Le Sidh - Les héritiers

Chapitre 9 : L'étoile lunaire - Partie II

Curieuse, Selena la suivit. Mél parcourut le couloir sinueux puis s'arrêta devant la dernière porte en bois massif. Elle appuya sur la poignée et l'ouvrit doucement.

– Par ici, dit-elle, en entrant. Fais attention, il est très facile de se perdre à l'intérieur.

Pensant à une plaisanterie, Selena sourit. À moins d'être doté d'une intelligence comparable à celle d'une huître, il était impossible de se perdre dans une maison aussi petite. Alors dans l'une de ses pièces, n'en parlons pas. Elle lui emboîta le pas, curieuse de découvrir ce qui s'y cachait. Elle n'avait jamais franchi cette porte. Cette dernière avait toujours été fermée à clé et elle l'avait cru condamnée. En apercevant l'intérieur, Selena lâcha une exclamation de surprise. Si elle avait su, elle aurait poussé un peu plus loin ses investigations...

Cette pièce ressemblait à un débarras dans lequel un labyrinthe d'étagères en bois reposait. Si le bruit des cigales et des oiseaux était audible dans toute la maison, seuls les craquements des murs et du plancher résonnaient ici. La poussière embaumait l'air et dansait à travers les quelques rayons lumineux qui s'infiltraient entre les volets clos. Mais cela ajoutait un certain charme à cet endroit. Selena comprit alors pourquoi Mél l'avait mise en garde. Les étagères poussiéreuses étaient entreposées de façon chaotique, et elles étaient si hautes qu'il était impossible de se repérer à travers la salle. Elle marcha sur les traces de Mél en admirant les lieux. Sur les meubles étaient stockés des centaines de livres et d'objets singuliers. Ils lui rappelaient ceux du moulin : des tablettes en pierres ou en bois, sur lesquelles étaient gravés des dessins ou divers symboles ; des parchemins ; de nombreuses plantes desséchées ; des fleurs dont la couleur des pétales séchés restait étrangement vive ; diverses armes antiques et rouillées ; d'anciennes étoffes ; des flacons en verre et bien d'autres encore.

La pièce était en réalité immense. Comment une maison de cette taille pouvait-elle abriter une salle pareille ? Elle devait être aussi grande qu'un terrain de football, voir plus. Captivée par cet environnement absurde, Selena perdit plusieurs fois Mél de vue. La retrouver était difficile, d'autant plus qu'elle avançait sans lui prêter attention. Son comportement était de plus en plus étrange.

Selena s'immobilisa devant des objets luisants : un bracelet délicatement ciselé en or, un poignard fin en argent dans son élégant fourreau, et un petit coffret qui paraissait être fait de terre sèche. Elle s'arrêta à leur niveau pour les admirer de plus près. Contrairement à l'ensemble de la salle, il n'y avait pas un grain de poussière dessus. Chose étrange, elle se déposait même autour. Selena tendit la main pour ouvrir la boîte, curieuse de découvrir ce qu'elle contenait, quand la voix de Mél interrompit son geste.

– Selena ? Tu viens ?

Selena s'empressa de la rejoindre en slalomant à travers les étagères. Elle la retrouva enfin devant une porte. Elle triturait quelque chose dans ses mains. Son médaillon. Il avait la forme d'une clé. Selena fronça les sourcils. Étrange. Maintenant qu'elle y pensait, Mél n'avait pas de bijoux et encore moins de collier. Et pourtant l'objet semblait ancien, comme s'il avait été porté depuis des années.

Mél désigna l'encadrement derrière elle et demanda :

– Vois-tu cette porte ?

Selena jeta un rapide coup d'œil à la porte. Ternie par le temps, elle était faite de bois et d'élégants symboles y étaient gravés. À moins d'être aveugle, elle était bien visible. Mél devait lui jouer un tour.

– Celle-là ? dit Selena. Ben, oui... J'ai juste quelques problèmes de sommeil. Ma vue fonctionne toujours très bien.

Ses yeux s'écarquillèrent imperceptiblement.