. Désormais en âge de se marier, son père l'envoie chez le Duc d'Aulan avec tout l'argent qu'il leur reste dans l'espoir de trouver un bon parti. Plaçant toute sa confiance en sa fille, l...