Le Sidh - Les héritiers

Chapitre 14 : A la recherche d'Avalon - Partie I

Selena regarda le réveil. Vingt-deux heures. Adrian n'était toujours pas rentré. Son oncle était toujours pris par le travail et l'avait avertie de ne pas l'attendre et d'aller se coucher. Elle avait jusque-là beaucoup lu. Savoir qu'un texte résistait à son superpouvoir lui donnait encore plus l'envie de connaître son contenu. C'était toutefois difficile. Les symboles lui donnaient beaucoup de mal. Elle devait rester hautement concentrée afin de fixer les caractères dansant sur la page. Mais le sens des mots se révélait petit à petit. Cet ouvrage parlait du Sidh. De son histoire. Elle n'arrivait pas à tout saisir. Juste des bribes, mais elle s'accrochait. Elle le devait. Ce livre lui était apparu juste avant les révélations sur l'existence du Sidh. Était-ce un hasard ? Elle ne savait pas. Mais ce dont elle était sûre, c'était que le symbole qui ornait la couverture était identique à celui de son collier et que ce dernier avait donc un lien avec l'Autre-Monde. Et avec sa mère.

Selena replongea dans sa lecture. Au prix d'un grand effort de concentration, elle était arrivée à traduire un passage entier :

« Les suzerains, porteurs de la marque de la première reine, gouvernaient et guidaient le monde des fées, de par leur sagesse et leur pouvoir. Régents des veilleurs, les monarques du royaume éternel surveillaient la protection de la mère... »

Selena plissa les yeux. Les mots changeaient encore.

« Régents des Gardiens, les monarques du royaume éternel veillaient sur l'égide, et repoussaient les limbes et ses abominations. »

Plus elle se concentrait sur les symboles, plus leur signification devenait claire, mais également plus complexe. Ces signes évoquaient plusieurs termes, signifiant plus ou moins la même chose, mais leur nuance pouvait changer le sens de la phrase. Elle se massa les tempes. Si en plus, elle devait faire attention aux différentes variantes des symboles, elle n'était pas près de finir ce bouquin...

« Les cinq royaumes jouirent d'une prospérité sans fin, portée par les descendants de la reine mère. Il a été dit que le Sidh bénéficierait de son éternelle protection tant que l'un de ces êtres foulerait la terre sacrée des fées. »

Le sang cognait contre son crâne. Elle avait maintenant la migraine. Ce devait être le moment d'arrêter. La lecture était laborieuse et elle n'avait pas beaucoup avancé, mais elle était sur la bonne voie. Elle posa le livre sur la table de chevet et éteignit la lumière. Elle avait beaucoup appris aujourd'hui. Et elle avait le sentiment que ce n'était que le début. Vivement demain.

Elle se dirigea vers le plus grand pavillon, celui qui arborait le symbole de la royauté. C'était là qu'elle devait se trouver. En soulevant le voile qui cachait l'entrée, elle fut frappée par l'ambiance pesante, presque étouffante qui régnait dans la tente. De la fumée âcre et fétide, provenant des nombreuses bougies allumées, rampait sur le plafond. Mais ce n'était pas la seule cause. Plusieurs chevaliers étaient présents, ainsi que le roi. Arthur. Elle le savait maintenant. Tous étaient attroupés autour d'une table. Et tous étaient marqués par la fatigue et le trouble. L'intérieur était très rudimentaire et comportait peu de fioritures, surtout pour le pavillon du monarque. Ce dernier était plus âgé que dans ses souvenirs. Ses cheveux et sa barbe grisonnante émaciaient encore plus son visage.

Elle s'installa entre deux hommes et pencha la tête pour distinguer l'objet de leur regard. Ils étudiaient une carte. Cette dernière supportait des petites pièces de bois, réparties à travers sa surface. Un chevalier au visage creusé prit la parole :

– Ce ne sera pas facile. Quelques éclaireurs ont rapporté la présence de plusieurs unités à la lisière de la forêt. Et ce n'est pas tout. Le temps n'est pas propice à la bataille. Le terrain est trop boueux pour nos chevaux et l'orage est proche. J'ai bien peur qu'ils aient l'avantage, cette fois.