Chapitre 25 - Agilité sous les cieux - Partie I

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Son camarade ferma la porte en bois puis s'avança en direction du centre de la pièce. La seule source de lumière provenait des grilles situées en hauteur. La salle était vide à l'exception d'une sphère blanche aux reflets irisés posée au sol. L'homme s'abaissa puis la ramassa :

Elle est en sale état, mais on pourra l'activer.

L'objet fissuré de part en part semblait sur le point de se briser. Adossé contre un mur, il acquiesça. Même ce simple geste lui coûtait beaucoup. Son ami s'approcha et lui agrippa l'épaule :

Tiens le coup. Je vais te sortir de là.

Son compagnon lui avait redonné espoir. Espoir qui l'avait abandonné depuis longtemps. Mais il avait peur. Si jamais, ils venaient à échouer, sa raison ne le supportera pas. Il écoutait distraitement les marmonnements de celui qui triturait la clé :

Si je me souviens bien... Comme ça... Non. Ça ne marche pas... Comme ça plutôt... Ah ! Hé hé ! C'est bon !

Le globe émit un sifflement puis se para de lumière. Il s'éleva dans les airs et projeta un rayon sur le mur en face. Le halo se propagea lentement sur la paroi pour créer un passage. Son camarade grommela :

C'est trop long.

Ce dernier s'approcha de la clé et la tapota du bout du doigt :

Aller. Dépêche. Plus vite.

Il arrêta soudain son geste, puis se redressa, alerte. Il braqua son regard sur la porte. Il jura puis intima à celui qu'il protégeait de reculer. Des bruits de pas précipités se faisaient entendre dans le couloir.

Ils arrivaient.

                                                                                 *

Le rivage était en réalité l'extrémité d'une immense falaise qui côtoyait un ciel gris dégradé, de plus en plus noir aux abords de l'horizon. La plage, irrégulière, ne longeait pas l'océan sur toute sa largeur. Comme le brouillard avalé par le gouffre, des dizaines et des dizaines de cascades silencieuses chutaient dans le vide. Le précipice semblait sans fin et la limite entre lui et le sol était dissimulée par les volutes de brume. Sans Melvin pour les avertir, nul doute que Selena serait tombée. Elle avait, encore une fois, baissé sa garde, soulagée d'en avoir fini avec le chemin sur l'eau.

Elle s'approcha avec prudence du bord et pencha la tête vers le bas. Un souffle chaud et humide lui souleva les cheveux. Elle resta quelques instants immobile, pour profiter de cet air agréable et pour scruter la vue. Il n'y avait rien de visible. Juste une couche nébuleuse sombre, située à des kilomètres en dessous de leur position. Heureusement qu'elle n'avait pas le vertige...

– C'est vraiment haut, commenta-t-elle. Je n'arrive pas à voir le fond.

Gabriel s'écria, d'une voix plus aiguë que la normale :

– Non, mais ça ne va pas ! Selena, recule immédiatement ! Tout de suite ! Et doucement !

Elle se tourna vers lui, surprise par sa réaction. Que se passait-il ? Il se tenait au plus loin du précipice, tremblotant, pâle et fixant avec horreur le ciel sans fin. Il gémit :

– Je crois que je vais retourner dire bonjour aux fantômes.

– Ne fais pas ton lâche, Gabriel, le réprimanda Elliot. Ce n'est qu'une falaise. On ne va pas te demander de sauter dans le vide.

Le Sidh - Les héritiersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant