Chapitre 29

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-Bon, maintenant que vous avez fini de parler, dis-je. Je vous annonce que personnellement j'ai fait ma première fois à 16 ans. Ouais ça peut paraître tôt mais vous l'avez tous faite à 13 ans donc vous n'avez pas trop votre mot à dire !
-Mini Pouce, future politicienne.
-Mini Pouce ? demanda Doums.
-Ha d'accord... Il y a déjà des petits surnoms affectifs, dit Deen en caressant sa barbe.
-Mais non c'est son nom Mini Pouce quoi. Mais c'est y a que moi qui ait le droit de dire ça.
-Pourquoi ? me demanda le malien.

Je levais les yeux au ciel en rigolant.

-Ça partage pas ses surnoms !
-Désolé Doums, fallait trouver Mini Pouce avant !
-Pas juste...

Il souffla comme un enfant de 4 ans ce qui nous fîmes rigoler. Cela faisait 30min que nous parlions et tout le monde dormait encore. Même Laïka s'était recouchée aux côtés de Samy. Je baillais un coup. La capuche de Mohammed cachait la moitié de ma tête et heureusement, car elle ne devait pas être jolie. Sacré gueule de bois... heureusement que Deen avait du Doliprane chez lui.

-Je suis en forme putain, s'exclama Doums. J'pourrais faire un jogging là !

Une lueur traversa ses yeux. Il ouvrit grand la bouche et secoua ses bras.

-Venez on fait un foot en bas du bat' !
-Ho ouais ! m'exclamais-je.
-Fausse gueule de bois...
-J'ai jamais de gueule de bois pour faire du foot.

J'eus à peine le temps de me lever de ma chaise que Doums avait déjà attrapé un ballon et m'attendait devant la porte tout sourire.

-Vous venez ?
-J'vais ranger un coup moi.
-J'arrive.

Je souris à Mohammed. Ce dernier se leva et nous descendîmes ensemble. Derrière l'immeuble de Deen se trouvait comme un terrain vague, pas très grand ni très vague mais qui était parfait pour jouer au foot.

-On fait quoi ?
-Le but du jeu c'est de prendre la balle à Ethel ok ?
-Et si on y arrive pas ?
-T'as un gage !
-Ça roule.
-Préparez vous à faire des gages les gars, dis-je en attrapant le ballon avec mon pieds.

-J'suis désolé les gars, bafouilla Doums essoufflé. Je vais mourir là.
-Alors le malien on se défile.

Il dit d'énormes yeux.

-C'est pas toi depuis tout à l'heure qui court dans tous les sens pour te piquer la balle et qui se ramasse des gages de sportifs !
-Pauvre Doums.
-Je remonte, je vais faire un arrêt cardiaque sinon.

Il s'éloigna du terrain en soufflant comme s'il avait couru un marathon.

-On dirait mon grand-père.
-Abuse pas, me dit Mohammed. Tu cours presque pas toi !
-Ha bon ?
-Ouais, j'devrais te faire courir.

Sans que je m'y attende, il se mit à courir derrière moi. Laissant la balle seule sur le terrain, je courus aussi tout droit.

-Allez Mini Pouce plus vite ! cria Mohammed.

J'éclatais de rire tout en continuant de courir. Malheureusement, il ne fallait pas oublier que j'avais bu et vomis la veille et que les 7h de sommeil avaient malgré tout été courtes, Mohammed gagnait donc rapidement du terrain.
Je tournais à chaque rue que je voyais, j'espérais que Mohammed connaissait bien Aubervilliers car nous nous éloignions de l'immeuble de Deen. Au bout d'un moment, je me retrouvais dans un cul de sac et cette fois, il n'y avait aucun moyen d'escalader un mur ou quoique ce soit. Je m'arrêtais contre le mur en me freinant avec mes bras. Mohammed arriva quelques secondes après.

-J'imagine que je vais avoir un gage ? demandais-je d'une petite voix essoufflée.
-Ça se peut.

Il se rapprocha dangereusement de moi. Il avait les joues rosées, les cheveux ébouriffés et le regard malin, ce qui ne le pouvait le rendre que beau. Lorsqu'il ne fut plus qu'à deux pas de moi, mon cœur se mit à battre beaucoup plus vite que d'habitude. C'était l'essoufflement, pensais-je.
Ha oui ? Le cœur qui bat, le ventre qui se tord et les mains moites c'est l'essoufflement ?
Son regard se perdait entre mes yeux et mes lèvres. Intérieurement, je priais pour qu'il s'attarde plus physiquement sur ces derniers. Miraculeusement, un ange du m'entendre car c'est ce qu'il fit. Il posa délicatement les siennes sur les miennes. Mon corps eut littéralement l'impression d'exploser. Il posa une main contre le mur tandis que je laissais les miennes se perdre dans ses cheveux. Il se colla un peu plus à moi, me pressant contre le mur. Nos langues ne se touchaient pas, seuls nos lèvres se rencontraient ce qui était amplement suffisant. Mohammed laissa glisser sa main de mon épaule, suivant la courbe de mon corps jusqu'à ma cuisse. Lorsqu'elle atteignit ma cuisse, il se recula délicatement.
Je fus étonnée qu'il arrête le baiser en premier.

-T'étais pas bourrée.

Je rigolais et levais les yeux au ciel.

-On est jeune on s'amuse.
-Faut rentrer, ils vont s'inquiéter.

Sans que je rajoute quelque chose, il se retourna et sortit de la ruelle. Il avança sans même m'attendre. Je soufflais et le suivis.

-Tu vas rentrer chez toi après ?
-Ouais.
-Et les autres ?
-Je sais pas, coupa-t-il presque énervé.
-Wow il mort le Mohammed.
-Arrête Ethel.

Carrément refroidie. Cela ne fit que m'énerver.

-Arrêter quoi ? J'ai rien dit.
-Tu soules.
-Soûler ? Le gars me pêcho et 30 secondes après je le soule ?
-T'as cru parce qu'on s'était pecho 2 pauvres fois on était en couple ?
-J'hallucine mon gars, j'ai dit ça quand ? C'est toi, on se pecho et tu deviens relou. Tu sais bien que ça m'énerve les gens qui font la gueule sans raison, je te l'ai dit en français.
-Tu traines 3 semaines avec nous et tu te sens plus redescends.
-T'es carrément chelou, t'as pris conscience de ça en 21 secondes pendant un baiser ?
-Ouais j'ai réalisé ça.
-T'es relou.
-Tu profites de nous.
-Tu veux vraiment jouer au plus relou ? Ok qu'on joue !

Je lançais cette phrase avant de le bousculer pour passer devant lui. Je l'entendis ricaner mais n'y portais pas attention. En 30 secondes, j'avais eu le droit au plus grand changement d'humeur du siècle.

Depuis l'adolescence \\ SNEAZZY Où les histoires vivent. Découvrez maintenant