Chapitre 13

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-Qui veut ? demanda Benjamin en tendant son joint.

Je me penchais et l'attrapais. Il était aux environs 3h du matin, nous étions toujours sur les quais de Seine. Un ami de Mekra était passé, Yoshua. Il n'était resté qu'une vingtaine de minutes mais était très sympa. Je portais le joint à ma bouche et tirais dessus. Je recrachais la fumée en l'air car si je la recrachais en bas, Monsieur Mohammed qui avait sa tête sur mes jambes se la prenait dans la tête.

-Toutes façons, l'été c'est la meilleure saison, dit Ken complètement défoncé.
-Pourquoi tu parles de l'été Ken, on était en train de parler de foot, remarqua Alpha.
-Je sais pas, j'avais envie.

Il lâcha un petit rire et Alpha se remit à parler. J'avais toujours le joint dans les mains quand Mohammed me le prit.

-Pourquoi tu me le prends ?
-Tu sais faire les soufflettes ?

Je réfléchis longuement.

-Je sais pas. Je crois pas.
-J't'explique : j'attrape le pet' entre mes dents, le filtre en dehors de la bouche. Je souffle dessus et toi t'aspires la fumée qui sort. C'est marrant à faire et j'aspire pas de beuh comme ça.
-Heu... j'suis pas sûre d'avoir tout compris mais vasy pourquoi pas.

Il plaça le joint entre ses dents et ferma la bouche dessus. Je me penchais et me plaçais au dessus de lui. Mes longs cheveux formaient comme un huit-clos autour de nous. Nous étions tellement proches que je pouvais sentir son souffle chaud. Il souffla et une fumée sortit du ter. Je m'empressais de l'aspirer.

-J'Y CROIS PAS ! cria Framal. ETHEL ET MOHAMMED ILS SE PÊCHO EN DOUCE.

Je relevais tout de suite la tête, toute rouge sans doute. Tout le monde nous fixaient. Je recrachais d'un coup la fumée que j'avais gardé jusque là.

-Mais non, dit Benjamin. Téma Ethel elle avait de la fumée dans la bouche et Moha il a le joint à l'envers dans la bouche, c'est une soufflette.
-Mais vasy, j'pensais j'avais rodave un truc de fou moi...
-N'empêche une soufflette c'est suspect...
-Mais ta gueule Mekra, t'en as déjà fait une avec moi, dit Alpha. Le gage là.
-C'est un gage c'est pas pareil.
-Pas besoin de savoir vos bails de gay, juste on s'embrassait pas, dit Mohammed en tendant le joint à Eva.
-C'est pas tout, mais je commence à être mort perso, remarqua Ken. Je propose qu'on escalade un immeuble du coin, flemme d'aller au QG.
-J'avoue, souffla Mekra. Ethel tu connais ici, y'a pas un immeuble à escalader ?
-C'est à dire à escalader ?
-Tu sais, on passe par l'escalier de secours ou par la fenêtre de derrière.

Je riais.

-Désolée les gars mais c'est pas le 15e, ici c'est des immeubles haussmaniens, le seul moyen d'y rentrer c'est par la porte.
-Font chier les riches, grommela Mohammed.
-Si vous avez la foi on marche jusqu'au 15e. Ou un prend un noctilien, proposa Benjamin.
-Ou on pousse toutes les portes d'immeuble pour voir si y'a pas un immeuble sans code.
-Perso, j'suis chaud pour pêcho un noctilien.
-J'pense à Bastille doit y'en avoir qui descende vers le 15e.

-Règle 1 : ne plus jamais écouter Ken bourré. On va marcher deux heures là, se plaignit Framal.
-Et toi du con, tu pouvais pas savoir que Montgallet c'était dans le 12e ? renchérit son frère.
-En plus c'est mon ancien quartier, j'aurais dû vous dire !
-Moi je dis, on est une bande d'incapable, c'est la dernière fois qu'on rentre d'une soirée lointaine défoncés.
-T'es sérieux Alpha ? J'suis pas défoncé moi.
-Oui mais toi tu connais pas Paris frère, bourré ou pas t'es un mauvais GPS.
-Je savais pas que pour être ami on avait besoin d'un CAP GPS maintenant.

Nous rigolâmes. Idriss, fatigué, s'appuya sur une porte pour se reposer, mais celle-ci s'ouvrit en grand et Idriss tomba. Nous partîmes tous dans un fou rire incontrôlable d'une bonne dizaine de minutes.
Une fois calmés, Eva fit une bonne remarque.

-La porte elle s'est ouverte, ça veut dire qu'on peut aller dans les escaliers ?
-Pas besoin de marcher 1h !
-Merci qui ? s'exclama Idriss tout fier.
-Ta gueule ! répondit son grand frère.

Idriss se décala et nous entrâmes un à un dans l'immeuble.

-Wallaye un génie cet enfant, en plus c'est un immeuble archi grand ! se réjouit Mohammed.
-On s'roule un bail ? proposa Ken.
-Nan gros, t'es foncedé et en plus si on se fait rodave par des voisins c'est direction le comico.
-Alpha, D.eu merci t'es intelligent, c'est un vrai bébé ce Ken, souffla Eva.
-Tu m'aimes comme ça toutes façons.
-T'as pas tort...

Il commencèrent à s'embrasser.

-Et, vous savez quoi ? On vous laisse ce palier nous on va à l'étage d'au dessus, pas besoin d'entendre vos bruits de bouche là.

Tout le monde était d'accord avec Benjamin. Nous montâmes un étage au dessus.

-Vous êtes fatigués vous ? demanda Mekra.
-Deuspi.
-Venez on parle.

Nous nous installâmes un peu plus confortablement. J'étais entre Mohammed et le mur sur les escaliers, Mekra et Benjamin étaient assis sur la marche d'en dessous et Alpha et Idriss étaient assis par terre contre le mur.
Nous commençâmes à discuter de tout et de rien. Au bout d'un moment, je sentis mes papiers devenir lourdes.
Je posais ma tête sur l'épaule de Mohammed mais ce dernier râla.

-C'est bon, t'as passé la soirée la tête sur mes jambes tu peux accepter ça.
-J'accepte que les grosses coupures et la haute couture.
-Zarma... Allez laisse moi dormir.

Il ne rajouta rien. Je sentis le sommeil me gagner tandis que les garçons parlaient de leur projet de rap.

Depuis l'adolescence \\ SNEAZZY Où les histoires vivent. Découvrez maintenant