Chapitre 37

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-Mon deuxième nom c'est Amine.
-Quoi ?
-Mon deuxième nom c'est Amine. Mohammed Amine Khemissa.
-Il est 00h30, on est dans le métro à rentrer de boîte parce que t'es pas bien et tu me dis que tu t'appelles aussi Amine ? Sérieusement, je m'en fous. En plus Amine c'est un prénom de mec qui fument la chicha et se maquillent en orange parce qu'ils assument pas leur peau.

Il rigola et se massa les tempes.

-J'ai mal à la tête.
-C'est quoi ta merde violette ?
-Purple drink. Codéine et sprite, c'est la beuh en 20 fois plus fort.
-Je croyais que tu te defoncais pas.
-Jamais dit ça, juste je fume pas et je bois pas. Enfin je bois ce truc.
-Quand on est fragile, on se défonce pas, lançais-je agressivement. Tu vas pas prendre de la coke alors que tu tiens pas l'alcool.
-Doucement, comme dirait Ken, pour la coke j'ai le nez de Krilin. T'as compris la référence mon Mini Pouce.

Je soupirais. Évidemment que j'avais compris. Comment avec trois mots "mon Mini Pouce", il pouvait me faire oublier mon énervement envers lui ? Heureusement, les images de lui et de sa blondasse me revinrent en mémoire et me ramenèrent à la réalité.

-Ton Mini Pouce serra de retour lorsque t'arrêtas de pas la calculer et de frotter des inconnus en boite.
-T'es jalouse ?

Je soupirais. Évidemment que je l'étais, qui avait envie de voir "son" garçon plaisant frottant une inconnue ?

-Non pas du tout ! me défendais-je.
-Bah alors je colle qui je veux, ria-t-il, content de lui. T'as rien à me reprocher.
-Et pourquoi tu m'as pas parlé ?
-Mais sérieux meuf, ta tenue ! Tous les mecs veulent te ba...
-T'es jaloux ? demandais-je provocatrice.

Il me fixa quelques secondes avant de comprendre qu'il s'était prit dans son propre piège.

-C'est bon t'as gagné, grommela-t-il.

Il se massa doucement les tempes encore une fois en fermant les yeux, mais commençant à le connaître, je me doutais que c'était juste une technique pour ne pas me regarder dans les yeux.

-C'est bon j'ai fait le connard, et la fille que j'ai collée... c'était...
-Pour toi, finissais-je.
-Ouais j'avoue c'était cool, dit-il sans voir que je lui lançais un regard plus sombre que celui d'Hakim, mais de base c'était pour t'énerver. Désolé.
-Ça fait 2 fois que tu joues avec le feu Mohammed, t'es vraiment énervant.

Il voulut riposter mais les portes du métro s'ouvrirent à notre arrêt. Nous descendîmes tous les deux.

-Tu dors où ce soir ? demanda-t-il une fois à l'air libre.
-Chez moi.
-Tu veux pas dormir à la maison, j'...
-Non, chez moi c'est bien pour ce soir.

Je déposais un rapide baiser sur sa joue avant d'entrer dans mon immeuble, sans lui souhaiter bonne nuit ou au revoir. À travers la porte bientôt cassée, je l'entendis soupirer avant de continuer sa route. Je montais les escaliers, ouvrit la porte, continuais ma montée jusque dans ma chambre, sans saluer Ella ou Pierre, si un des deux étaient là, sans même passer par la cuisine. J'avais juste besoin de dormir, de me reposer et de mettre mes idées au clair, ce que je fis une dizaine de secondes plus tard.

En ce samedi matin, la lumière pénétrant à travers les rideaux mal fermés me réveilla. Mon réveil affichait 10h32, samedi 15 octobre 2007. Exactement trois semaines après la boite de nuit et deux semaines que je n'avais pas réellement parlé à Mohammed. Je lui en voulais pour son comportement de la fameuse nuit en boîte de nuit, et pour comportement en général. Il n'était jamais clair avec moi, je ne comprenais pas ce qu'il se pensait réellement entre nous deux. La semaine suivant après la boite, j'avais tenté d'être froide et distante avec lui mais il avait tellement utilisé de son numéro de charme que j'avais craqué au bout de 2 jours, facile comme je suis. Nous avions recommencé à nous parler normalement, à se voir la nuit, à parler des heures au téléphone. Puis, un vendredi soir, peut-être fort alcoolisé, après nous être embrassés pour la 3e fois, je lui avais dit que je l'aimais bien. C'était exactement ce que j'avais dit : "Je commence à bien t'aimer Mohammed", rien de plus, rien de moins. Ce dernier avait fui, littéralement. Il m'avait regardée puis s'était cassé dans le salon, avec les autres, me laissant seule, le cœur plus ouvert que d'habitude. Depuis ce soir là, je ne lui avais plus adressé la parole, à part pour des banalités scolaires. Les garçons avaient bien remarqué que quelque chose clochait entre nous mais aucun n'avait osé s'aventurer sur ce sujet. Seul Alpha, avec qui je m'étais beaucoup amicalement rapprochée, avait fait quelques allusions mais rien de plus.
Mon premier réflexe du matin, après être un peu réveillée, était de regarder mon portable.

{De Laïka à Ethel} :
Tu vois Alpha ajrdh ?

{De Ethel à Laïka} :
Ali et Alpha jcrois

{De Laïka à Ethel} :
T'aimes trop les renois

{De Ethel à Laïka} :
Mon mari sera un renoi

{De Laïka à Ethel} :
Ou un maghrébin keuss aux long doigts

{De Ethel à Laïka} :
T'es marrante toi !

Je soupirais. J'avais évidemment tout raconté à Laïka et Ali. Ces deux pensaient que je devais parler à Mohammed, et que je n'allais pas l'esquiver toute ma vie. Peut-être qu'ils avaient raison. Mais au fond, qu'est-ce que j'avais à lui dire ? Peut-être qu'il n'éprouvait pas le même genre sentiment que moi ? Peut-être que j'étais la seule, bien que nous soyons en froid, à avoir le cœur qui battait plus fort lors qu'il se trouvait dans la même pièce que moi ? Peut-être que mon sourire et mon rire ne lui manquaient pas comme les siens me manquaient ?
Beaucoup de questions sans réponses.
Il fallait une réponse, ils avaient raison. Et j'aimerais avoir ces réponses aujourd'hui.

{De Ethel à Mohammed} :
14h au banc, faut qu'on parle

Depuis l'adolescence \\ SNEAZZY Où les histoires vivent. Découvrez maintenant