Le Sidh - Les héritiers

Chapitre 4 : Songes et visites - Partie II

Tomas observa la policière quitter la pièce et s'approcha de Selena :

– Ça va aller ?

– Oui. Ça s'est bien passé.

Elle se tourna vers l'infirmier :

– Au fait, vous vous connaissiez tous les deux ?

Ce dernier haussa les sourcils et demanda :

– Pourquoi ?

– Tu ne l'as pas quittée du regard. Soit, tu la connais, soit je viens d'assister à un coup de foudre en direct.

Tomas rit avant de répondre :

– Je n'avais pas remarqué. J'étais tout simplement absorbé par la conversation.

Il parcourut les quelques mètres qui le séparaient de la porte en ajoutant :

– Et par son visage. Il faut dire qu'elle est vraiment belle.

La bouche de Selena forma un « O », mais avant qu'elle ait pu assaillir Tomas de questions, ce dernier ferma la porte avec un sourire malicieux. Oh, le chameau ! Comment pouvait-il lâcher une telle bombe et partir tout de suite après ? Il lui fallait plus de détails, bon sang !

En planifiant déjà leur futur mariage, Selena attrapa son téléphone sur la petite table de chevet et l'alluma. Elle devait passer les vacances chez elle, en Bretagne, et à cause de l'agression, ce séjour allait commencer plus tôt que prévu. Une cinquantaine d'appels manqués s'affichèrent avec tout autant de messages écrits. La moitié était ceux de son oncle. Selena composa tout de suite son numéro, en espérant naïvement que son oncle ignorait qu'elle avait été victime d'une fusillade.

Selena entendit quelqu'un décrocher :

– Allo ?

– Adrian, c'est moi.

Un long soupir retentit au bout du fil :

– Selena. J'arrive enfin à te parler. Comment vas-tu ?

– Heu, oui, ça va. J'ai eu un souci en allant chez le médecin. Mais surtout, ne t'inquiète pas, je vais bien.

Silence. La jeune fille eut l'espoir que cette excuse réussisse à empêcher la tempête de se déclencher.

– Te faire tirer dessus, tu appelles ça « un souci » ?

Crotte. Il savait. Selena inspira et se prépara au sermon qui allait l'engloutir dans quelques secondes :

– Étant ton seul parent en vie, fillette, il est logique que l'on me prévienne en cas de « petit souci ». Tu as vraiment cru pouvoir me cacher une chose aussi grave ? Sais-tu à quel point je me suis inquiété ? Je ne devrais même plus te laisser sans surveillance ! Il t'arrive toujours des « soucis » !

Selena décolla le téléphone de son oreille et attendit que l'orage passe. Elle connaissait ses répliques par cœur. « Fais attention, quand tu sors ! », « Je te l'ai répétée dix mille fois. Regarde où tu mets les pieds ! », « Sois plus attentive à ce qui t'entoure ! », « Je devrais t'interdire de sortir toute seule ! », « Tu veux me tuer ? », « Je deviens trop vieux pour avoir de telles frayeurs », et cætera, et cætera.

– Bon sang, Selena, je te jure que si tu me refais une peur pareille, je... je...

Il laissa échapper un sanglot. Et cela brisa le cœur de Selena. C'était l'individu sur lequel elle se reposait constamment, celui qui avait solution à tous les problèmes et qui restait fort en toute circonstance. Il ne perdait pas ses mots, et ne pleurait jamais devant sa nièce. La voix chargée d'émotion, elle tenta de le rassurer :