Chapitre 4

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-Bulma ! entendais-je.

Je tournais la tête en souriant, ayant reconnu la personne qui m'a appelée. Elle était appuyée sur une barrière, sa traditionnelle clope à la bouche. Elle avait un chignon très haut, était habillée simplement. Depuis le CE2 elle n'avait quasiment jamais laissé ses cheveux lâchés, elle ne les aimait pas.

-Laïka ! m'écriais-je.

Elle arborait un grand sourire et je lui fis la bise.

-Tu dates, ça fait du bien de te voir.
-En balle.
-Il est moderne ton lycée.
-Ça change de Victor Hugo t'as vu.

Les 5 garçons arrivèrent en petite bande.

-Tu présentes pas ? demanda Framal.
-Si bien sûr. Laïka je te présente, Ken ou Nekfeu, Mohammed ou Sneazzy, Alphonse ou Alpha, Hakim ou Mekra et Idriss ou Framal.
-Enchanté, dit Mekra.
-Pourquoi vous avez tous deux noms ?
-C'est nos surnoms de rappeurs. Moi c'est Framal parce qu'à l'envers ça fait Malfrat.
-Vous rappez ! Quel style ?
-Pour l'instant c'est juste des petites improvisations, ou des clashs.
-C'est cool ça, rajouta Laïka l'air vraiment intéressée.

Il y eut un petit blanc de blanc et j'eus le temps de remarquer que Ken regardait attentivement Laïka. Je ne le connaissais pas bien, mais il avait l'air d'être un vrai dragueur.

-Vous allez où là ? demanda Mekra.
-Je sais pas du tout.
-Peut-être que je vais montrer le quartier à Laïka un peu. Et on va être seule, on a besoin de discuter je pense.
-Vasy, bah nous on va aller au skatepark, à demain Ethel et à bientôt Laïka, dit Alpha.

Nous leur fîmes la bise et nous apprêtames à partir mais Alpha m'attrapa le bras.

-Je peux avoir ton numéro ? Genre si on se supporte toute l'année autant que ça soit sur de bonnes bases.

Je fis mine de réfléchir.

-06474859**. T'as intérêt à retenir si tu le veux.

Il répéta silencieusement.

-À demain !

Il me fit un signe de la main et je me retournais.

-Il te kiffe non ?
-Archi pas meuf.
-Moi je dis y'a anguille sous roche.
-Et toi avec Chahin ?

Elle souffla un coup, ce qui était mauvais signe.

-Je crois que je l'aime plus. Ce gars c'est tellement un macho déjà, genre dès que je sors le soir sans lui c'est l'interrogatoire "Tu vas où ? Avec qui ? Tu rentres quand ?" tandis que lui c'est la fête : il peut sortir tout le temps sans moi, mais quand je lui demande où il va c'est la fin du monde. J'en peux plus de ça, et j'ai remarqué quand je l'embrasse, c'est comme si j'embrassais un inconnu quoi, je ressens rien.
-Toutes façons, tu le sais c'est mon pote mais qu'est-ce qu'il est con, je comprends tout t'inquiète. Tu vas faire quoi du coup ?
-Arrêter sans doutes. Et sinon toi ça va ?

Je haussais les épaules.

-Je pense.
-Ce qui veut dire ?
-Que dans l'ensemble non, mais parfois j'y pense plus et dans ces moments là ça va mieux.
-T'es allée le voir depuis ?
-T'es malade ! Plutôt être empaillée que d'aller le voir en...

Mon portable vibra dans ma poche, m'empêchant de continuer ma phrase. Je le sortis et regardais le message.

(De +336544282** à Ethel) :
J'ai bonne mémoire quand même

Je le renommais automatiquement dans mes contacts sous le nom d'Alpha.

(De Ethel à Alpha) :
Ca va c'était pas trop dur

-Tu parles à qui ?
-Alpha, le renoi.
-Tu l'aimes bien ?
-Ça va.
-Ils sont sympas tous ?
-À priori ouais. Juste Mohammed qui est un peu relou avec moi.
-C'est lequel Mohammed ?
-Le rebeu avec les cheveux désordonnés.
-Avec le pull trop grand ?
-Exactement.

Elle hocha la tête et jeta sa cigarette.

-Tu veux aller où ?
-J'ai faim moi !
-Comme d'habitude... T'as de l'argent ?
-Non et toi ?
-Non. On va au pakpak ?
-T'étais pas sensée arrêter les conneries Ethel ?
-Si mais c'est pas grave. 

Elle rigola et je la menais à l'épicerie.

-On fait comme d'habitude ? Ou alors t'as oublié comment faire à force de traîner avec les bobos ?

Elle me regarda de haut en bas.

-J'ai pas oublié quand même...

Je lui fis un clin d'œil et on entra dans l'épicerie. Elle se dirigea directement vers la caisse tandis que je me dirigeais vers le rayon de nourriture. L'épicerie était plutôt petite donc sans caméras de surveillance, ce qui allait me faciliter la tâche.

-Excusez moi monsieur, vous savez où il est le métro le plus proche ?
-Oui, bien sûr. Alors pour y aller...

Il se mit à expliquer et j'en profitais pour charger rapidement mon sac de gâteaux ainsi que de bonbons. Je n'attendis pas la fin de l'explication du monsieur et sortit.

-Mademoiselle !

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Je me retournais vivement, l'estomac tordu.

-Oui ?
-Je peux voir votre sac ?

Mon esprit pesa rapidement le pour et le contre. Courir ? Ou montrer mon sac ? Conneries. Mon sang ne fit qu'un tour et je me mis à courir. Laïka fit semblant de ne pas comprendre la situation et le monsieur me suivit. Heureusement que j'ai un sac à dos et des baskets, pensais-je.
Je me retournais et vit l'épicier qui malheureusement courait à une bonne allure derrière moi. Je courus à en perdre haleine dans les rues et arrivais devant un grand grillage. Le seul choix était de l'escalader, ce que je fis immédiatement. J'y arrivais sans trop de problèmes.
Une fois escaladée, je courus encore quelques mètres avant de me retourner.

-REVIENS DANS MON MAGASIN ET TU VAS VOIR ! menaça l'épicier tout rouge.

Je lui fis un clin d'œil insolent et il reprit son chemin.

(De Ethel à Laïka) :
Qu'est-ce qu'on ferait pas pour de la bouffe... j'suis pas loin, viens devant le lycée j'arrive.

Je soufflais un coup en posant mes mains sur mes genoux. Mon endurance faiblit. Faudrait que je me remette activement au sport si je veux pas finir complètement "mamiefiée". Je m'apprêtais à re escalader la barrière mais une voix m'interpella.

-Ethel ?

Depuis l'adolescence \\ SNEAZZY Où les histoires vivent. Découvrez maintenant