Selena parcourrait de long en large les étagères. Elle cherchait et piochait dans les rayons les livres en langues étrangères. Elle en trouva plusieurs : en grec ancien, en italien, en russe, un autre dans un langage inconnu rédigé avec des symboles incongrus. Et même un rouleau de papyrus avec des hiéroglyphes. Cette librairie avait vraiment de tout. Et il fallait se rendre à l'évidence, que ce soit des langues vivantes ou mortes, elle les comprenait dans leurs moindres détails. Cela devenait amusant et très excitant. Elle allait faire des ravages en cours de langues l'année prochaine. Selena s'était assise par terre dans un coin de la boutique, une pile de livres à côté, et analysait les symboles qui noircissaient les pages. Concentrée dessus, elle n'entendit pas la libraire s'approcher :
– Tu veux jeter un coup d'œil dans la réserve ? lui souffla-t-elle dans l'oreille.
Selena sursauta et glapit de surprise. Les grands yeux noirs de la vendeuse la fixaient d'un air rêveur, presque absent.
– Oh, excuse-moi, dit-elle, calmement. J'aurais dû faire plus de bruit.
Selena plissa les yeux. Ses excuses étaient loin de lui sembler sincères. Que lui voulait cette femme ? Selena ferma le livre et le tint fermement contre elle, prête à s'en servir si cette vendeuse louche effectuait le moindre geste brusque.
– Alors ? Veux-tu voir ce qu'il y a là-bas ? insista-t-elle.
– Dans la réserve ? demanda Selena, méfiante.
– J'y garde les objets les plus précieux et les plus fragiles, expliqua-t-elle. Ceux que je préfère ne pas mettre à disposition de tous. Mais je constate que tu es une fine connaisseuse. J'ai rarement vu des personnes capables de lire autant de langues.
Selena se dépêcha de la contredire :
– Oh non ! Je ne les comprends pas toutes. J'ai beaucoup voyagé ce qui m'a permis d'avoir quelques notions, mais c'est tout.
Sa remarque l'embarrassait. Ce don qu'elle ne comprenait pas encore ne devait pas être ébruité à tout va. Cela attirerait l'attention, chose qu'elle voulait éviter, surtout ici, à Paris. Elle ne se sentait plus à l'aise dans cette ville. Elle changea vite de sujet :
– Sinon, oui. J'aimerais beaucoup voir ce que vous avez dedans.
Selena suivit la vendeuse en direction de la pièce derrière le comptoir. C'était une petite salle qui accueillait d'autres étalages. La plupart contenaient des livres abîmés ou anciens. Son œil expert, entraîné par Adrian, remarqua tout de suite que quelques-uns étaient très précieux et avaient une valeur inestimable.
– Comment vous êtes-vous procuré tout ça ? demanda Selena, impressionnée.
– Facilement, dit-elle, d'un ton léger. J'aime beaucoup les vieux livres. Je les collectionne en quelque sorte. Je voyage énormément. Et j'en achète beaucoup. J'ai aussi certains clients qui m'en vendent ou qui m'en offrent. Malheureusement, je n'en comprends pas la moitié.
Selena observa les reliures, en quête d'une trouvaille intéressante. L'une d'entre elles attira son attention. Un symbole très familier, identique à celui qu'elle portait autour du cou, ornait le dos du livre. Elle tendit le bras, prête à l'attraper. La vendeuse agrippa soudainement son épaule et cria :
– Stop !
Selena sursauta à nouveau. Cette libraire avait vraiment un grain... Elle retira doucement ma main. Il ne faudrait pas qu'elle se fasse mordre.
– Ils sont très fragiles ! continua la femme, la voix stridente. Prends garde lorsque tu les touches !
Elle reprit un ton normal, calme :
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Le Sidh - Les héritiers
FantasyCela commença avec un rêve. Puis vint l'agression. Depuis, la perception de Selena changea petit à petit. D'anciens héros et des créatures de légendes apparurent. Des voix, des rêves et d'étranges dons se révèlerent à elle. Et si les légendes qu'el...