Chapitre 28 : Intuition à travers le brasier - Partie I

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Hé ! Psst !

Il chuchota :

Alan ?

Ouais. Tu vas bien ?

J'ai l'impression de m'être fait rouler dessus. Par un train. Aller et retour.

M'en parle pas.

Où sommes-nous ?

Alan soupira :

Je ne sais pas. Mais pas en sécurité si tu veux mon avis.

Le prisonnier observa ses mains menottées et ricana :

J'avais remarqué. Merci.

De rien. Ce constat fait, il faut sortir de là.

Comment ? Je ne sais pas pour toi, mais je suis attaché et ça m'étonnerait que la porte de la cellule soit déverrouillée.

Ouais. Ça ne nous facilitera pas la tâche.

Pourquoi sommes-nous toujours en vie ?

T'en poses de ces questions... J'en sais rien. Mais si tu veux mon avis, c'est une excellente chose.

Je ne sais pas...

Il avait un mauvais pressentiment. S'ils avaient été capturés par eux, leurs jours étaient comptés. Et si ce n'était pas le cas, cela n'augurait rien de mieux.

Des bruits de pas se firent soudain entendre. En se concentrant, il était facile de deviner que plusieurs personnes — trois ? Quatre ? — arrivaient. Ils s'approchaient. Les deux prisonniers se turent. La porte de la cellule s'ouvrit alors et fit apparaître deux hommes. Il se crispa. Leur visage était inconnu, mais son mauvais pressentiment s'accentua. Un troisième individu pénétra dans la pièce. À sa vue, la colère remplaça l'appréhension. D'une voix grondante, il cria :

Toi ?

                                                                * 

Stoppée par la présence d'un gouffre, Selena s'arrêta au sommet de la colline rocheuse. La marche avait été paisible. Pas de fleurs meurtrières, pas de gaz toxique. Il restait juste dans l'air une fine odeur de soufre. En dépit d'une atmosphère chaude et moite, cela s'était révélé facile. Trop facile. Selena avait avancé prudemment. Après tout, ce monde avait prouvé qu'une catastrophe meurtrière pouvait leur tomber dessus à tout moment. Chose qui paraissait être confirmée par les vrombissements présents au loin. C'était clairement de mauvais augure. Mais rien ne s'était produit. Étonnement.

Selena était la première à être arrivée sur les lieux et en attendant le reste du groupe, elle s'assit sur le rebord du précipice pour étudier la zone. La colline s'arrêtait brusquement, comme si son autre moitié avait été effacée. Et ce n'était pas la seule. Toutes celles à proximité semblaient avoir été plus ou moins gommées pour former la limite d'un immense cratère. Bien qu'elle ne puisse en distinguer qu'une infime partie, cela ressemblait beaucoup à l'impact d'une météorite.

Gabriel fut le premier à la rejoindre. Il jeta un coup d'œil nerveux en bas du précipice, sûrement pour en estimer la profondeur, et se détendit. L'escarpement n'était pas vertical et formait une pente abrupte, mais praticable. Cela rendait la hauteur moins impressionnante. L'héritier parcourut le paysage de son regard. Et il fallait dire que le spectacle était saisissant. De ce qu'elle pouvait voir, l'intérieur du cratère prenait l'apparence d'une plaine dont les couleurs alternaient entre le noir charbonneux et des teintes vives qui dessinaient de grands cercles jaunes, rouges ou orange. Quelques colonnes de fumée blanche étaient réparties aléatoirement sur l'ensemble de la zone. Parfois petites, parfois volumineuses, elles étaient la source du léger brouillard opaque qui rendait difficile l'observation du cratère.

Le Sidh - Les héritiersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant