Le Sidh - Les héritiers

Chapitre 8 : La reine onirique - Partie II

Il prit la fleur avec des mains tremblantes. Il se tourna vers Melvin qui hocha la tête en réponse à sa question muette.

– Où l'as-tu trouvée ? murmura Adrian.

– Dans la forêt, dit Selena. Ou plutôt dans une clairière à l'intérieur.

– Une clairière... Comment était-elle ?

Il paraissait en transe devant les pétales. S'il réagissait ainsi juste avec une simple fleur, Selena n'osait imaginer la réaction qu'il aurait après avoir entendu toute l'histoire.

– C'était... étrange... Je connais la forêt, tu le sais, mais je n'avais jamais vu cet endroit. Il y avait beaucoup de fleurs comme celle-là, une rivière avec des poissons colorés, de l'herbe à perte de vue. Mais... il y avait aussi autre chose.

Adrian releva la tête et posa sur elle un regard inquiet. Il l'encouragea à parler :

– Quoi ?

Selena continua hésitante, ne sachant trouver les mots pour présenter correctement la chose :

– Je n'étais pas seule là-bas. Il y avait... une espèce d'animal.

Elle leur raconta sa rencontre avec la créature et sa disparition soudaine.

– Je sais tout ça à l'air absurde, finit-elle, mais je vous promets que je n'invente rien.

Elle se tut et les observa un à un. Elle redoutait leur réaction. Ils n'avaient pas dit un mot durant son récit. Will se tourna alors vers Melvin. Il semblait excité :

– Melvin, est ce que ça pourrait être... ?

– C'est probable, acquiesça ce dernier. C'est même l'explication la plus logique.

– Ça ne devait pas arriver aussi tôt ! intervint Adrian.

Selena avait vu le visage de son oncle se décomposer au fur et à mesure de son histoire. Il avait posé la fleur sur la table.

– Il n'est peut-être pas le seul à s'être activer ! continua-t-il. Si d'autres y accèdent, ou pire que l'inverse se produit, ça va être la panique !

– Ne t'affole pas, le calma Melvin d'une voix apaisante. Comme tu viens de le dire, ce n'est pas le seul qui existe. Nous en aurions entendu parler si c'était le cas. Mais cette information est fabuleuse ! Ce n'était que des rumeurs, mais maintenant nous avons la preuve que cela est possible.

Selena ne comprenait rien, mais absolument rien, à ce qu'ils racontaient. Elle n'avait pas imaginé de telles réactions. Elle s'était attendue à du scepticisme. Ou peut-être un peu de compassion, voire de l'effroi vis-à-vis de la bête qui parcourait encore les bois. Comparés à Adrian, à la limite de la syncope, les autres étaient enthousiastes, voire ravis. À croire que s'être fait pourchasser par un monstre était la meilleure chose qui pouvait arriver dans une vie.

– Puis-je savoir de quoi vous parlez ? grogna Selena. J'ai failli me faire dévorer et vous trouvez ça fabuleux ? Vous avez un grain, ou quoi ?

Ils se turent et la regardèrent, hésitants.

– Elle est impliquée maintenant, commença Melvin.

Adrian l'interrompit aussitôt :

– Non ! Elle n'a aucun rapport avec tout ça. Et ça doit le rester !

Et c'était parti... Il avait la fâcheuse manie de l'exclure de toutes les conversations intéressantes. Elle était « trop jeune, trop fragile, trop inexpérimentée, il fallait attendre qu'elle grandisse encore un peu... ». Adrian se tourna vers elle :